Always by my side

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Mon visage se couvre de honte lorsque Rachel apparaît derrière la porte après l'avoir ouverte et qu'elle me dévisage, si bien que je regrette déjà de m'être pointée là. Je crains presque qu'elle ne me crache dessus et me hurle de déguerpir.

Mais contre tout ce à quoi je m'attendais, elle s'écarte simplement pour me laisser rentrer, ce que je fais sans hésitation puis elle referme derrière moi.

— Bonsoir, je parviens à articuler, les yeux baissés.

Elle me répond sans tarder, sans doute impatiente de savoir ce qui m'amène.

Je jette un coup d'œil autour de moi. Tout est intacte. Ça fait plus d'un an que je n'ai pas mis le pied dans cette maison mais je ne m'y sens pas pour autant comme une étrangère. Au contraire, un étrange parfum de "chez-soi" vient me chatouiller les narines.

— Em... Tu es seule ?, Demandé-je.

— oui.

Je me racle la gorge, ne sachant pas comment aborder le sujet.

— Euh... En fait je demande parce que je t'avoue avoir remarqué que...

— Corneille. C'est son prénom, me coupe-t-elle.

— ah d'accord, euh... Vous êtes ensemble ?

— c'est évident, non ?

Je hoche la tête en me pinçant les lèvres, un brin nerveuse.

— Je suis contente pour toi.

— merci.

Un silence gênant succède sa dernière réplique avant qu'elle ne rebondisse.

— Bon ça y est, dis-moi. Pourquoi t'es là ?

Je déglutis.

— On devrait s'asseoir je pense, suggéré-je.

***

Et après trois longues heures à me plaindre, à me morfondre et à regretter de m'être laissée aveugler par mon amour pour Yoahn, j'ai enfin révélé à ma sœur que j'étais enceinte et que j'avais besoin d'elle plus que jamais.

Celle-ci, comme je l'avais secrètement espéré, a réagi d'une manière propre à elle-même. Elle m'a dit exactement ce que j'avais besoin d'entendre, m'a prise dans ses bras, m'a réconfortée et a essuyé mes larmes.

— Retourne lui parler, vous devez en discuter posément. Essaye de le convaincre tout en prenant la peine d'écouter son point de vue à lui aussi. Il est tout aussi effrayé que toi par cette grossesse tu sais ? Alors il peut avoir dit une grosse connerie, nous savons toutes les deux qu'il ne le pensait pas, n'est-ce pas ?

Je me contente d'acquiescer tout doucement, toujours haletante du fait d'avoir beaucoup pleuré, la tête dans ses bras.

— Dis, Rachel ?

— hmm ?

— tu te souviens de la première fois qu'on s'est disputées à propos de Yoahn ?

— je pense bien, oui, pourquoi ?

— tu m'avais dit que lorsque ça dégénèrerait, je ne devais pas compter sur toi pour m'épauler car tu m'aurais prévenue.

— et alors ?

Je lève les yeux vers elle, émue.

— Et alors là c'est exactement le contraire qui est entrain de se passer. Tu es là pour moi, comme toujours. 

Elle me fixe tendrement, cette façon de le faire me rappelle presque celle de ma mère, puis dépose un tendre baiser sur mon front.
Je ferme les yeux et me perds à imaginer que ce n'est pas Rachel qui me donne ce bisou, mais ma génitrice en personne. Et quand je rouvre mes paupières, je crois halluciner lorsqu'en l'espace d'une seconde, au lieu de ma cousine, se dresse en face de moi, en chair et en os, la femme qui me manque depuis plus de quatre ans maintenant. Souriante et toujours aussi belle, exactement comme dans mes souvenirs. Mais la réalité ne perd pas de temps à revenir me frapper de plein fouet au visage, alors que des larmes reviennent remplir mes yeux déjà tout rougis par les précédentes.

— Allez cesse de pleurnicher maintenant, mauviette, et bouge toi un peu l'cul. Tu as un petit copain troublé par ses émotions à raisonner.

Je souris vaguement et me racle la gorge en me reprennant.

— Par contre... Euh, je peux dormir ici cette nuit ? Si ça ne t'embête pas, bien sûr. Je ne suis pas prête à lui reparler ce soir. Et puis... La nuit porte conseil, je saurai mieux comment aborder le sujet demain.

— mais j'hallucine, là. Tu me demandes la permission pour dormir chez toi ? Faut vraiment qu'tu t'fasses soigner ma pauvre...

Je lève les yeux en l'air suite à sa réflexion on ne peut plus débile et ris doucement.

Il n'y a pas à dire, ça me fait le plus grand bien de retrouver Rachel.
Je sens déjà un immense poids en moins à toutes les responsabilités qui pesaient chaque jour un peu plus sur mes épaules, rien que de l'avoir à nouveau à mes côtés.
Elle m'a terriblement manquée.

Je lui dis bonne nuit et vais me coucher, sans pouvoir m'empêcher d'avoir l'esprit torturé par mon face à face de demain avec Yoahn...

INSAISISSABLEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant