FALLING [h.s]

17 - Choice

Assise en tailleur sur la chaise qui avait tant supporté mon chagrin, mes yeux fixaient mon téléphone, posé sur le lit de Mia. Le chemin de mes larmes était sec mais je pouvais encore le ressentir sur la peau de mes joues. Je clignais à peine des yeux, mon esprit était embrouillé. J'étais complètement égarée suite au retour d'Harry et je n'avais trouvé d'autre refuge que la chambre de Mia. Je pensais peut-être qu'elle allait m'aider à prendre une décision.

Ce lundi soir, après avoir passé plusieurs heures assises sur cette chaise, je revenais toujours au point de départ. Rien ne faisait pencher la balance. Ma vie passée, ma vie future, Mia ou Harry, aucun des deux ne savaient me séduire plus que l'autre. Trois jours s'étaient écoulés depuis que je l'avais revu, depuis qu'il m'avait demandé de vivre avec lui, depuis que je l'avais embrassé. Il me manquait, inévitablement, et je me haïssais pour cela alors qu'il m'avait jeté un énorme dilemme sur les épaules. Je ne pouvais m'empêcher de penser à notre premier baiser. Intense était un mot qui pouvait le qualifier, autant physiquement que mentalement. Et je devais décider s'il s'agissait d'un baiser d'adieu ou de bienvenue.

Je ne cessais de me remémorer la phrase que m'avait dit Harry à propos de l'intuition. Mais je ne savais même pas ce qu'elle me conseillait, elle ne daignait faire pencher la balance, elle non plus. Je soupirai et courbai mon dos, m'approchant du téléphone. J'avais cette idée qui trottait dans mon esprit. Puisque je n'arrivai pas à faire un choix, j'avais la possibilité de ne pas en faire, de trouver un juste milieu, une situation plus ou moins confortable. Mais il allait falloir que je me montre ferme et déterminée, ce que je n'avais pas pour habitude d'être.

Cela faisait trois jours que je réfléchissais jour et nuit, et si aucune autre solution ne m'était venue, c'était qu'il n'y en avait pas d'autre. J'avais de forts sentiments pour Harry. Il était dans ma vie depuis un mois et demi, et me faisait énormément de bien. Il m'apportait cette énergie, cette joie qui me manquait depuis que Mia n'était plus là, et je savais que j'avais besoin de lui. Mais ce besoin méritait-il de démissionner, de déménager, de tout laisser derrière moi ? Harry me demandait d'entamer une nouvelle vie à ses côtés mais en étais-je capable ? Je savais que j'allais être heureuse avec lui, et je voulais accomplir un long chemin de ma vie en tenant sa main. Mais si un jour il ne voulait plus de moi ? Si un jour on se séparait ? Je n'aurais plus rien, j'aurais déjà tout abandonné pour lui. Je ne pouvais pas prendre ce risque, le risque de me retrouver seule pour être avec lui. 

Je saisis soudainement mon téléphone et mes doigts tapèrent sur l'écran jusqu'à ce qu'un bip sonore retentisse dans mon oreille. Je fronçai les sourcils, je devais me convaincre moi-même de la solidité de ma décision. Je n'eus le temps de préparer davantage ma conscience qu'il décrocha. Il devait certainement attendre mon appel depuis trois jours maintenant. Je ne lui avais donné aucun signe de vie.

- Allô ?

Sa voix retentissant à travers le combiné me fit frissonner. Il fallait que je sois crédible. Je ne devais pas laisser mes émotions parler.

- Salut Harry, répondis-je avec un ton inflexible.

- Salut, as-tu pris ta décision ? demanda-t-il précipitamment.

J'étais surprise du peu de tact qu'il détenait, un "comment vas-tu" aurait été le bienvenu. Cependant je pus sentir dans sa voix que le fameux choix l'avait beaucoup travaillé ses derniers jours, comme moi.

- Oui.

Son souffle s'abattit dans le creux de mon oreille, je le sentais stressé. Bien sûr, il s'agissait d'un choix très difficile pour moi mais il l'était aussi pour Harry. En me l'annonçant, il prenait le risque de me perdre. N'importe qui aurait pu fuir face à une telle annonce au bout d'un seul mois. Mais j'étais encore là, à me poser des questions. Harry savait ce qu'il faisait, d'un côté. Il savait que je n'allais pas lui donner un non catégorique, que j'allais réfléchir, que j'allais hésiter. Et d'un autre côté, il n'avait pas la garantie que j'accepterais.