aux grands "mots" les grands remèdes

160 18 2
                                    

Olivia

Seulement voilà, comme j'essaye de l'expliquer depuis un moment déjà, le nouveau Yoahn est un lunatique à temps plein : Il peut se montrer tellement amoureux et sensible un instant, et devenir aussi glacial qu'une chambre froide la seconde d'après. Une spirale infernale dans laquelle je suis plongée. Une vraie torture émotionnelle.
Parfois j'ai vraiment comme l'impression qu'il s'amuse avec mes sentiments. Avec lui, ce n'est jamais ni chaud, ni froid. On jongle toujours entre le « je t'aime » et le « va te faire foutre ». Et tout ça... Tout ça commence sincèrement à me malmener psychologiquement. Je ne peux pas aimer un garçon en étant sur mes gardes en permanence. C'est comme marcher sur une corde au-dessus de charbons ardents : au moindre écart, tu te fais griller. J'en ai plus qu'assez. Avant lui je n'étais déjà pas stable mentalement, mais encore, si ça continue comme ça, je risque de devenir complètement et définitivement folle.

Même pas une heure après notre petit moment romantique, voilà que Yoahn me fait une scène parce qu'il ne veut plus que j'aille chez ma tante dans deux jours. Pourtant c'est quelque chose qui était prévu depuis des mois. Il savait que j'allais passer la semaine du nouvel an avec ma famille, et jusqu'aujourd'hui ça ne l'avait en rien dérangé.

- Mais Yoahn qu'est-ce que tu me fais, là ? Pourquoi subitement tu ne veux plus que j'y aille ?

- ah, désolé de vouloir avoir ma copine constamment avec moi.

- mais t'es dingue en fait ! Tu sais depuis plusieurs mois qu'il était question que je passe les fêtes là-bas.

- pff, vas-y fais ce que tu veux... De toute façon tu ne fais jamais aucun effort pour me prouver que tu tiens réellement à moi.

Je me fige net.

- Excuse-moi ? T'es entrain de vouloir jouer sur ma psychologie, là ! Et explique moi un peu... Pour toi cette semaine de retard que j'ai accusée en prétextant avoir choppé un gros rhume c'était pourquoi, hein, à ton avis ? Pour admirer les pigeons devant chez toi, peut-être ?

- si c'est ça, une preuve d'amour pour toi...

- mais bien-sûr, pour toi il faudrait que j'abandonne ma famille pour de bon...

- tu exagères toujours tout.

- J'hallucine ! C'est l'hôpital qui se fout de la charité.

Je secoue la tête, outragée.

- Je me disais juste que tu pouvais faire l'impasse sur tes fêtes en famille, pour cette fois.

- c'est déjà ce que j'ai fait l'année dernière, tu t'en souviens ? Je ne peux plus leur refaire le coup. Et si tu veux toute savoir, cette fois, j'ai vraiment envie d'y aller.

- charmant, s'exclame-t-il avec sarcasme.

- rhooo, arrête de faire genre, Yoahn !

- genre quoi ?

- genre j'allais trop te manquer.

- et toi arrête de faire ton insolente.

- et toi arrête de me taper sur le système.

« Mdr franchement, on dirait des gamins. »

- Alors comme ça te faire savoir que tu vas me manquer c'est te taper sur le système...

Je souffle bruyamment, agacée.

- Yoahn, ce n'est qu'une putain de semaine ! On a passé tout le reste de l'année ensemble bon sang !

- argh c'est bon, va te faire foutre.

Voilà ! Qu'est-ce que je disais ?

Mon copain fourre ses mains dans ses poches après avoir allumé une cigarette et sort de la pièce.

- Et puis Yoahn, je t'ai déjà dit à d'innombrables reprises que cette sale habitude me dégoûte, crié-je pour qu'il puisse m'entendre de dehors. Quand est-ce que tu vas enfin te décider à arrêter ?

- laisse-moi réfléchir... Probablement jamais ?

- c'est pas drôle, tu sais. Fumer est très dangereux pour la santé. Autant pour la tienne que celle de ton entourage.

- je sais. C'est même écrit sur les paquets de clopes, figure-toi.

- ah ah ah, je meurs de rire. Sérieusement, tu devrais une bonne fois pour toutes songer à arrêter le tabac. T'es trop con.

- et toi t'es tout, sauf ma mère.

- eh ben permets-moi de te dire que tu finiras comme elle dans moins de dix ans si tu continues ainsi.

Merde. Je n'aurais jamais dû lui dire ça. Du moins, pas comme ça.

Mon copain rentre à l'intérieur à la vitesse de l'éclair et vient se tenir droit comme un piquet devant moi, me toisant de toute sa hauteur.

- Qu'est-ce que t'as dit ? Demande-t-il furieux.

- je, em... C'est pas ce que je voulais dire, je suis vraiment désolée béb...

Je n'ai pas le temps de finir ma phrase, que Yoahn m'assène un violent coup de poing en pleine figure. Sur le coup, je m'écroule parterre en recouvrant la partie touchée de mon visage. La douleur est atroce. Du liquide chaud s'échappe de mes yeux. Tout mon corps se met à trembler alors que j'essaye difficilement de m'appuyer sur mes bras pour me relever. Je n'arrive pas à croire qu'il m'ait frappée. Je n'en reviens pas. Des sanglots viennent secouer ma poitrine de toutes les émotions indescriptibles que je ressens en ce moment. J'ai la tête qui tourne.
Yoahn me regarde affalée sur le sol, semble hésiter à me tendre la main pour m'aider à me relever. Il regrette son acte. Je le vois dans son regard rempli de culpabilité et d'inquiétude. Mais il est trop fier, alors il se tire les cheveux en grommelant un « fait chier ! » puis ressort. Je l'entends descendre les marches de la véranda. Il part. Il fuit. En parfait lâche.

J'observe mon reflet dans le miroir. J'ai un œil enflé au beurre noir et presque tout le côté droit du visage rouge. Je suis moche. Yoahn m'a amochée. Ça fait mal. J'ai honte.
J'effleure ma peau endolorie. J'ai des frissons. Je me sens déshonorée.
Les larmes ne cessent plus de couler de mes pauvres yeux rougis par la colère. Je me déteste d'aimer Yoahn. Je me déteste de lui donner autant de pouvoir sur moi.

INSAISISSABLEWo Geschichten leben. Entdecke jetzt