CHAPITRE 14

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JASON

Rien. Zéro. Que dalle. Je n'ai pas la moindre inspiration pour la chorégraphie à présenter au festival. Pas l'infime point de départ de quelque chose. Je me sens nul et perdu. Depuis que j'ai commencé à danser, je sais bien que cette panne d'inspiration peut arriver, mais je ne l'avais jamais ressenti aussi intensément. Je ne cesse de changer de chanson, de recommencer mes gestes et de m'agacer tout seul.

Cela fait quelques semaines que j'ai repris les entrainements dans le studio de Gaël et aujourd'hui, j'ai la sensation de n'arriver à rien. Bien sûr, lui continue de m'encourager en me disant que ça va arriver. Que ça s'imposera à moi lorsque je lâcherai enfin prise, mais je n'y parviens pas. La date limite, bien que lointaine, ne cesse de tourner dans un coin de mon esprit. Je me sens empâté et brouillon.

Abandonnant l'idée de travailler ce matin, je lance une musique sur laquelle me faisait travailler Gaël, il y a quelques années et je reproduis la chorégraphie qu'il m'avait enseigné. Quand je n'y arrive plus par moi-même, je reviens toujours à lui et cela me fait du bien.

C'est donc dégoulinant de sueur, une casquette en arrière sur la tête et un débardeur qui me colle à la peau que je passe la porte de la maison de mes parents. Je suis en retard pour le repas du dimanche et je n'ai pas eu le temps de me changer. Ma mère m'adresse un sourire complice quand je viens la saluer dans la cuisine et elle m'intime de rejoindre le jardin. Je me sens plein de joie de retrouver ma famille après quelques heures à danser mais ce bonheur est de courte durée.

Ma gaieté se fissure quand je constate qu'Elijah m'ignore superbement. Habituellement, lorsque j'arrive et que je salue tout le monde, il m'adresse un grand sourire. Ce sourire qui me fait toujours fondre. Mais aujourd'hui, rien. Il se contente de continuer sa conversation avec Nick comme si je n'étais pas là. Sa réaction me blesse, d'autant plus que je ne sais toujours pas pourquoi il a fui lorsqu'il est venu me voir au studio.

Mon frère m'adresse un clin d'œil, mais je n'ai pas le cœur à sourire ou à chercher un sens à ce message. Je me contente de rejoindre ma place et de pianoter sur mon téléphone pour envoyer un message à Carter. C'est dans ces moments-là que j'ai besoin du soutien de mon meilleur ami. J'espère qu'il est disponible cet après-midi pour que l'on puisse se voir. Je crois que j'ai vraiment besoin de lui parler.

Ma mère dépose l'entrée sur la table avant de m'adresser un sourire. Elle jette un coup d'œil à mon téléphone avant de hocher la tête.

- Invite-le à se joindre à nous.

Un petit rire m'échappe et je hoche la tête en la remerciant. La réponse de mon ami ne tarde pas à arriver et je sais qu'il sera là d'ici une dizaine de minutes. Face à moi, Elijah s'est tendu. Je voudrais croire qu'il est jaloux de cette personne mystérieuse que j'invite. Puis, je me rappelle qu'il est aveugle à mes avance et qu'il est évident que ce ne peut être que Carter. Pour autant, il ne se détend que lorsque mon meilleur ami s'affale dans le fauteuil à ma gauche, remerciant ma mère pour l'invitation.

Le repas se déroule dans la joie et dans la bonne humeur même si Elijah évite ostensiblement mon regard et cela me blesse. Je n'arrive pas à comprendre ce que j'ai pu faire de mal pour qu'il m'ignore ainsi. Je sais bien que c'est moi qui me suis mis à l'éviter après notre dispute de la semaine dernière, mais depuis qu'il est venu me voir au studio, c'est lui qui me fuit comme la peste. Le manque d'explication me mine le moral et je suis certain que ça impacte ma créativité.

Alors que je détourne le regard de son meilleur ami, je croise le regard de mon frère qui a remarqué mon manège. D'un signe de tête, il m'indique la maison et nous nous éclipsons tous les deux, prétextant aller chercher le gâteau. Je sens le regard d'Eli brûler ma nuque et je serre le poing. Il m'énerve à ne m'observer que lorsque j'ai le dos tourné.

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