20 - Cold

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Les bras chargés de cartons, je suivais Harry dans les escaliers de verre. Il était beaucoup plus fort et même en portant plus de cartons que moi, il avançait plus vite. Je peinais à le talonner. Nous marchâmes le long du couloir et mes yeux dépassaient à peine des boîtes. Il pénétra dans une pièce que j'avais déjà visité en venant la première fois.

- Voilà ta chambre, annonça-t-il en déposant ses cartons sur le sol.

Il prit les miens de mes mains et les plaça sur le grand lit. Mes yeux parcoururent la pièce, décorée dans les tons blancs et beiges. Harry avait tenu la promesse de me donner une chambre séparée de la sienne.

- Je vais chercher les derniers cartons, déclara-t-il en quittant la pièce.

Je laissai mon regard naviguer dans la pièce, analysant ce qui dorénavant était ma chambre. Je m'approchai de la baie vitrée et saisis délicatement les fins rideaux blancs qui cachaient la vue. J'ouvrai la grande fenêtre et m'avançai sur le petit balcon, la brise balayant mes cheveux par-dessus mes épaules. L'air était à la fois frais et réconfortant, amenant avec lui l'odeur légèrement salée de la mer. J'appuyai mes coudes contre la barrière de fer et regardai l'horizon, le soleil se faisant de plus en plus bas dans le ciel. J'avais une vue sur le jardin, puis sur les flots agités. 

Mon regard sillonna la vue, j'inspirai profondément. Elle était là, ma nouvelle vie, ma chance d'être heureuse, de me reconstruire. Et mon estomac se comprimait face à tous ces changements.

*

Je sentis une zone de ma peau se réchauffer, et je devinai qu'il s'agissait du soleil. Ma pilosité s'hérissa et créa un frisson jusqu'à ma colonne vertébrale lorsque je bougeai dans le lit. Les draps était si doux, ils sentaient la lessive. Le matelas qui m'avait porté toute la nuit, et qui allait toutes les accompagner dorénavant, était d'un confort indescriptible. Cela ne m'étonnerait pas d'avoir dormi jusqu'à la mi-journée.

Ce lit grand et infiniment douillet me changeait du matelas dont les ressorts me perçaient le dos. Tout ce luxe allait partager mon quotidien dorénavant, j'allais devoir m'habituer à faire partie de cette classe bourgeoise dans laquelle se trouvait Harry. Mon estomac se comprima, j'avais définitivement changé de vie.

Je soupirai profondément et forçai mes paupières à s'ouvrir. La lumière du jour m'aveugla, je n'avais pas pris le temps de fermer les volets hier. Un sourire se dessina sur mes lèvres lorsque je me remémorai les souvenirs de la veille. Harry m'avait préparé un diner surprise et nous avions discuté jusque tard le soir. Je ne cessais de me répéter que j'avais fait le bon choix, et que ma place était à ses côtés.

Je cachai mes yeux du dos de ma main, me demandant comment j'allais pouvoir sortir de ce lit si confortable. Je tournai la tête vers le réveil qui se trouvait sur la table de chevet et mes yeux s'écarquillèrent. Il était dix heures et demi. Cela faisait des années que je ne m'étais pas levée aussi tard et Harry devait être réveillé depuis bien longtemps. Je pris un élan de courage et me redressait pour quitter le lit, presque à contrecœur.

J'ouvris les grandes baies-vitrées afin d'aérer la pièce et souriait à l'idée que j'allais profiter de cette vue tous les matins. Il faisait chaud, l'été nous calcinait déjà en ce début du mois de juillet. Je m'extirpai de la chambre et lorsque je mis un pied dans le couloir, j'entendis les cordes du piano retentir.

Figée, je ne fis aucun bruit pour perturber la mélodie qui était jouée, qui ressemblait plutôt à une sorte de brouillon. Je souris, n'ayant jamais pu entendre Harry jouer auparavant. Je refermai délicatement la porte et marchai à pas de fourmis vers les escaliers, ne voulant pas être entendue. Je ne me doutais pas qu'il allait se remettre à la musique dès l'instant où j'allais emménager avec lui, mais j'en étais heureuse.

FALLING [h.s]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant