12 - Dream

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Ma poitrine se soulevait lentement, j'étais apaisée. Les bras le long de mon corps, ma main effleurait celle d'Harry. L'air marin caressait nos chevelures brunes et rafraîchissait doucement nos visages. Mes yeux contemplaient le ciel sombre parsemé d'étoiles. Le bruit des vagues s'échouant sur le sable résonnait contre la falaise. Je m'étais rarement sentie aussi légère qu'à cet instant. 

Nous avions recouvert l'herbe verdoyante d'un drap blanc afin d'observer les étoiles. Harry m'avait dit qu'il s'agissait de quelque chose qu'il faisait régulièrement, et j'étais heureuse de partager ce moment avec lui. Dans mon esprit, tout se chamboulait. Je ne pensais qu'à lui, mes sentiments s'amplifiaient un peu plus chaque seconde. Une part de moi me hurlait de partir avant qu'il ne soit trop tard, et l'autre me chuchotait de rester à ses côtés. À l'extérieur, aucune voix n'était audible. Seul son souffle lent et reposé éreintait le silence que nous avions instauré.

Nos regards étaient plongés dans l'immensité noire, et je pouvais entendre ses pensées se battre en lui comme les miennes le faisaient en moi. Si Harry n'était pas là, si sa main ne touchait pas la mienne, j'aurais cru être dans un rêve. Lui, moi, allongés dans l'herbe à regarder les étoiles comme si l'obscurité que produisait le ciel mélancolique ne pouvait nous atteindre. J'avais du mal à réaliser que je me tenais à ses côtés, celui qui m'avait plu dès la première fois où je l'avais vu. Cette situation pourtant si belle me donnait envie de verser quelques larmes de nostalgie. Je ne voulais pas que cela s'arrête, j'avais peur que tout s'arrête. 

- Pourquoi connaissais-tu si bien ces paroles ?

Son timbre de voix grave et calme résonna dans mes tympans, je l'aimais tellement. Je sentis son regard se poser sur moi tandis qu'une boule se forma dans ma gorge. Je tournai la tête et retrouvai son doux visage à peine éclairé. Le parfum de mes cheveux dispersés sur le drap me parvint rapidement et mes yeux se mirent à détailler les traits de son visage. Il semblait sérieux, concerné par sa demande et j'étais perdue quand à la réponse que j'allais lui donner, car elle évoquait Mia. Il s'était confié à moi sur son passé. Pourquoi pas moi ? 

Je n'avais pas parlé de Mia depuis de nombreux mois. Je ne le pouvais pas, la douleur était trop grande. Mais un jour ou l'autre, j'allais devoir passer le cap, achever mon deuil. J'avais constamment peur de parler d'elle, d'avancer sans elle. Harry était une belle personne, ce genre de personne que vous ne rencontrez pas souvent, ce genre que personne que Mia était. Il était certainement la personne qui pouvait m'accompagner, qui pouvait m'aider à franchir le pas. Je devais lui accorder ma confiance. Le dos de sa main toucha plus fermement le mien et je me rendis compte du temps que je prenais à répondre.

- C'est grâce à ma sœur, elle écoutait tout le temps vos chansons.

Mon cœur se comprimait de plus en plus fort dans ma poitrine, m'infligeant une douleur dévastatrice. J'appréhendais énormément la suite de cette discussion, ne sachant pas si j'étais capable de l'affronter. 

- Tu as une sœur ? Elle s'appelle comment ? demanda-t-il affectueusement.

- Elle s'appelait Mia.

Ma voix se brisa sur son prénom et je tentai de repousser les larmes qui gagnaient mes yeux. Je sentis une douleur effroyable me torturer le ventre, comme si je me consumais. Harry comprit tout de suite mais aucune réaction n'était lisible sur son visage. Doucement, sa main chaude chercha la mienne. Sa peau si douce apaisa toute cette douleur. La pilosité de mon avant-bras s'hérissa aussitôt, et ses doigts finirent par enlacer les miens. Ses yeux ne quittèrent pas un seul instant mon visage, il restait brave face à moi. Il serra fortement son emprise autour de ma main et je crus m'effondrer. Sans prononcer un mot, il réussissait à me réconforter. Je tentai de ravaler mes sanglots mais combattre ma tristesse m'était dur. Plusieurs minutes passèrent sans qu'Harry ne dise un mot. Seule la mer troublait le silence que mon lourd passé avait provoqué. Il me laissait du temps. Tant de questions fusaient dans son esprit mais il restait muet. Et sans comprendre pourquoi, son silence me donnait l'envie de lui parler. 

FALLING [h.s]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant