22-L'Attaque (part-1)

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JE M'APPROCHE DE SON LIT, MON OREILLER ENTRE LES MAINS. Derek est toujours inconscient, ce sera plus facile cette fois. Mon oreiller est à présent à quelques centimètres de son visage. Je l'approche, un peu plus, mais au moment de plaquer le coussin sur sa face, je me fige. Pourquoi j'hésite autant?

Allez, va s'y, Jameela!

Akan est dans cet état à cause de lui. Tout ça, c'est de sa faute. Je serre le coussin si fort entre mes doigts, que s'il était en verre, il serait déjà brisé. J'avance un peu plus, le tissu frôle maintenant son nez.

Non!

Qu'est-ce que je fais? Je balance l'oreille à l'autre bout de la pièce. Je ne peux pas faire ça. Je ne suis pas une meurtrière. Je recule jusqu'à mon lit et colle mon dos contre la barre. Cet endroit me pousse à faire des choses insensées. Papa avait raison. Je n'aurais jamais dû venir ici. Je pensais que l'Alliance avec les Unions signifiait que les rancunes du passé étaient oubliées et que le Mélange se passerait bien. Mais ce n'est pas le cas. Les Unions ne voudront jamais de moi. Parce que je ne suis pas comme eux. Pour eux je serai toujours qu'un Virus.

Mes mains tremblent de nouveau. J'étouffe un sanglot au fond de ma gorge. Je dois quitter cet endroit et je ne parle pas seulement de l'infirmerie, mais de l'Académie. J'en ai assez! Je m'approche du lit d'Akan, toujours inconscient. Est-ce qu'ils ont prévenu ses parents? Est-ce qu'ils savent que leur fils se trouve dans cet état. Sûrement pas. Je dois le leur dire. Je dois retourner chez moi. Je pose un baiser sur le front de mon ami et essuie une larme qui coule sur ma joue.

-Je vais les prévenir, Akan, soufflé-je.

Je me tourne vers la porte. Au moment de l'ouvrir, je tombe nez à nez avec une femme. Elle porte un petit ensemble bleu et a un stéthoscope autour du cou. C'est une infirmière, elle est plus jeune que celle qui m'a piqué avec la seringue plus tôt. Il a une bouteille en verre dans la main droite. On dirait que quelqu'un a passé du bon temps ce soir.

-Où est-ce que vous allez? me demande-t-elle en buvant une gorgée de sa bouteille.

Son haleine empeste l'alcool. Je fronce les sourcils, elle est censée travailler là?

-Je pars, marmonné-je en sortant de la pièce.

-Mais vous n'avez pas le droit de quitter cette salle, lance-t-elle en me poursuivant dans le couloir.

Je marche plus vite, espérant qu'elle arrête de me suivre, mais j'entends toujours ses pas derrière moi.

-Mademoiselle! crie-t-elle.

Elle m'agrippe le poignet et me force à me retourner vers elle.

-Qui a détaché vos menottes?

Je dégage brusquement mon poignet de sa main. Elle commence à m'énerver celle-là. Je m'apprête à lui répondre que ce n'est pas de ses affaires, mais un bruit m'en empêche. Le son d'un grognement je dirais. De l'autre côté du couloir, il y a une porte. C'est là d'où provient le bruit.

-Vous avez entendu ça? demandé-je à l'infirmière.

Je n'attends pas sa réponse et je me dirige vers la porte. Quand je l'ouvre, je vois qu'elle mène à une terrasse qui fait face au Mur Protecteur. Le mur qui sépare physiquement l'Enceinte des deux Territoires de l'extérieur. Il fait plutôt sombre dehors. Seule la lune éclaire le ciel et c'est assez pour que je constate que l'endroit est désert. Il n'y a pas un chat, ici, mais j'ai bien entendu ces grognements. L'infirmière arrive derrière moi, elle pose sa bouteille près du rebord de la fenêtre du couloir et sort sur la terrasse. D'un coup, je vois une personne courir, plutôt qui s'enfuit de la place. La personne porte un sweat à capuche noir sur la tête et même s'il fait assez sombre, j'arrive à le distinguer. 

Virus Tome 1: L'AllianceWhere stories live. Discover now