Chapitre XIV

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On est samedi matin, et vu la journée d'hier je n'ai pas vraiment envie de rester ici. Cinq risque d'être aussi froid qu'hier et ce n'est pas idéal. Alors j'attrape mon téléphone et compose le numéro de la seule autre personne qui puisse m'occuper aujourd'hui. 

- Hammond?
- Ley.

Sa voix rauque du matin résonne à l'autre bout du fil.

- et si on sortait aujourd'hui ? Ça nous changerait les idées ?

J'enfile un pantalon en jean et un top au même temps.

- d'accord, je suis en bas de chez toi dans vingt minutes.

Il raccroche et je sourit. C'est clair que lui ne manquerait pas une occasion de passer du temps avec moi. J'enfile un gilet bleu clair et attache mes cheveux en une couette basse. Ne pas avoir l'air déprimée est ce que je fais de mieux. D'ailleurs, je met une touche de maquillage parce-que je ne dois pas avoir l'air d'avoir pleuré toute la soirée. Un peu de blush et j'ai l'air d'être au plus haut de ma forme ! Ah la magie du maquillage.

Je descends les escaliers à la hâte. Pour mon plus grand malheur, Cinq est assis dans la cuisine à lire son journal. Ce n'est pas vraiment étonnant. Il me dévisage pendant que je me sers un verre d'eau. Je suppose que Hammond et moi allons déjeuner ensemble. D'ailleurs, un coup de fait entendre à la porte.

- j'y vais!

Je me dépêche d'aller ouvrir avant que Cinq n'y aille. Hammond se tient derrière, les cheveux tirés en arrière. Il a un pull blanc avec une chemise en dessous et un jean bleu. Je le salue en fermant la porte. Il ne faudrait pas que Cinq l'entende.

- on y va?

Il sourit gentiment, je remarque clairement ses cernes. Je devrais peut-être lui demander comment ça va.

- hey Hammond, ça va?

Ses yeux se vident littéralement. Je n'imagine même pas comme il doit être triste.

- on peut dire ça ouais.

Ses yeux s'humidifient et ses mains tremblent. On ne peut clairement pas dire ça.

- Hammond on est pas obligé de parler de ça, mais si tu veux je suis là.

Je roule mes bras derrière sa nuque. Et lui fait un câlin des plus doux. Ici, au milieu de la rue et non loin du manoir, j'enlace Hammond.

- merci Ley.

Sa voix se brise et ses bras me serrent contre lui aussi. D'une telle force que respirer m'est compliqué. Il en avait clairement besoin.

- c'est rien d'accord, je suis là.

Je me sépare de lui en lui souriant. J'ai compris, en ces derniers jours qu'Hammond ne serait jamais plus que ce Cinq est. Mon problème, c'est que je ne sais pas ce qu'est Cinq pour moi. Et que donc pour placer ma relation avec Hammond je dois d'abord comprendre celle que j'entretiens avec Cinq. Mais, tant que mes idées ne sont pas claires, j'ai le champ libre. Je ne compte pas arrêter mon amitié avec Hammond, pas de si tôt en tout cas. Et encore moins parce-que Cinq l'aura voulu.

- tu es une amie géniale, aller viens on va manger quelque chose.

Son sourire s'élargit et je le suis. Pour une raison que j'ignore, j'ai confiance en lui. Ça découle probablement du fait qu'il est un de mes premiers et de mes seuls amis.

Hammond me prend dans ses bras une dernière fois. Je le salue avant d'ouvrir la grande porte du manoir. L'intérieur semble vide, ou du moins les habitants à l'intérieur sont calmes. Il doit être quatorze heures, Hammond devait aller visiter son père alors je l'ai laissé.  Maintenant, je vais aller m'entraîner un peu ça tuera le temps.

J'enfile des vêtements de sports amples et descend les escaliers à la volée. Note pour moi même, ne recommence plus jamais tu as failli tomber six fois. Enfin, non sans peine j'atteins la salle d'entraînement. Coup de chance pour moi, aucune trace de Cinq à l'horizon. Alors je me glisse à l'intérieur et ferme la porte. Bon, vous connaissez les paroles. Étirements, squats, pompes et abdos. Cet entraînement me laisse à bout, si je n'avais pas fait ça toute mon enfance je pense que je ne survivrait pas. Sincèrement, ne faites pas ça chez vous.

Je lâche un soupir de désespoir avant de laisse tomber mes jambes. Et si on utilisait mes pouvoirs? Ça m'évitera d'avoir des courbatures demain. Je m'assois en taille au milieu de la pièce. J'ai eu une idée récemment, et si je pouvais me transporter moi même grâce à l'eau ? Ok, c'est fou mais en y repensant ça marche. Je peux respirer sous l'eau, en évaporant tout ce qui entre dans mes poumons alors, si j'arrive à contrôler la trajectoire de ma bulle je pourrais voler. Ou du moins flotter pour l'instant.

- ok... c'est parti.

Je concentre de l'eau autour de moi. Le plus difficile, est sans doute de la faire bouger. Je m'élève quelque peu du sol, ça marche, ça mar-

- Ashley?

Merde. Je me déconcentre et l'eau tombe, mouillant à peu près tout autour. Pour ma part, ce n'est pas une chute mortelle mais douloureuse oui. J'ai incroyablement mal au fesses.

- Allison?

Je me retourne, elle est trempée jusqu'à la moelle, tremblant comme une feuille. Je me dépêche de tout évaporer en m'excusant à maintes reprises.

- ce n'est pas grave, j'allais juste te demander où est Cinq ?

Elle touche ses vêtements comme fascinée par le fait qu'ils soient complètement secs.

- non aucune idée.

Je ne vois pas pourquoi je saurais, ce n'est pas comme si il allait me le dire.

- d'accord alors je te laisse à tes entraînements.

Elle me fait un signe de la main avant de disparaitre. J'aurai beau avoir voulu savoir où il est, ce temps est révolu.

Je reprends ma position assise pour reconcentrer mes pouvoirs autour de moi. J'arrive à nouveau à m'élever dans les airs. C'est bien plus simple que la dernière fois, alors je prend vite les rennes et gère l'eau.

Je n'arrive pas encore à bouger mais j'arrive à m'élever dans les airs. C'est déjà ça non?

Dans tout les cas, je meurs de soif alors j'évapore tout et cours me chercher un verre d'eau. Je l'avale en deux secondes et m'en sers un autre. J'aurai beau utiliser ce pouvoir, il est assoiffant et si je n'ai pas d'eau je ne pourrai pas. Quel inconvénient horrible.

- Diego tu pourrais-

La voix de Cinq résonne derrière moi. Il s'arrête en traversant la porte.

- oh, tu n'es pas Diego.

Je tourne la tête, quel moment gênant.

- non, je ne le suis pas.

Il aquiesce en levant les sourcils puis ferme la porte. J'en profite pour expirer, heureusement qu'il est parti. Sa présence est devenue tellement stressante. Je me sens tendue dès qu'il est près de moi et malgré ça, il reste irrésistible. Qu'es-ce que j'ai fait pour mériter ça ?

Je m'allonge dans mon lit, fatiguée. Ma journée a été longue.med paupières se ferment quasiment seules. Car je suis super épuisée. J'espère que les jours avenirs seront mieux que ça. Cinq me hais et je ne sais pas vraiment ce que je ressens envers lui. Alors, la situation s'avère être vraiment idéale. Vous noterez l'ironie. La tension entre nous ne s'évapore pas et on ne peut pas juste s'éviter éternellement. Mais dieu, Cinq Hargreeves a le don de me mettre hors de moi. Pourtant je ne peux pas m'empêcher de penser à lui et ce, même quand il est horriblement froid et cruel. Peut-être que je suis damnée ? Ou maudite? J'espère que ce n'est rien qui n'ai pas de foutu remède. Parce-que si non, je suis foutue.

𝑻𝒉𝒆 𝒍𝒐𝒔𝒕 𝒎𝒆𝒎𝒃𝒆𝒓.Where stories live. Discover now