Let Me Feel.

XXIV. Horan.

J'ai l'impression que mes tympans étouffent le bruit des enceintes pour en garder qu'un simple léger grincement qui me brise les oreilles ; si ça se trouve je me les suis péter tellement la musique est forte. Mais non, je ne sens pas de sang couler le long de mon cou... Juste mon corps de plus en plus lourd, bousculé entre un groupe de jeunes étudiants bourrés et une bande de femmes matures qui essayent de se mettre quelque chose de frais sous la dent. Puis il y à lui... Face à moi. Avec elle.

Je pouffe un peu mentalement ; il est inconscient. Il ne sait même pas que la fille avec qui il danse ressemble à un âne rasé. Franchement... Entre nous. Il aurait pu prendre quelqu'un de mieux contre qui se frotter, autre que son soit-disant petit copain.

La foule me bouscule encore, c'est bon, je m'en vais. Je me fraye un chemin comme je peux entre les corps suants et puant l'alcool ; c'est décidé, je déteste définitivement les boites de nuit. C'est rempli d'idiots. Il n'y a que ça, que ce soit au bar à se lamenter pour un amour perdu autour d'un troisième verre de whisky coca, que ce soit sur la piste de danse à croire que frétiller ses bras dans tous les sens les rendent cool, ou même ceux qui sont tirés de force jusqu'ici pour au final trouver son petit-ami dans les bras d'une autre et passer une horrible soirée.

Je suis un idiot.

Je finis par m'écrouler au sol dès que le vent frais traverse l'ouverture de la sortie de secours. Le bruit s'atténue et je peux sentir les battements de mon cœur battre contre mes tempes. J'essaye de les masser en fermant les yeux et en marmonnant des choses incompréhensibles du genre "c'est rien" "c'était qu'une amie" "puis de toute façon c'est qu'un bisou, peut-être qu'il n'y avait pas mit la langue."

Sauf qu'aux dernières nouvelles, je ne pensais pas que Harry s'intéressait aussi aux filles. Enfin... Bêtement, je pensais être la première personne à qui il s'intéressait vraiment. Mais on ne fait pas ce genre de chose aux personnes à qui on tient.

Alors c'était faux. Voilà la conclusion. Il ne m'a jamais aimé, moi non plus, c'était juste un passe-temps de quelques semaines. Ça lui est passé. Au moment où ses lèvres se sont plaqués contre celles de l'âne rasé ça lui est passé.

Je crois que c'est sûrement pas la dernière fois que ça m'arrivera, ce genre de chose. Le fait qu'une personne me déçoit, que je la déçois aussi sûrement en retour. Parce que je l'ai surement déçu. C'est pour ça que ça lui est passé.

« Hey ! Louis Tomlinson ? Le Louis Tomlinson ? »

Je lève les yeux en fronçant les sourcils. Merde, qui vient me faire chier à cette heure ci, à l'arrière d'une boite de nuit ?

« C'est moi ! Niall Horan, tu sais le mec qui parlait de Captain America en cours... Enfin... »

L'ombre glisse une main à sa nuque pour la frotter de gêne. Quand mes yeux s'habituent peu à peu aux réverbères trop illuminés, je souffle un peu. Ouais, je la reconnais la fausse tignasse blonde en face de moi.

« - Ouais, le mec qui dort avec sa mère, aussi.

Il rit timidement avant de tendre sa main vers moi. Je la prends, après un moment d'hésitation, puis me relève pour directement dépoussiérer mon jean noir.

- Ouais... Si tu veux. Même si le blondinet ça m'irait mieux.

- Alors on s'en tiendra au mec qui dort avec sa mère.

Il souffle alors que je souris sarcastiquement.

- Qu'est-ce que tu fais ici ?

- Je prends l'air, ça se voit pas ?

Je sais. Je n'ai pas à lui parler comme ça.
Je sais, il est gentil et je ne lui rends pas l'appareil. Mais c'est plus fort que moi, j'ai pas envie de parler. Ou alors seulement à Liam. Mais c'est pas mon psy, c'est mon ami. Et ça veut dire que si il doit m'écouter, je dois l'écouter en retour ; sauf que je m'en contre fou de ses histoires.

- Bah... Ouais, si. J'te paye un verre ? Il baisse les yeux, pour triturer ses doigts comme un enfant.

- Okay. Mais pas ici.

- Pas ici ? »

Il hausse les sourcils pour venir poser son regard azur dans le mien. Eh bah... Les yeux ! Mais ils ne rivalisent pas avec ceux de Harry. Ses petites prunelles vertes, dans un mélange de gris. Qu'il est beau... Avec ses boucles qui retombent sur son front quand il transpire, sa petite respiration qui se coupe, qu'il essaye de rattraper comme il peut. C'est un de mes Harry préféré ; le Harry après le sport.
Sauf que cette fois-ci, malgré sa transpiration et son souffle court, ce n'était pas lui le Harry que je préférais. Et je ne peux même pas dire que c'est celui que je détestais le plus ; comme je m'en contre fou.

Je lève les yeux au ciel en voyant que Niall ne tilt toujours pas. Quel con, franchement. Alors je prends son bras et je le tire vers la rue, pour contourner la boite de nuit et nous retrouver dans la rue principale du quartier et avancer jusqu'au premier bar qu'on croise. Et qu'est-ce qu'il parle...

Il ne fait que ça. Il parle, de sa mère, de son frère, de sa passion pour le golf. Qu'est-ce qu'il est bavard !

Mais j'écoute. C'est idiot de préférer écouter un inconnu plutôt qu'un ami comme Liam mais je l'écoute.

Je souris à quelques unes de ses anecdotes, je ris quand il grimace pour imager celles-ci, et quand il m'explique la fois où il est tombé alors qu'il était caddie d'un de ses golfeurs préférés.

Il me fait passer le temps. Quoi qu'on puisse croire, j'oublis un peu la soirée, les mauvais cocktails que j'ai goûté, la transpiration, les parfums bon marchés mélangés. Et je finis là, à trinquer une seconde bière avec Niall sous le brouhaha de fond de plusieurs hommes qui jouent au billard, ou qui regarde une rediffusion du rugby à la télé.

Et je me sens mieux.

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On se rappelle ?

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Excusez moi pour l'attente...