23 - A lot

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Harry Styles

Deux semaines, voilà ce qui était parti en fumée. Le temps avançait rapidement, mais les journées étaient longues. Le lendemain de notre soirée à la plage, nous étions allés rembourser les dettes de June. C'était quelque chose qui me tenait particulièrement à cœur : qu'elle soit libre. Ces dettes qu'elle avait contracté pour sauver sa sœur l'avait empêcher de vivre décemment pendant plus d'un an. Elle avait travaillé, autant qu'elle le pouvait, sans aucun répit pour se remettre de la mort de sa sœur.

Elle avait refusé mon argent mais elle avait aussi vu que j'y tenais. Et pour cette raison, elle m'avait laisser l'aider. June détenait parfois trop de fierté et préférait s'en sortir seule que de se faire aider. Mais je ne pouvais pas lui en vouloir, j'étais pareil. Simplement je croyais que ma fierté était due à mon orgueil, la sienne était due à la peur de déranger les autres. Elle était si pur, incapable de causer du tord. Et pour cela elle m'était si précieuse, elle m'aidait à avoir foi en ce qui m'avait détruit par le passé.

Cela faisait deux semaines qu'elle partageait ma vie à temps plein. Je travaillais tous les jours, j'élaborais mes projets, je partais à l'aube et revenais au coucher du soleil. Je me sentais coupable de la laisser seule, j'avais peur qu'elle s'en aille. Mais elle semblait tout simplement heureuse pour moi, de voir que je m'investissais à nouveau dans la musique. Par ma faute, notre relation n'avançait pas réellement, les seuls moments que nous partagions étaient le petit déjeuner et le souper. Mais June semblait les savourer avec la plus grande des joies. Ma conscience me hurlait que je ne la méritais pas, que je n'étais pas suffisamment bon pour la combler. Elle était trop précieuse, trop inédite pour moi, et pour le monde qui l'entourait.

Chaque fois que je faisais un pas hors de la maison, j'avais la sensation de piétiner sa bonté. Je marchais dessus depuis deux semaines, où était sa limite ? Quand allait-elle exploser ? J'en avais peur. Mais mes projets prenaient beaucoup de temps, et j'avais l'impression de la trahir peu à peu. Il était impossible de décrire ce qu'elle me faisait ressentir. Elle avait toujours un merveilleux sourire sur ses lèvres, si bien que je n'arrivais même plus à savoir si elle était réellement heureuse. Elle se réjouissait tout le temps de ce qui m'arrivait, mais que faisait-elle, elle ? Qu'est-ce qui lui arrivait lorsque je n'étais pas là ? 

Elle me disait qu'elle allait souvent se promener, faire les courses, qu'elle lisait, bronzait, qu'elle essayait d'apprendre à jouer du piano, toujours seule. Je voulais lui apprendre, l'aider à porter les sacs de courses, lui montrer les plus beaux endroits que je connaissais. Je voulais à tout prix que tous ces souvenirs qu'elle se forgeait soient rattachés à moi. Mais je ne trouvais plus d'équilibre entre ma vie professionnelle et personnelle. Il fallait que j'arrange les choses, ou j'allais la perdre.

La porte claqua derrière moi alors que je rentrai, une fois de plus, au chevet du jour. Je soupirai, des cernes marquées sous mes yeux, et ne pensai qu'à la voir. Comme à mon habitude, je me dirigeai vers le jardin, où je la retrouvais la plupart du temps. Elle appréciait particulièrement la vue et passait ses soirées à observer le soleil disparaitre. Je m'en voulais de ne pas partager tous ces moments avec elle.

Mes pas retentissaient dans les grandes pièces de la maison alors que je m'approchai de l'extérieur. Je passai la baie vitrée et je l'aperçus aussitôt. Je marquai un arrêt, admirant cette vue qui paraissait irréelle, hors du temps. Elle était assise, dos à moi, sur le banc de la table en bois clair. Ses boucles brunes tombaient jusqu'au milieu de son dos et le soleil qui passait au travers leur donnait des reflets roux. Elle était en tailleur, repliée sur elle-même, légèrement courbé vers l'avant.

Mes paupières chutèrent et je pus presque percevoir son souffle à travers le bruit des vagues, son parfum à travers l'odeur salée de la mer. Une sensation étrange traversa mon corps, crispa mon estomac. Combien de temps allais-je encore la voir ici ? Assise si innocemment ? Je l'avais privé de tout et voilà que je n'étais même pas là pour elle. Combien de temps cela allait durer ?

FALLING [h.s]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant