9 - The house

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- Je suis trop contente ! jacassa la belle blonde, me fendant presque les tympans avec sa voix aigüe.

Je ris discrètement, plaçant mon index sur mes lèvres pour lui dire de se taire.

- Kelly calme toi ! Harvey va descendre d'une minute à l'autre si tu continues de crier, raillai-je.

- Je suis désolée, c'est juste que je suis heureuse pour toi !

- Il y a d'autre façon pour exprimer sa joie, dis-je me moquant ouvertement de ses petits cris perçants.

- Comment fais-tu pour rester si impartiale ? June, tu sors avec Harry Styles !

Je fronçai subitement les sourcils face aux absurdités que Kelly continuait d'énoncer. Elle semblait beaucoup plus excitée que moi à l'idée même que je fréquente Harry. Je levai les yeux au ciel et soufflai.

- Je ne sors pas avec lui, Kelly, protestai-je d'un ton plus ferme.

Elle s'emballait dès que je lui parlais d'Harry et je ne voulais pas que ses espoirs grimpent trop vite. Je ne sortais pas avec Harry, je le côtoyais. Contenir la croissance de mes sentiments envers lui était une tâche difficile, et briser les espoirs de Kelly m'aidait pour, en parallèle, éradiquer les miens. Je savais pertinemment que je ne pouvais pas laisser mon esprit divaguer au sujet d'Harry. Je voulais garder le contrôle le plus longtemps possible. C'était une façon de me protéger bien que je doutais de la pérennité de ma maîtrise.

La blonde souffla si fortement que je sentis mes cheveux s'envoler. Je levai à nouveau les yeux au ciel, elle était incorrigible. Elle avait tiré de fausses conclusions de ce que je lui avais raconté à propos de samedi. Son esprit modifiait instantanément mes paroles, comme dans un téléphone arabe. Au final, elle entendait ce qu'elle voulait entendre. Je lui avais simplement dit qu'Harry et moi avions déjeuné ensemble samedi et que depuis, nous échangions quelques messages. Car oui, Harry avait fait un effort de côté là. Je me réjouissais à chaque fois que mon téléphone vibrait, et maintenant c'était Kelly qui me blâmait de passer trop de temps sur mon portable. 

Elle boudait légèrement après ma réponse ferme. Elle partit, étant donné que le magasin avait fermé et que j'étais chargée de rester. Je riais rien qu'à voir sa bouille d'enfant vexé. Peu de temps après, Harvey emprunta également la sortie, ressassant encore les mêmes consignes que d'habitude. Je me retrouvai seule dans le magasin et comme à mon habitude, j'allumai la chaîne Hi-fi.

Je me mis à danser dans les rayons, replaçant les articles à leur place. Je sentais mon cœur léger et mon esprit lourd. J'étais heureuse d'aimer à nouveau mais des milliers de doutes planaient au-dessus de moi. Si j'étais raisonnable, je ne connaissais pas suffisamment Harry pour m'y attacher. Cependant je n'étais pas raisonnable, et je n'étais pas maîtresse de mes sentiments. Ils naviguaient à leur guise et leur liberté m'effrayait. J'avais peur qu'ils s'attachent à la mauvaise personne, qu'ils me fassent souffrir. Et j'essayais tant bien que mal de les repousser mais tout allait beaucoup trop vite. Je devais tenir bon, ne pas perdre le contrôle et sombrer dans la folie amoureuse.

Mon téléphone vibra dans ma poche arrière et je le retirai rapidement de ma poche. Je souris, voyant le nom d'Harry inscrit sur mon écran. J'ouvris son message et le lus avec attention. Un frisson parcourut mon échine, me demandant bien ce que ces mots pouvaient signifier. J'haussai ensuite les épaules et rangeai mon téléphone. Harry avait dû se tromper.

Comme à mon habitude, je me rendis dans le rayon frais et pris, cette fois-ci, une salade toute faite. Je retournai à ma caisse tandis que ma tête se balançait de gauche à droite au rythme de la musique, un sourire plaqué sur mon visage. J'aimais les petites habitudes que j'entretenais depuis deux ans. Mon patron avait beau être désagréable, j'étais attachée à cette petite supérette. J'avais pu y rencontrer Kelly, et venir au travail tous les jours m'avait aidé à ne pas penser à Mia. Après sa mort, je n'avais pas pris de congé. Il fallait que je sorte de mon appartement mortuaire et je ne devais pas perdre de temps pour rembourser mes dettes. Il me restait aujourd'hui près de dix milles dollars à fournir à la banque. Je voulais continuer mes études qui me passionnaient tant, et que j'avais arrêté depuis deux ans pour ma sœur, mais je devais d'abord rembourser mon crédit. Je voulais le faire le plus rapidement possible, alors quitte à travailler tous les jours, j'avais fait le choix de trouver un deuxième emploi. Si mes prévisions étaient bonnes j'aurai fini de payer mon emprunt en fin d'année. Alors, pour le moment, je me satisfaisais de peu, des habitudes que j'avais prise au fil du temps, comme manger mon repas en écoutant de la musique les soirs de fermeture. Ce petite train quotidien me réjouissait, finalement. 

FALLING [h.s]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant