CHAPITRE 2

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JASON

Je me souviens parfaitement de l'instant où j'ai réalisé que ce que je ressentais pour Elijah devait être autre chose qu'une simple admiration. J'avais douze ans à ce moment-là. Mes copains parlaient déjà de leurs futures petites-copines alors que je ne continuais à songer qu'à lui. Quelque chose clochait-il avec moi ? Les filles de ma classe ne m'intéressaient pas du tout. Je préférais largement penser au garçon qui se trouverait dans mon salon quand je rentrerai de l'école. Celui avec qui je pourrai faire une partie de jeux vidéos sur la console, si Nick avait encore des difficultés avec ses problèmes de mathématiques. Oui, c'était bien plus intéressant que les filles.

Ce jour-là, j'avais fini les cours plus tôt que prévu puisqu'un professeur était absent et j'étais rentré chez moi à pied. J'étais pressé de rejoindre la maison parce que je savais qu'il serait présent et je voulais profiter du plus de temps que je pouvais avoir avec lui. Après tout, il était tout le temps fourré avec mon frère et les occasions de me retrouver seul avec lui étaient rares.

Quand j'avais passé la porte, j'avais été étonné de trouver la maison étrangement silencieuse. Les garçons n'étaient pas sur le canapé, à profiter de la console. J'avais abandonné mon sac dans l'entrée avant de partir à leur recherche. Ma quête avait été bien vite interrompue quand j'avais entendu des voix provenir de la chambre de Nick.

L'une disait « s'il te plait, fais ça pour moi ! » et l'autre lui répondait « pourquoi ce doit être moi ? ». Celle que j'avais immédiatement reconnu comme étant celle d'Elijah avait échappé un rire avant de reprendre la parole : « parce que tu es mon meilleur ami ? ». J'ignorais de quoi ils pouvaient bien parler mais un soupir avait été la seule réponse qui m'était parvenue alors que je m'étais approché sans un bruit. Le battant était entrebâillé et j'avais vue sur le lit de mon frère, où ils étaient tous les deux assis, face à face.

Mon aîné était assis en tailleur alors qu'Elijah était à genoux, penché vers lui pendant que leurs lèvres étaient jointes. Une bouffée de chaleur s'était emparée de mon corps alors que je n'arrivais pas à détourner mon regard de la scène qui se jouait face à moi. Leurs yeux étaient clos et la main de Nick reposée sur la cuisse de son vis-à-vis. J'avais senti quelque chose se serrer au creux de mon ventre alors que je réalisais que j'étais triste. Sûrement parce qu'à cet instant, j'aurais voulu être à la place de mon grand-frère.

Ils s'étaient séparés avec des éclats de rire, Eli se laissant tomber en arrière alors que Nick lui donnait un coup sur le bras. Il avait dit « ton expérience est finie ? Parce qu'elle ne recommencera jamais ! J'en suis certain, je ne kiff que les nanas ! ». Elijah avait mis un moment à répondre alors que je voyais ses yeux briller depuis l'endroit où je me trouvais. « Je crois que c'est n'est pas mon cas. T'embrasser toi, ça ne convient pas mais un autre homme ne devrait pas me poser de problème. »

Je n'avais pas souhaité en entendre plus et j'étais reparti le plus silencieusement possible dans la cuisine pour me préparer mon goûter habituel. Pourtant, aujourd'hui, je n'avais pas faim. Je n'avais qu'une envie, celle de me plonger dans mes devoirs pour oublier ce que je venais de voir et penser à autre chose. Je n'arrivais pas à comprendre pourquoi j'étais en colère et pourquoi mes poings se serraient sans que je n'en ai conscience.

C'était attablé, face à mon cahier, qu'ils m'avaient trouvé en quittant la chambre. Elijah avait ébouriffé mes cheveux en passant à côté de moi pour rejoindre le frigidaire et j'avais rougi. L'idée de l'embrasser avait tourné dans ma tête depuis que je l'avais vu avec mon frère et je m'imaginais le faire là, dans cette cuisine. Évidemment, je n'en avais pas le courage et je m'étais renfrogné. Ils m'avaient interrogé du regard et je les avais ignoré. Ils n'avaient pas cherché plus loin.

Après le dîner, Eli se préparait à rentrer chez lui quand il était venu me trouver sur la terrasse. J'étais plongé dans mon roman et je ne l'avais pas entendu arriver. Il avait posé sa main sur mon épaule et j'avais sursauté, lui tirant un rire. Une nouvelle fois, le rouge m'était monté aux joues quand j'avais croisé son regard et je m'étais détourné pour me cacher. J'avais entendu le soupir qui lui avait échappé alors qu'il s'asseyait à côté de moi.

Après quelques minutes de silence, il m'avait dit « je ne sais pas ce que j'ai fait de mal pour que tu m'ignores toute la journée, mais je veux que tu saches que je ne te ferai jamais de mal intentionnellement. » et « je tiens beaucoup à toi, Jay, je n'aime pas quand tu es fâché contre moi. » Il s'apprêtait à se redresser quand j'avais saisi son poignet pour le retenir. Il s'était tourné vers moi et je lui avais adressé une petite grimace en guise d'excuse. Ce n'était peut-être pas beaucoup, mais ça avait semblé lui suffire. Elijah avait ri avant de me prendre dans ses bras et de m'attirer contre son torse. Et là, ma tête tout contre le tissu fin de son tee-shirt, j'avais compris que je ne voudrais plus jamais quitter cette place.

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