16 - Dilemma

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- À lundi June ! s'exclama Kelly en passant les portes automatiques.

- Bon week-end !

Les portes se refermèrent derrière elle, me laissant définitivement seule dans l'échoppe. Mon regard perdu joncha les alentours et je soupirai. J'étais dépourvue de force et de motivation depuis ce matin. Je n'avais pas le cœur à grand chose et diverses pensées déprimantes traversaient mon esprit, empirant les choses.

Le soleil se couchait à l'horizon, clôturant cette journée du vendredi. Harry n'avait pas pu rentrer la veille, encore trop occupé, certainement. Ces trois jours avaient été longs et ennuyeux. Je me rendais compte qu'il s'agissait de mon ancien quotidien et cela me déprimait de voir à quel point ma vie avait été lamentable. Je ne savais même pas quand est-ce qu'Harry allait rentrer car il ne m'avait pas appelé pour m'en informer, tel que je lui avais demandé. 

Je me levai et marchai nonchalamment vers le rayon frais. Je saisis au hasard un sandwich, le goût ne me préoccupant que peu, et me redirigeai vers ma caisse. Mes muscles se tendirent et je resserrai mon gilet au tissu doux autour de moi, refroidie par les réfrigérateurs. Je m'affalai finalement sur ma chaise roulante et entamai mon en-cas. Je n'avais pas envie d'écouter la radio, je voulais ressentir la solitude qui me guettait et me satisfaire du calme plat.

Je me rendais compte que ma vie tournait déjà beaucoup autour d'Harry. Cela faisait un peu plus d'un mois que je le côtoyais régulièrement et il était devenu mon centre d'intérêt. Cette dépendance rapide et incontrôlée, je l'expliquai seulement par le fait que ma vie avant lui était vide, sombre et mélancolique. Harry m'offrait une vie qui constituait l'antithèse de celle-ci, et je ne pouvais la répudier. 

Mes yeux naviguaient dans le vide, je tournai en rond sur ma chaise et morcelai de temps à autre mon pauvre sandwich. J'entendis soudainement les portes automatiques s'ouvrir et je levai précipitamment les yeux. Mon regard rencontra le sien et je suivais sa démarche. Kelly courut vers la loge, un sourire embarrassé sur son visage. Je fronçai les sourcils et quelques secondes plus tard, elle ressorti de la pièce une veste à la main.

- J'avais oublié ça, dit-elle essoufflée. Bon week-end June !

Et sans que je n'eus le temps de répondre, elle disparu dans les tons orangés du ciel. Je me laissai tomber sur le dossier de ma chaise et soupirai, mon souffle ayant été coupé par sa course folle. Je ris faiblement en repensant à son visage paniqué, puis je recommençai à dévorer mon sandwich.

Après avoir rangé les rayons et mangé mon repas, je me dirigeai à nouveau vers ma caisse. Je regardai rapidement l'heure sur l'ordinateur et soufflai profondément. Les rayons avaient été mis en désordre total et cela m'avait pris plus d'une heure pour tout remettre en place. Il était presque vingt et une heure trente et je n'avais qu'une seule hâte, rentrer chez moi. Je filai vers la loge et rassemblai mes affaires. Avec espoir, je jetai un coup d'œil à mon téléphone pour voir si Harry avait donné un signe de vie, mais ce ne fut pas le cas.

Mes épaules tombèrent alors que je soupirai, ce que j'avais visiblement fait toute la journée. Je fourrai mon téléphone dans mon sac et passai la hanse sur mon épaule. Je sortais de la loge et refermai la porte derrière moi. C'était le week-end, mais moi je ne pouvais pas me reposer, je travaillais encore et encore, tous les jours. J'étais épuisée, à bout de nerfs, et l'absence d'Harry n'arrangeait pas les choses. Ma gorge était constamment serrée et je sentais que je pouvais craquer à n'importe quel instant.

Je reniflai et relevai la tête afin de sortir de ma caisse mais mes pieds butèrent contre le sol. Ma mâchoire tomba et je sentais mes larmes monter pour aucune raison valable, j'étais simplement à fleur de peau. Mon souffle se coupa, je ne savais plus quoi faire. Ses yeux verts si lumineux étaient braqués sur moi, m'apportant un regard bienveillant. Ses boucles brunes étaient soigneusement coiffées, mais quelques mèches semblaient se rebeller devant son front. Ses dents mordillaient sa lèvre inférieure, rosée et charnue, il paraissait anxieux. Il était tellement beau, tout droit sorti d'un rêve dont je ne voulais jamais me réveiller.

FALLING [h.s]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant