Chapitre XVI

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Tellement facile.

Des pas résonnent dans le couloir, Cinq est parti. Peut-être que moi aussi j'ai été injuste avec lui? Mais ça fait une semaine qu'il m'évite, m'ignore et me blesse. Chacun de ses faits et gestes me repousse et m'éloigne. Alors que je n'ai rien fait, à part aller aider un ami. Ça ne s'est pas fini parce-que je voulais, c'était parce-qu'il le voulait.

Je m'assois sur mon lit, j'ai eu beau laver les draps comme trois fois cette semaine sa maudite odeur a imprégné les murs, j'en ai bien peur. Je peux le sentir où que j'aille, peut-être es-ce moi qui suis imprégnée de lui? Je n'en sais vraiment rien, et je ne veux pas vraiment savoir pour l'instant. Je suppose que je vais juste devoir passer à autre chose. Cinq n'est pas prêt de me dire qu'il me veut, alors pourquoi je lui ferai savoir que moi aussi, je le veux? C'est inutile et futile. En somme, je ne le ferai pas. Même si j'en meurs d'envie, littéralement

Je descends les escaliers lentement, j'ai peur de croiser ses yeux. Je veux juste aller m'entraîner alors si on pouvait y aller discrètement. Je me faufile dans les couloirs et prie pour que la salle soit libre. Bingo! Je pousse la porte et aucune trace de lui. Je pose ma gourde et commence mes étirements, mes abdos et mes squats. Putain, si même avec tout ça je garde mes bourlets va falloir les brûler. Je pouffe toute seule, ce qui a pour effet de me faire tomber littéralement par terre. Je pense que je suis folle. J'attrape un mannequin et le positionne au milieu de la pièce. Je le fais s'élever entouré d'eau, puis sans prévenir je l'évapore, ce qui le fait se fracasser sur le sol violemment. Le bruit du fracas résonne dans la pièce. Créant en moi une étrange satisfaction. Me défouler sur quelque chose est extraordinaire. Je comprends Cinq désormais. Lui il tue brutalement et moi je détruis simplement.

Je porte le goulot de la mes lèvres sèches. Chaque gorgée est divine et je déguste chaque petite goutte. Puis je pose la gourde et ferme le bouchon. Si Cinq était là, j'irais lui parler et ce maudit temps passerait plus rapidement, mais Cinq n'est pas là et le temps ne passe pas. Alors je m'allonge simplement dans le tapis imaginant ce qu'il dirait. "Ash, concentre toi sur ton pouvoir et rend le parfait", "regarde, tu te places mal et tu vas te blesser", "tu veux de l'eau ? Bois." , "Si tu es fatiguée on arrête", "tu embrasses bien". Je m'arrête sur cette dernière pensée horrifiée. Ma conscience est douée pour glisser des choses inutiles et ridicules dans mon esprit. Je ne peux même pas penser sans dévier. Ses lèvres, ses cheveux, ses yeux, sa peau, son torse...toutes ces choses qui font que Cinq soit tout bonnement parfait. Je me demande si lui pense ça de moi, "je t'ai toujours trouvé attirante"  on été ses mots mais depuis, il ne doit plus vraiment le penser. Je ne me suis jamais trouver belle, mais quand vous avez cinquante-huit ans vous ne pensez plus à être belle ou non.

J'ouvre la porte paresseusement, il doit être dix-huit ou dix-neuf heures. On va bientôt dîner et je veux absolument une douche. Alors je monte rapidement et me faufile dans la salle de bain. Je verouille la porte et allume le jet d'eau.

J'enroule une serviette autour de mon corps nu. Mes cheveux mouillés collent à mon dos et je tremble comme une feuille. L'eau se refroidit sur ma peau et me congèle littéralement. Alors je la fait disparaitre en poussant un soupir de soulagement.

Je métale sur mon lit à bout. Il reste encore quelques heures avant le dîner, une ou deux tout au plus. Je suis un peu nerveuse à l'idée de le revoir. Cinq est comme une pièce à deux facettes. Son côté sérieux, froid et arrogant qu'il montre au monde et son côté sensible, attentionné et passionné qu'il ne montre qu'à très peu de personnes. Je n'ai vu que quelques fois son côté doux mais je l'ai toujours adoré. Depuis la première fois que je l'ai vu, j'ai su que derrière ce mur de méfiance se cachait un garçon normal. Un garçon assoiffé de baisers et de contacts physiques, de nuits à la belle étoile et de câlins affectueux. Tout ce dont quelqu'un de normal rêverai aussi. Merde, je pense encore à lui. Je n'ai fait que ça ces derniers temps et ça me frustre à chaque fois. Le fait qu'il occupe mon esprit constamment, le genre de réflexion niaise ; "oh ça sent Cinq", "si Cinq était là...", "Cinq ne dirait sûrement pas ça" ce genre de réflexion là. Celles qui m'énervent.

Je remonte à la fin du dîner, et me dépêche d'aller me préparer pour dormir. Mes membres sont fatigués et ma tête douloureuse, j'ai bien besoin de dormir. La lune brille dans le ciel quand je me glisse dans mes draps encore frais. Il puent encore Cinq. Alors je retourne mon oreiller comme ultime espoir, mais rien n'y fait. Alors au lieu de l'éviter je m'y accommode et prend de grandes inspirations. Doucement, la fatigue s'installe et prend racine. Peut-être que lui aussi, pense à moi? Sûrement non, mais laissez moi avec mes espoirs. C'est la seule chose qu'il me reste dorénavant. Alors autant en profiter, ça vaut le coup. C'est déjà mieux que rien non?

𝑻𝒉𝒆 𝒍𝒐𝒔𝒕 𝒎𝒆𝒎𝒃𝒆𝒓.Donde viven las historias. Descúbrelo ahora