CHAPITRE 11

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ELIJAH

Je ne fais pas partie de cette famille par le sang, c'est un fait. Pourtant, je fais partie de cette famille par l'amour. Depuis ce premier jour où Nick m'a proposé de venir chez lui, j'ai été accueilli comme le troisième fils qu'ils n'avaient pas. Notre lien s'est développé au fil des années et, aujourd'hui, je suis fier de faire partie intégrante de la tradition du dimanche. Élisa ne pourrait être plus heureuse que depuis que nous sommes tous de retour en ville. Elle a d'abord dû faire face au départ de son fils ainé, puis de son fils cadet. Maintenant, nous sommes à nouveau tous réunis pour partager des moments heureux.

Lorsque j'étais petit et que j'ai vu mon père partir, j'ai cru ne jamais avoir le droit à une famille "normale". Les enfants autour de moi avaient tous une famille complète et je me sentais à l'écart avec pour seule compagnie ma mère. Mais j'ai fini par comprendre que la famille la plus importante, c'est celle qui est là pour toi. À ce jour, j'ai deux mères, un père et deux frères. Je ne pourrais pas être plus heureux qu'avec ces personnes qui partagent ma vie.

Dès que ma venue était devenu une habitude, une clé toute neuve avait rejoint mon trousseau pour que je puisse aller et venir à ma guise. Cette maison est petit à petit devenu autant à moi qu'à Nick ou Jay et c'est pour cela qu'aujourd'hui, j'entre sans frapper dans le domicile de ma famille de cœur, accueilli par le rire de Jason qui provient du jardin. Un sourire s'étire sur mes lèvres alors que je rejoins l'origine de ce son. Assis sur la balancelle, il écoute son frère lui raconter des anecdotes de l'université. Son visage se tourne vers moi quand il constate ma présence. Il m'adresse un clin d'œil et reporte son attention sur son frère. Je viens prendre place à côté de lui, me mêlant au discours de mon meilleur ami. Ce sont de si bons souvenirs.

Les minutes s'égrènent alors que nous racontons au plus jeune nos imbécillités d'étudiants. Loin de nos familles, nous avons fait les quatre cents coups et avons profité de chaque occasion pour nous amuser. Nous étions seuls contre le monde et nous avons partagé des moments forts. Jason semble fasciné parce que nous racontons et nous livre à son tour quelques anecdotes sur ses années d'études. Il nous parle des amis qu'il avait dans son école et des autres élèves. Évidemment, le nom de Loan arrive dans la conversation et, même si je ne laisse rien transparaitre de mon antipathie, je sens le regard de Nick peser sur moi.

Jason, quant à lui, ne semble pas prendre conscience de ce dialogue silencieux que j'échange avec mon meilleur ami et continue de nous raconter ce qui lui vient en mémoire jusqu'à ce que ses parents se joignent à nous. Les bières sont décapsulées, les amuses-bouches sont partagées et la bonne humeur gagne tout le monde. Je ne me suis jamais senti autant à ma place que dans ces moments-là.

Cette semaine, Élisa nous demande de l'aider derrière les fourneaux et nous nous sommes empressés d'accepter avec plaisir. Son mari et Nick s'occupent d'allumer le barbecue pendant que j'aide Jay en cuisine. Il est chargé de préparer les tomates pendant que je m'occupe des grillades. Un coup d'œil vers lui et je constate que sa technique n'est pas encore tout à fait au point. Il semble se compliquer la tâche et c'est tout à fait normal. Après tout, au contraire de moi, il ne vit pas seul depuis assez longtemps pour avoir développé de grandes capacités culinaires. Et il ne tient pas un café qui propose bagel et autres sandwiches.

J'abandonne le plat plein à craquer de nourriture sur l'ilot central et m'approche de lui pour lui proposer de l'aide. Il me jette un coup d'œil en coin, son sourire éclairant son visage.

- Je suis un cas si désespéré ?

Ses yeux se plissent alors qu'il rigole et je ne peux me retenir de sourire à mon tour.

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