He's a god... I suck

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Olivia

Je traverse le seuil de la porte d'entrée après Rachel, puis elle fait demi tour pour venir la fermer à clé.
On se dirige vers la voiture.
On va à l'université.

Je jette un coup d'œil à ma gauche, dans l'espoir d'apercevoir mon petit audacieux. Et à ma grande surprise, mes espoirs ne sont pas vains pour une fois, puisqu'il sort presqu'au même moment de son appartement.
Mon cœur loupe alors un battement et un frisson me parcoure l'échine.
C'est fou qu'il me fasse autant d'effet !
Mais en même temps, quelle fille saurait rester indifférente et digne devant cet Apollon dont le physique semble avoir été sculpté par la main droite d'un ange ?
« Ouf, reprends-toi Olivia! Tu ne le connais pas, et c'est l'ex de ta sœur. Tu n'as pas le droit de ressentir ça pour lui. » me souffla ma conscience.
Je sais. Mais... regardez-moi ça : ses cheveux sont si bien soignés que je peux deviner leur texture rien qu'en les regardant - ils sont doux comme du velours. Ses épaules sont si hautes ! Et assez larges pour que je puisse y fourrer mon visage, respirer son parfum et m'enivrer de son odeur. Pendant que lui me caresse délicatement le dos de haut en bas, me rassure, et dépose de doux baisers au creux de ma nuque. Comment pourrait-on y résister ?
Je me mords nerveusement la lèvre inférieure et détourne instantanément mon regard de lui lorsque son visage se tourne vers nous.

- Alors Rachel, tu te décides enfin à me présenter ta nouvelle coloc ? lança-t-il arrogamment.

Mes cheveux se sont dressés sur ma nuque : sa voix ! C'est la première fois que je l'écoute. Pourtant j'ai l'impression de le connaître depuis déjà fort longtemps. Mais sa voix, elle m'a laissé comme un arrière goût d'addiction. Rien qu'à travers cette phrase minuscule. J'ai envie de la réécouter. Encore, encore et encore, comme une chanson qu'on diffuse en boucle dans un bal d'été. J'ai envie qu'il s'adresse à moi.
Ma nervosité laisse désormais place à un désir fin et souple. Le simple désir qu'il m'appelle par mon prénom, juste pour le plaisir de l'entendre prononcer MON prénom ; de l'entendre articuler ses syllabes de cette façon douce et mielleuse, mêlée de virilité et de masculinité. De voir s'échapper de sa gorge puis pendre au bout de sa langue, chaque lettre constituante du mot qui détermine qui je suis.
Et enfin, de voir ses lèvres dessiner : Olivia. Oh, ses lèvres !
« Calme-toi ma pauvre, il ne connaît même pas ton prénom. »
Ridicule! Je me fais des films sur quelqu'un qui ne serra jamais à moi. C'est sûr, ce genre de mecs il doit se taper uniquement des gazelles aux jambes interminables, formées comme des top modèles de Vogue. La preuve, il était avec Rachel : rayonnante, amusante, belle, sexy, intelligente, charismatique... bref, tout le contraire de moi : sans description en fait, banale.
Mais pourquoi me regarde-t-il comme il le fait depuis mon arrivée ? Ah, certainement une ruse pour avoir une nouvelle "bichette" à ses pieds. Même si je dois bien être la dernière sur la liste, pour le coup...
Putain, les garçons... tous les mêmes !

- Tu referas ton coup à une autre cette fois, mais pas dans la même famille, désolée, rétorqua agressivement Rachel.

- ah, parce que vous êtes de la même famille ! J'étais loin du compte, dis donc ! En même temps... il faut avouer que c'est loin d'être une évidence, tu vois ce que je veux dire?

Il prend un ton amusé, comme pour la taquiner.
« Est-ce que... sa phrase laisserait sous-entendre que... je suis plus jolie que Rachel ? Est-ce qu'il le pense vraiment ? »
Et ben ! Voilà que je me mets déjà à penser n'importe quoi à cause de quelqu'un qui ne m'a même jamais adressé la parole. Au contraire, il parle de moi comme si j'étais une marchandise, en s'adressant à celle qui m'accompagne au lieu de moi directement. Comme si j'avais quatre ans, ou pire : comme si j'étais dépourvue de toute faculté mentale et qu'il pouvait parler de moi en toute aisance sans que je n'y comprenne rien.
Bon, je reconnais que pour le coup, même s'il s'adressait à moi là maintenant, je ne serais sans doute pas à mesure de répondre, vu l'état dans lequel je suis...

- Va te faire foutre Keller, termina ma cousine en allant ouvrir le côté conducteur de sa voiture.

Je la suivis aussitôt et pris place sur le siège passager, sans un regard pour... Keller ? C'est donc comme ça qu'il s'appelle, mon beau voisin... Keller !
Je répétai ce nom à n'en plus pouvoir dans ma tête, jusqu'à ce que le vrombissement du moteur me ramène sur terre, et me fasse comprendre que nous nous mettions en route.

INSAISISSABLEWhere stories live. Discover now