XII. Alerte.

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Nous y voilà, assit l'un en face de l'autre dans ce bistrot où je prend souvent mon thé, en terrasse.

L'intérieur est beaucoup plus sombre que je ne l'aurais imaginé. Des tons bruns, ou plutôt café, voir chocolat. Je ne m'y connais pas en déco. Des tons doux et brutes en même temps, en tout cas.

Et malgré les grandes fenêtres le long du mur de l'entrée, les seules sources de lumière importante ne se résument qu'aux lustres en faux cristal qui pendouillent au dessus de nos têtes.

Il me regarde. Je le sais, je le sens. Je sens son regard peser sur moi et me détailler, comme je détaille la pièce. Et je me sens mal à l'aise, de savoir qu'il me dévisage comme ça. Alors je grimace légèrement en passant ma main sur ma nuque, sous le col de ma veste en jean molletonné.

« La gêne.»

Wow, ça faisait un bail ça. Je pense que ça doit surement faire partie des règles qu'il s'est imposé dans ce fichu défi. Et même si ça m'agace, et que ça m'agacera toujours autant, va falloir que je m'y fasse. Alors je grommèle simplement entre mes dents en le regardant distraitement. Et il sourit, d'un léger sourire qui ne fait ressortir qu'une seule fossette, et joue avec la serviette de mauvaise qualité en papier sur son côté de table. On dirait qu'il essaye de faire des origamis.

« - Tu t'y prends mal.

- C'est pas comme-ci je savais en faire, en même temps.

- Et tu aimerais ?

- Apprends-moi.»

Il me regarde dans les yeux. J'ai l'impression que son seul but c'est de me déstabiliser quand il me regarde comme ça. Comme ci c'était aussi simple.

On aurait presque l'impression de voir un couple, l'un en face de l'autre autour d'une table à se raconter sa journée en se glissant quelques mots doux entre la récitation de son emploi du temps du jour. Mais non, c'est pas nous ça. Et ça ne le sera jamais. Tout simplement pour commencer, que nous, nous ne nous aimons pas.

Je prend ma serviette et la plis quelques fois pour que celle-ci se finisse en cygne froissé, à cause de la mauvaise qualité du papier. Au début il me regarde hébété puis il finit par essayer à son tour. Il râle, plusieurs fois, et demande d'autres serviettes au serveur qui nous apporte nos plats. Et c'est seulement au dessert, quand j'apporte une énième fois ma longue cuillère jusqu'à mes lèvres qu'il se met à gigoter comme un enfant alors que ma glace à la vanille me glisse maintenant, doucement dans la gorge.

« - Lou ! Lou ! J'ai réussis !

Je baisse simplement les yeux vers la serviette qu'il me montre, et souris. Un sourire attendrit, comme on fait généralement aux enfants lorsqu'ils nous montrent leurs dessins, fiers d'eux-même.

- C'était pas si difficile, tu vois.

- M'ouais... T'aurais pu m'aider quand même.

- Je t'ai soutenu moralement, c'est déjà beaucoup.

Il regarde un petit moment son cygne avant de remonter les yeux vers moi.

- Alors merci.»

Il me rend un sourire qui découvre ses deux fossettes, cette fois-ci. Un sourire sincère voire assez agréable. Et c'est en pensant ça que je commence à avoir peur d'être comme je suis simplement par manque d'attention. J'ai peur qu'il suffirait simplement d'un homme obstiné comme Harry qui se pointe dans ma vie, pour que je deviens directement fébrile et crédule. J'ai peur qu'il me change en quelqu'un que je ne suis pas, et que surtout, je ne veux pas être.

On finit le repas et c'est lui qui paye. Il insiste et à vrai dire je n'ai pas eu tant à répliquer, je n'avais pas un sous en poche.

Je ne l'ai plus revu de la journée. Ni même de la semaine. Il y a des fois comme ça où... Il se volatilise. Quelques temps. Et c'est pas comme-ci j'allais lui envoyer de multiples messages jusqu'à l'harceler. Alors je l'attend. Il revient toujours. C'est comme un chat, ils sont indépendants mais reviennent toujours lorsqu'ils partent vagabonder dans les rues un certains temps. Harry est un chat. Ou plutôt un chaton, avec ses fossettes. Harry est un chaton.

Et c'est ce même chaton qui m'a appelé, aux alentours d'une heure du matin, la voix brisée. Et cette fois-ci si il en aurait eu le cœur, il aurait très bien pu me dire "l'inquiétude" et je ne l'aurais pas reprit.

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Sauf qu'un chaton, ça a le besoin de faire ses griffes.

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Hey ! J'espère que vous appréciez toujours autant la fiction malgré le temps énormément long que je met pour poster mes chapitres... D'ailleurs j'en suis grandement désolé !

Vous verrez que dans le chapitre suivant... On passera bel et bien aux choses sérieuses. ENFIN !

Let Me Feel.Where stories live. Discover now