Toc toc ? C'est Mr Le Rêve (2)

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Yoahn

— bonsoir. Prononça t'elle.

— bonsoir.

Elle était intimidée, malgré le fait qu'elle voulut le cacher sous son air hautin, je le savais, et puis après tout, j'en avais l'habitude, de voir des filles comme ça lorsqu'elles se retrouvaient en face de moi. Je ne pus retenir un sourire fier.

— je commençais à penser que tu finirais par ne jamais m'ouvrir.

Elle ne dît rien, et fixait obstinément la cigarette allumée que je tenais entre l'indexe et le majeur de ma main droite.

— je peux?

— toi oui, ça non. Marmonna t'elle en désignant ma cigarette d'un mouvement de tête.

Je me sentis un peu embarrassé, puis jetai le bâton à peine consumé par le feu dans l'herbe mouillée de la pelouse et levai les deux mains, comme pour me rendre.
Elle s'écarta, me laissant ainsi le passage pour entrer, ce que je fis sans broncher.
Elle referma la porte puis me tourna le dos avant de disparaître au fond d'un couloir.
Sérieusement ! Elle comptait vraiment me laisser planté là, tout seul ? « Bonjour les bonnes manières. »

J'observais attentivement la pièce, elle n'avait pas vraiment changé depuis la dernière fois que j'y étais. Bizarrement, elle ne me rendait pas du tout nostalgique, comme s'il ne s'était jamais rien passé entre Rachel et moi là. Pourtant, il s'en est passé bien des choses entre nous dans cette pièce. En même temps c'est vrai... que je n'avais pas accroché à cette fille — comme presque toutes d'ailleurs — elle était d'une bonne compagnie, marrante et surtout belle, en gros tout pour plaire quoi. Et oui, elle me plaisait, et pas qu'un peu, mais voilà... rien de plus. Elle était un peu à elle seule, tout ce qu'il manquait à Léa pour être la meuf parfaite, sauf question beauté, pour ça Léa n'avait rien à lui envier — c'est une bombe. À part ça, elle n'a rien d'exceptionnel et c'est pour ça qu'il fallait bien que je trouve du réconfort ailleurs. En tout cas même avec ces deux filles entre les cros, je ne me sentais pas comblé, j'en voulais toujours plus — et j'en avais. Mais ça ne suffit jamais. Une, deux, trois... elles ne sont jamais assez.

Le son de ses pas me fît comprendre que je n'étais plus seul dans la pièce, elle était revenue et vînt se poster devant moi. Puis me tendît une feuille. Je souris un peu bêtement en reconnaissant mon dessin.

— Olivia. Formulai-je en lisant ce qui était écrit au-dessus du portrait. C'est donc ça ton prénom ?

Elle hocha la tête.

— un peu cliché mais bon... ça passe.

Elle se contenta de me dévisager. On aurait dit qu'elle avait peur de me parler. Ça me faisait bien marrer.

— Et donc, qu'est-ce qui s'est passé ? Ça a un rapport avec Rachel ?

Elle hocha de nouveau la tête.

— Tu sais, il va bien falloir que tu me parles pour que je sache.

— je n'ai pas peur de te parler, ne t'inquiète pas. Répliqua t'elle blasée.

Eh ben...

— Tant mieux, même si c'est bien l'impression que tu donnais.

Elle leva les yeux au ciel puis prît place sur un fauteuil.

— elle a eu un accident... avec la voiture. Rien de trop grave, mais seulement elle s'est évanouie lors du choc et est restée dans cet état pendant un moment. Quand j'ai appelé c'est une infirmière qui a décroché et elle n'a même pas eu le temps de tout m'expliquer que j'ai paniqué, rien que le fait de savoir qu'elle ne pouvait pas parler m'a terrorisée et je me suis précipitée à l'hôpital. Heureusement, à mon arrivée elle était déjà réveillée, j'ai donc réussi à me calmer assez pour que le docteur puisse m'expliquer la situation et donc me faire comprendre qu'il n'y avait pas à trop s'en faire, d'ici deux ou trois jours elle sera de nouveau sur pieds.

— je vois.

Elle arqua un sourcil. « Je vois. » c'est vrai, peut-être un peu trop subtil comme réponse. Mais je ne sais jamais quoi répondre aux gens pour montrer ma compassion, moi. "Désolé, je suis navré, je te comprends" ?  Tout ça témoigne juste de la pitié, et moi je n'ai jamais aimé recevoir la pitié des gens, c'est pour ça que je ne parle jamais de mes tracasseries, moi.

— je veux dire...

— c'est bon, te dérange pas. Moi non plus je ne sais jamais vraiment quoi dire après que quelqu'un se soit confié à moi.

Elle esquissa un sourire innocent à la suite de ces mots.
Putain, qu'elle est mignonne ! On dirait presque une sainte.

— merci de t'être inquiété, c'est gentil.

— non, c'est normal.

~~

Olivia

— non, c'est normal. Dît-il en passant la main gauche dans les cheveux de sa nuque.

C'est étrange, on aurait dit qu'il devenait nerveux. « te fais pas de films ma pauvre, c'est ton imagination. » Ouais, certainement... mon imagination. Comme d'habitude.

— hem... tu veux boire quelque chose ?

— non, non je-

Il fût coupé par le début d'une musique que je reconnaîtrais entre mille — Birds. Et contre toute attente, c'était la sonnerie de son téléphone, qu'il arrêta aussitôt. J'étouffai un rire.

— ben... pourquoi tu réponds pas ?

— je sais que tu as envie de rire, mes potes en ont fait tout un sketch, t'en fais pas, lâche toi, j'ai l'habitude.

Je gloussai.

— Tu sais quoi ? J'adore cette chanson moi, c'est juste que je n'ai pas l'habitude des garçons fans d'Imagine Dragons.

— tout comme moi je n'ai pas l'habitude des filles qui se baladent avec des sacs à dos en forme de lapin rose.

Je fis de grands yeux ronds. « Oh non, la honte! »

— tu m'espionnes ou quoi? Grommelai-je. Je ne porte jamais ce sac en temps normal.

Il ricana puis me fît un clin d'œil.
« Oh-my-god ! Ouvrez les fenêtres je crois que j'ai de la fumée qui me sort des oreilles. »

— alors comme ça tu adores cette chanson ? Demanda t'il, comme pour changer de sujet.

I know that oooooooooooooh
Birds fly in different directions
Oooooooooooooooooooh
I hope to see you again
Ooooooooooooooooooh
Birds fly in different directions
Ooooooooooooooooooh
So fly... so fly...

ouh ! Mais tu as une belle voix en plus. Lança t'il ironiquement.

— mouais c'est ça, moque toi.

Il pouffa. Je pourrais le regarder rire comme ça jusqu'à en crever.
« Fais le sortir maintenant Liv, avant que tu ne puisses plus t'en passer. »
J'ai le choix... et je choisis de ne plus pouvoir m'en passer.
« Idiote! »
Je sais, je sais.

INSAISISSABLEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant