Regarde Moi

CHAPITRE 12

JASON

Me remettre de ma proximité avec Elijah n'a pas été facile et je remercie Nick d'être intervenu. Si nous étions restés seul avec cette tension, j'aurais forcément fais ou dis une connerie. J'ai tellement envie de lui que mes hormones sont en feu simplement d'avoir été proche de lui.

Après qu'il soit sorti de la pièce et que mon frère l'ait suivi, j'ai profité de la solitude pour me passer un peu d'eau froide sur la nuque. Je ressens la chaleur de son corps contre le mien, le contact de son torse contre mon dos, la tiédeur de son souffle sur mes lèvres. Un instant, j'ai vraiment cru qu'il allait m'embrasser, c'était évidemment une illusion. Et cette prise de conscience me fait mal. La douleur me paralyse.

Les deux bras en appuie sur le rebord du lavabo, je baisse la tête alors que mes pensées s'égarent. Je n'ai jamais eu de problème pour entamer un jeu de séduction avec quelqu'un et faire comprendre à cette personne qu'elle me plait alors pourquoi est-ce que les choses se passent ainsi avec Eli ? En sa présence, j'ai toujours l'impression de redevenir un petit garçon et cela me pèse. Comment peut-il me prendre au sérieux si j'agis ainsi ?

Je pensais que ce petit moment à jouer de mes atouts auraient pu le faire faiblir, mais il a cru que je me moquais de lui et j'ai profité de cette brèche pour faire machine arrière. Comment aurait-il réagi si je lui avais dit que j'étais très sérieux et que j'avais terriblement envie de l'embrasser ? Que je l'aime depuis tant d'années que cela me brise le cœur à chaque fois qu'il s'éloigne de moi ? Que je rêve de me glisser dans ses bras et de lui faire sentir à quel point mon cœur bat vite en sa présence ? Que je ne suis plus un petit garçon, mais un homme prêt à clamer au monde entier à quel point il est formidable ?

Je pourrais lui dire toutes ces pensées mais me croirait-il seulement ? Parfois, je crois voir dans le regard de Nick qu'il sait puis, la seconde d'après, cet éclat de compréhension semble avoir disparu et je pense que je me suis fourvoyé. Une chose est certaine, il faut vraiment que je mette le pied à l'étrier et que je commence ma tentative de séduction. Je ne peux pas abandonner sans même avoir vraiment essayé.

Mon nom me parvient du jardin et je me reprends. Je me saisis de la salade enfin prête et l'apporte avec moi. Quand je passe la porte fenêtre, je sens le regard de ma mère sur moi alors que le mien est directement attiré par le sourire qu'Elijah adresse à mon frère. C'est officiel, je suis irrécupérable. Je dépose le plat sur la table avant de me laisser tomber dans mon fauteuil. Ma place attitrée a toujours été face à Eli. Il rejoint à son tour la table et m'adresse un sourire quelque peu crispé. Suis-je allé trop loin ? Je n'ai aucune envie qu'il se mette à me fuir...

♦

Le repas s'achève sur une tarte aux fraises. J'aurais bien voulu une tarte à la citrouille alors que ce n'est pas du tout la saison. Je me rattraperai cet automne ! Peu attentif à la conversation de Nick avec mon père sur le don de plasma qu'ils ont effectué la semaine dernière, je laisse mes pensées divaguer alors que mon regard se perd sur le visage de l'homme que j'aime.

Mon attirance pour lui est évident depuis si longtemps que je ne me suis jamais questionné sur ce qui avait pu me faire succomber à son charme. Évidemment qu'il est beau garçon et qu'il attire le regard dans la rue, mais c'est bien plus profond que cela.

J'aime la texture de ses cheveux, la brillance qu'ils dégagent à chaque rayon de soleil qu'ils attrapent. J'aime la nuance bleue de ses yeux qui me fait penser aux étendues turquoises des caraïbes dans lesquelles je pourrais me noyer. J'aime la forme de son nez aquilin qui m'a toujours fasciné et qui lui donne un petit air de lutin. J'aime la couleur de ses lèvres qui me hurlent de les embrasser et qui me narguent dès qu'il les remue. J'aime ses mains, je suis toujours subjugué par elles quand il est occupé à préparer des boissons dans son café. J'aime son odeur, si discrète, mais qui m'envoute dès que je suis proche de lui. Je l'aime. C'est aussi simple que cela.