2 - His friend

509 19 30
                                    

Cela devait faire cinq minutes qu'ils étaient partis et je n'avais pas su décrocher mon regard de la direction qu'ils avaient pris. Son visage était toujours encré dans ma rétine. Je ne saurais expliquer pourquoi il m'avait si facilement et profondément chamboulé. Ses yeux verts, ses lèvres pulpeuses, ses cheveux bouclés. Cette association sur son visage était particulièrement désarmante, m'empêchant de ne penser à autre chose qu'à lui, l'inconnu qui avait passé les portes de l'hôtel complètement ivre. Comment un étranger pouvait-il me faire sentir si faible en un seul regard, en un seul souffle ? D'autant plus s'il était ivre ? Je me sentais honteuse. Embarrassée par mes propres émotions. Un tel engouement se produisait dans mon esprit autour d'une personne qui ne se souviendrai sans doute jamais de moi. J'étais stupide.

J'abaissai mon regard, parvenant enfin à le dénouer du couloir dépeuplé. Je déglutis en passant l'une de mes mèches brunes derrière mon oreille. Un soupire profond vida l'entièreté de mes poumons. Mon regard fut attiré par le paquet de cigarettes posé au coin de mon bureau. Je capturai délicatement ma lèvre inférieure entre mes dents. Je ne disposai que de ce moyen pour me libérer de l'emprise qu'avait son visage sur mon être. Je saisis le paquet et m'emparai d'une cigarette ainsi que du briquet qui l'accompagnait. Je replaçai correctement ma jupe étant froissée par les longues heures que j'avais passé assise et me dirigeai vers la sortie. Je vérifiai qu'il n'y ait personne dans le hall et poussai l'une des grandes portes de verre. Le vent crépusculaire rencontra mes cheveux, les faisant voltiger dans les airs. Je me plaçai sur le côté de l'entrée et emprisonnai la cigarette du bout de mes lèvres. Je la couvris avec ma main et embrasai la tige de nicotine à l'aide du feu. J'inoculai profondément la toxine, la conservant quelques instants dans mes poumons. Je scellai mes paupières, jouissant des bienfaits que me procurait cette sensation.

Fermer les yeux n'était peut-être pas la meilleure solution. Voilà qu'il réapparaissait. Harry. Je n'osais pas prononcer son nom, pas même dans mon esprit. On ne formule le nom de quelqu'un que lorsque l'on le connait. Or il n'était qu'un inconnu, même si son visage m'était familier compte tenu du temps que j'avais passé à en épier chaque détail. Je laissai la fumée s'échapper de mes poumons de manière lente. Il ne restera sans doute qu'un inconnu à mes yeux. Un inconnu déconcertant. Et je ne serais rien à ses yeux. Pas même un faible souvenir.

Le bruit de la fermeture d'une des portes retentit, dissipant mes pensées, et induisant l'ouverture de mes yeux. Le jeune homme qui accompagnait Mr Styles apparut dans mon champ de vision. Ses yeux bleus se plongèrent dans les miens. Ils paraissaient si clairs malgré l'obscurité que je m'y noyais. À sa démarche, je pus rapidement deviner qu'il n'était pas si ivre que ça et que seul son acolyte était dans un état déplorable. Il m'adressa un léger sourire charmeur, que je lui rendis, et saisit son paquet de cigarettes logé dans la poche arrière de son jean. Je scrutai chacun de ses gestes, jusqu'à l'allumage de sa clope. Il inhala la fumée et s'empara de la cigarette en la plaçant entre son index et son majeur. Il reporta finalement son attention sur moi avec ce même sourire. J'inclinai légèrement mon regard, m'apercevant que je n'avais pas cessé de l'épier. 

- Je m'appelle Louis, enchanté, révéla le brun aux yeux bleus.

Mes yeux s'écarquillèrent. Je ne m'attendais pas à ce qu'il m'adresse la parole. Mon cœur s'emballa inconsciemment et je sentis mes joues prendre une teinte écarlate. J'étais plutôt timide et ce genre de situation ne m'arrivait presque jamais, du moins, j'essayais de l'éviter. J'avalai discrètement ma salive, tentant d'avaler ma timidité avec elle. Je rencontrai à nouveau son regard cristallisant et il haussa un sourcil, m'indiquant qu'il languissait de connaître mon prénom. Son air sûr de lui me faisait lestement tressailler.

- Je... Je m'appelle June, balbutiai-je.

Je mordillai ma lèvre inférieure, honteuse de la réponse bancale que je lui avais échangé. J'inspirai rapidement la nicotine pour me sentir plus détendue.

FALLING [h.s]Where stories live. Discover now