14 - Sleepy

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Il était près de vingt-deux heures, et il ne m'avait toujours pas appelé. Je me posai mille questions, Harry m'ayant promis de m'appeler ce soir. J'étais allongée dans mon lit, mes mains tenant mon téléphone contre ma poitrine, le regard fixé sur le plafond blanc. La fenêtre ouverte laissait le vent frais s'immiscer dans le salon, et les bourdonnements de la rue me relaxaient, étrangement.

Je soupirai et regardai régulièrement l'heure, parfois dans la même minute. Je pensais qu'une fois Harry partit, Mia serait revenue hanter mon esprit, mais lui seul prenait possession de mes pensées à cet instant. 

"Et bien tu ne m'as pas envoyé de message non plus, à ce que je sache."

Telle une balle, ce souvenir vint transpercer mon esprit. Je me souvins de cette fois où Harry m'avait dit cela après que je lui avais demandé pourquoi il ne m'avait pas envoyé de message. Je réalisai que j'en attendais beaucoup d'Harry, mais que je lui offrais peu. Il était vrai, c'était lui qui m'appelait, lui qui se déplaçait pour me voir, lui qui proposait des activités, et j'étais celle qui exigeait toujours plus. Je me maudissais intérieurement en me rendant compte qu'à l'évidence, je ne montrais que peu d'intérêt à Harry. Mais s'il savait, s'il savait à quel point j'étais déjà attachée à lui. Comment pouvais-je douter de son affection envers moi avec tous les efforts qu'il faisait ? Et comment pouvais-je lui montrer si peu mon attachement alors que j'étais la plus mordue d'entre nous ?

Comme une prise de conscience, je saisis mon téléphone et arrivai rapidement sur le contact d'Harry. Je me sentais coupable à l'idée même qu'il pense que je ne lui portais aucun intérêt. Je plaçai le portable contre mon oreille et le bip sonore se répéta. Mes yeux naviguaient dans le vide, le temps passait, mon angoisse s'amplifiait. Alors que je pensais qu'il ne répondrait pas, j'entendis son souffle à travers le combiné.

- Mmh allô ?

Mes yeux s'écarquillèrent soudainement, il détenait une voix que je ne reconnaissais pas. Elle était beaucoup plus grave que d'habitude et il articulait à peine ses mots. Je mordillai vivement ma lèvre inférieure et tout un tas de questions se chamboulèrent dans mon esprit.

- Harry ? dis-je timidement.

Je l'entendis bouger en soupirant et je fronçai les sourcils. Je déglutis difficilement et resserrai mes doigts autour du téléphone. J'éclaircis ma voix et inspirai profondément. Un incontrôlable stress grimpait en moi.

- Je te dérange ? poursuivis-je.

Un petit rire des plus adorables se glissa au creux de mon oreille et je me redressai afin de m'assoir sur mon lit.

- Je dormais, confia-t-il en riant de mon embarras.

Ses mots percutèrent mon esprit un à un, et je réalisai qu'entre Londres et Los Angeles, il y avait un décalage horaire. Un "merde" s'échappa de mes lèvres et je plaquais aussitôt ma main contre ma bouche. Cela me paraissait étrange de dire ce genre de mot avec Harry. Il se moqua de moi à travers le combiné et je souris inconsciemment. Son rire engendrait des frissons dans le bas de mon ventre.

- Je suis désolée, dis-je en essayant de ne pas rire. Il est quelle heure là-bas ?

- Mmh, presque six heures.

Moi-même amusée par ma maladresse, je ne pus me retenir plus longtemps et éclatai de rire. Après avoir passé un an sans réellement ressentir du pur bonheur, j'avais oublié la sensation de rire avec sincérité. Je me sentais beaucoup plus légère et Harry ne se doutait pas un seul instant du bien qu'il me faisait. Dans mon esprit, j'imaginai le visage endormi, les boucles désordonnées d'Harry se mouvoir avec ses rires, et des papillons volaient à l'intérieur de mon ventre à cette pensée. 

FALLING [h.s]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant