CHAPITRE 26

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ELIJAH

Je me souviens parfaitement de la première fois que Nick m'a proposé de venir chez lui. C'était un beau jour de juin où le ciel bleu nous surplombait tous. Il m'avait dit que c'était l'anniversaire de son petit frère et que, de ce fait, il ne serait pas dans nos jambes. Je ne lui avais pas dit que sa présence ne m'aurait pas dérangé. Fils unique, j'avais toujours voulu avoir un frère avec qui jouer, mais le divorce de mes parents avaient mis fin à ce rêve. Et même si mon père avait refait sa vie et avait fondé une nouvelle famille, ce n'était pas pareil.

Je me rappelle la première fois où je l'ai aperçu. Il jouait à un semblant de foot avec ses amis, mais ne semblait pas être très concentré, lui valant de se prendre le ballon dans le visage. Il n'avait pas semblé s'en formaliser, son regard ne me quittant pas une seule seconde. Cela m'avait fait sourire.

Nick m'avait entraîné vers ce jeune garçon aux joues rondes et au regard pétillant, l'avait attrapé par les épaules et lui avait dit « Jay ! Je te présente Elijah, c'est mon meilleur ami. J'espère que vous vous entendrez bien ! ». Il avait hoché la tête et j'avais ri. Je lui avais alors tendu la main et il s'était empressé de la saisir. Elle était plus petite que la mienne, mais je l'avais trouvé incroyablement douce. Il ne semblait pas vouloir la lâcher et cela m'amusait.

Je lui avais dit que j'étais certain que nous serions ami, nous aussi, et son sourire n'en avait été que plus éblouissant, comme s'il ne souhaitait rien d'autre à ce moment-là. Il était absolument attendrissant et, sans comprendre pourquoi, j'avais envie de le protéger du reste du monde.

En compagnie de Nick, j'avais laissé les enfants dans le jardin pour rejoindre sa chambre afin d'aller jouer à la console. Mon meilleur ami avait prétendu qu'il ne voulait pas rester avec des gamins, mais c'était surtout pour ne pas piquer la vedette à son petit frère en cette journée. Jason était la chose la plus importante au monde pour lui, jamais il n'aurait eu de paroles méchantes à son égard. Et même si cela m'aurait amusé de rester avec ce garçon et ses amis, je n'avais pas rechigné à le suivre. Je savais que nous aurions bien d'autres occasions de passer du temps ensemble.

C'était l'appel du gâteau qui nous avait fait quitter notre tanière pour rejoindre l'extérieur. Jason était installé en bout de table, un gâteau recouvert de dix bougies devant lui. Sa mère ressemblait à une paparazzi alors qu'elle le photographiait sous tous les angles. Cela m'avait fait rire. Rien qu'à ses regards, nous pouvions tous sentir l'amour qu'elle portait à ses fils.

La star de la journée ne cessait de me regarder et je lui avais adressé un clin d'œil avant que l'un de ses amis n'attire son attention. Une seconde, il avait emmagasiné le plus d'air possible dans ses poumons avant de s'évertuer à éteindre toutes les petites flammes dansantes d'un seul coup. Tout le monde avait applaudi et s'était empressé de lui tendre des cadeaux, chacun voulant être le premier.

Quand tout avait été déballé et que le papier cadeau jonchait le sol, je m'étais approché de lui, un sourire toujours aux lèvres. Je lui avais dit « je n'ai pas de cadeaux pour toi, mais je te souhaite un très joyeux anniversaire, Jason ». Il ne m'avait rien répondu, son regard lumineux était bien suffisant pour m'exprimer l'admiration qu'il me portait. Ma présence lui était suffisante et cela me convenait.

Après le goûter, nous étions restés dans le jardin pour jouer au foot avec eux. Nous avions ri aux éclats, fait semblant de perdre pour leur faire plaisir et j'avais passé une excellente journée en leur compagnie. J'espérais qu'il y en aurait beaucoup d'autres comme ça. Des journées où je me sentais bien, entouré d'une famille aimante, de rires et de joie.

Quand j'étais rentré chez moi, je m'étais senti bien seul tout à coup. L'effervescence de la fête d'anniversaire avait laissé place au calme et la tristesse m'avait envahi. Je n'avais que quatorze ans, mais j'étais tout seul, ma mère ayant pris son service de nuit à l'hôpital de la grande ville voisine. Alors pour ne pas déprimer, j'avais attrapé un livre et m'étais plongé dans ma lecture, mon esprit ne cessant de divaguer vers ce petit ange que j'avais rencontré plus tôt dans la journée.

Sa petite bouille s'imprégnait dans mon esprit alors que le besoin de le préserver s'insinuer en moi. Je voulais veiller sur lui et le défendre. Je n'avais jamais eu de frère et je souhaitais qu'il devienne également le mien. J'étais pressé de me rendre à la fête foraine avec lui et Nick la semaine suivante afin d'apprendre à mieux le connaître. Et pour revoir ce sourire qui me semblait déjà indispensable.

Après cette journée, je venais presque tous les jours dans la maison de la famille Harris. Ma mère préférait que je sois dans cette adorable famille plutôt que seul à notre domicile et cela me convenait parfaitement. J'étais bien content de pouvoir profiter de la console de Nick et de manger les bons petits plats fait par Élisa. C'était devenu une habitude pour eux de m'avoir à leur table, je faisais un peu plus parti de leur famille chaque jour.

Peu à peu, Élisa était devenue comme une deuxième maman pour moi et son mari, un vrai père pour moi. Mon amitié avec Nick s'était encore plus renforcé et nous étions toujours fourré ensemble, semblable à deux siamois. Puis il y avait Jason. J'aimais l'appeler « gamin » et ébouriffer ses cheveux dès que je passais à côté de lui. Il était comme ce petit frère que j'avais toujours voulu et cela me remplissait de joie.

À leur côté, j'avais l'impression de faire partie de cette famille que j'avais toujours voulu avoir. D'avoir trouvé ma place dans ce monde beaucoup trop grand pour un adolescent de quatorze ans.

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