𝑻𝒉𝒆 𝒍𝒐𝒔𝒕 𝒎𝒆𝒎𝒃𝒆𝒓.

chapitre XX

Je m'accroupis juste à temps pour éviter le coup qui menaçait de s'écraser sèchement sur mon nez. L'homme vêtu d'un costume noir qui m'est familier lâche un juron avant de retenter son coup. Mais, trop tard pour lui. Puisque Cinq se pointe derrière lui et l'achève avec son poignard. Je le remercie avant de repartir me battre.

Comment en sommes nous arrivés là?

Une serveuse à l'air vieux mais qui semble avoir encore toute sa tête s'approche de notre table. Allison lui offre un agréable sourire.

- bonjour, moi c'est Agnès que puis-je vous servir?

Elle regarde chacun de nous, se faisant sûrement une idée de ce que nous pourrions vouloir.

- pour nous ce sera des bières.

S'empresse de répondre Diego, comme si elle allait partir avant d'avoir pris sa précieuse commande. Je me redresse un peu et ajoute.

- pour moi juste de l'eau s'il vous plaît.

Elle aquiesce tout en griffonnant sur son horrible petit carnet. Elle est le cliché même de Madame -j'ai- raté- mes- études- donc- je- travaille- de- serveuse- sexy. Elle prend un air débile et surenchérit d'une voix bien trop aiguë.

- et pour le jeune garçon ?

Ses cils papillonnent et je vois Cinq la dévisager. Merde. Elle ne sait pas ce qu'elle vient de provoquer. Cinq prend un air malin et lâche.

- pour le jeune garçon ce sera un café, noir.

Je retiens mon éclat de rire tandis que Madame serveuse, ou Agnès ravale sa salive luttant pour ne pas gifler Cinq.

- bien.

Elle repart tendue et alors, j'éclate de rire. Cinq me lance un regard fier et hausse les épaules.

- j'ai supposé que si je demandais de l'alcool elle ne m'en servirait pas, alors le café était la meilleure solution.

Je rigole à nouveau, jusqu'à ce que Allison prenne la parole un sourire aux lèvres.

- bon, J'espère de tout cœur que ce repas de famille sera normal, et qu'il ne sera pas un fias-

Elle est interrompu par un bruit sourd provenant de la porte. Plusieurs hommes armés entrent en défonçant la porte. Tous vêtus de l'horrible costume noir et des affreux masques que je connais tant. Cinq se retourne vers moi et nos yeux se croisent, il pense comme moi, la commission.

Une femme s'avance, tête masquée, prend une voix sévère et crie.

- Cinq Hargreeves et Ashley Beauvais?

Je me lève hésitante, suivie par mon coéquipier. Silencieusement, je le supplie de me sauver. Je jette un coup d'oeil autour de moi, certains clients sortent effrayés et d'autres crient à l'aide. Entre eux, je devine Agnès avec la tasse de café et les bières brisées sur le sol.

- vous en avez mis du temps à réaliser.

Dis soudainement Cinq en s'éclairant la gorge.

- Dommage que cela doive interrompre ce, il fait une pose et regarde tour à tour chacun de ses frères et sœurs, merveilleux repas de famille.

Il agrippe une chaise et la fracasse contre le sol. Il y attrape deux pieds et m'en passe un en souriant.

- à nous de jouer.

J'acquiesce et prend ma nouvelle arme. Je suppose que je n'ai pas d'autre choix.

J'essaye tant bien que mal d'évacuer les clients restants en massacrant chaque obstacle. Une fois que la salle est complètement vide, je regarde autour de moi. Diego, Luther, Allison et Vanya ont déjà commencé à attaquer. Ils ont l'air si charismatiques comme ça. Sans parler de leur cadet qui se débrouille plutôt bien avec son bout de bois. Il jette un coup d'oeil vers moi pour vérifier que tout va bien.

J'examine la pièce, je pourrais déconcentrer l'ennemi si j'arrive à leur verser le café chaud des cafetières. De plus, cela ne m'assoiferait même pas. Je me concentre et fais flotter le café sur leur crâne. Jusqu'à le lâcher. Ils crient, se débattent, dégoulinant de café et cédant sous la chaleur qui brûle leur peau. Ce qui permet aux autres de les achever.

Il ne reste plus qu'une dizaines encore sur pieds, l'autre moitié est étendue, inanimée sur le sol. Je frappe un ennemi avec une théière et me sert de l'objet en question pour le tuer. Moi violente ? Oui.

Je tourne la tête, Cinq est en face à face avec une femme plutôt grande. Je regarde derrière lui. Attendez. Un homme s'approche doucement, sûrement pour ne pas attirer l'attention, un poignard à la main. Toute l'attention de Cinq est portée sur son autre adversaire ce qui, laisse libre champ à la menace. Si je crie maintenant ça ne fera qu'acelerer le mouvement et Cinq n'aura pas le temps de réagir. Alors, c'est lui ou moi. Et ce sera moi.

Je cours le plus vite possible, m'interposer entre le menace et Cinq. Je ferme les yeux. C'est la fin ?

Une lame froide et tranchante transperce la chaire de mon bras. Paralisant mon corps entier et assaillant ma tête d'une migraine attroce. Mes jambes tremblent et je pousse un petit cri, avec ce qu'il me reste de force. Le sang coule abondamment sur le sol. Es-ce que je manquerai à quelqu'un ? Mon corps balance et menace de s'écraser sur le sol. Qui dira que je suis morte à Hammond ? Je ferme les yeux et attend patiemment. Cinq ne saura jamais que je l'aime. Ma tête puis le reste de mon corps heurtent le sol violemment le sol. Pourquoi suis-je si faible ? Mon bras me fait mal comme si des milliers d'aiguilles se plantaient dedans. Ai-je perdu ? J'essaye de bouger mes lèvres mais je suis paralysée.

Vidée.
Fatiguée.
Terminée.

Au cas où ce soient mes derniers mots, je tenais à m'excuser. Au près d'Hammond pour ne pas avoir pu l'accompagner durant sa peine. Au près des Beauvais pour les avoir déçus. Au près de Luther, Vanya, Allison, Klaus et Cinq d'avoir échoué. Je m'excuse aussi en vers moi, d'avoir cru que je pouvais le faire. Et envers le monde d'avoir cru que j'étais spéciale.
Je ne suis pas spéciale.
Et jusqu'à mon dernier souffle, en vain, j'aurai essayé de prouver le contraire.

Mes paupières sont lourdes et bizarrement, je suis prête à partir. La prochaine fois, si on m'offre une autre chance, j'espère être normale pour pouvoir vivre normalement. Je le ferai mieux, promis. Une main secoue mon épaule, mais plus rien de ça ne compte maintenant. Mon corps reste rigide et mes yeux, fermés. C'est fini.

Ma dernière pensée est pour Cinq.