3 - Drunk in the pool

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- Harry ?

Il porta soudainement son attention vers moi, comme s'il était sorti d'un rêve, égaré. Ses prunelles émeraudes examinèrent mon visage, accélérant mon rythme cardiaque. Son regard braqué sur moi me fit tressailler. Je sentis mon corps s'embraser à l'inspection de chaque détail de mon apparence. Je papillonnai des yeux tout en prenant une grande inspiration. Il passa du temps à m'observer de haut en bas, me valant un rougissement, puis ses yeux finirent par rencontrer les miens, pour la deuxième fois depuis que je l'avais vu. Son regard était beaucoup plus profond que lorsque nous étions en bas. Il était éteint, mais expressif à la fois. J'aperçus comme une once de tristesse flamboyer dans ses pupilles. Pourquoi semblait-il si désemparé ?

Mon ventre fut envahi de petites décharges électriques. Il s'apparentait à un enfant fragile, brisé. C'était certainement l'alcool qui lui faisait cet effet, comme à beaucoup d'autres personnes. L'alcool décuple nos émotions, le plupart du temps la joie ou la tristesse. C'était aussi la raison pour laquelle il continuait de me toiser. Il était évident qu'il n'aurait jamais posé les yeux sur moi en temps normal. Je étais certaine qu'Harry était le genre d'homme à avoir de nombreuses femmes se ruant à ses pieds, et je ne faisais pas l'exception. Il fallait que je me sorte cet homme de la tête. Au fil des secondes qui s'écoulèrent, je pris conscience qu'il n'allait pas réagir à mon interpellation. J'avalai ma salive, prenant à nouveau mon courage à deux mains. Le fait que ses yeux furent en contact avec les miens me déstabilisa complètement. Je détournai légèrement le regard, rompant notre échange afin de reprendre possession de l'âme qu'il m'avait arraché en un seul coup d'œil.

- Vous... Vous n'avez pas le droit d'être ici, bégayai-je.

Un sourire redressa immédiatement le coin de ses lèvres, faisant disparaître la lueur triste de son regard. Il haussa l'un de ses sourcils et mordit l'intérieur de sa joue. J'avais le sentiment de m'écrouler. Le ton incertain que j'avais attribué à ma phrase m'avait ôté toute crédibilité. Il rompu l'échange qu'avaient entretenu nos regards jusqu'ici et se déplaça dans la piscine, titubant un peu. Un frisson parcourut mon corps, il pourrait se noyer à n'importe quel instant.

- Je laisse simplement mon corps naviguer à sa guise tout en appréciant la vue. Est-ce mal, Mademoiselle ? répondit-il en se retournant à nouveau vers moi.

Mon sang palpita à une vitesse folle dans mes veines lorsqu'il renoua le contact de nos regards. Si je lui avais imaginé une voix, elle aurait été similaire, si ce n'est identique à celle dont ses cordes vocales avaient produit la sonorité. Grave, rauque, et légèrement éraillée. Elle laissa tout de même entendre que son esprit avait succombé à l'alcool. Ma respiration s'accéléra, s'adaptant au rythme des battements de mon cœur. Son ton était très joueur. En temps normal, avec n'importe quel homme, j'aurai répondu de cette même manière. Cependant, avec cet homme, j'en étais incapable. Incapable de répondre sans bafouiller. L'emprise qu'il détint sur moi sans même me connaître me rendit complètement folle. Il continua de parcourir les zones où il avait pied, mais trébucha pratiquement à chaque pas, montrant son état d'ivresse.

- L'accès à la piscine est fermé la nuit. Je suis désolée monsieur mais vous devez sortir, insistai-je.

Un sourire plus prononcé sépara ses lèvres, me laissant admirer ses dents immaculées et ses fossettes au coin de ses joues. J'aurai aimé discuté avec lui le reste de la soirée, débattant pour qu'il sorte de la piscine. Mais il ne savait plus ce qu'il faisait ni même ce qu'il disait, et je ne désirais pas le sauver de la noyade.

- Mmh... Cependant, la porte n'était pas verrouillée, rétorqua-t-il.

Ma mâchoire se resserra abruptement. Celui qui était chargé de fermer l'accès ne l'avait pas fait, et voilà que je me retrouvais dans une situation délicate.

FALLING [h.s]Where stories live. Discover now