Virus Tome 1: L'Alliance

23- Démasqué

JE MARCHE PRÈS DES DÉPOUILLES DE SOLDATS QUI SONT MORTS CETTE NUIT. Pour l'instant, j'en ai compté cinq. Les Soldats Blancs séparent leur corps de ceux des Immortels. Ils commencent à déplacer les cadavres des charognes vers l'extérieur sur la terrasse. Daniel a ordonné aux soldats de nettoyer tout ce bazar. Je marche dans le couloir pour voir les dégâts. Le sol est rempli de dépouilles de ces morts-vivants. Au moins, il y a plus de pertes de leur côté que du nôtre. Je m'assois sur les escaliers qui mènent vers le Dortoir. Les autres Novices sont déjà remontés se coucher sous l'ordre du Capitaine. Moi, je ne sais pas si j'y ai encore ma place. Avant l'attaque, j'avais prévu de partir et de toute façon, on m'a renvoyé de l'Académie.

-Pourquoi? demande une voix.

Je lève les yeux et vois Charles. Il se tient debout devant moi au pied des escaliers. Je voulais aider à déplacer les cadavres des Immortels mais mon épaule, là où la créature m'a mordue, me fait très mal. Je sais qu'en tant que Intouché, je ne risque pas d'être contaminée par la morsure, mais ça ne m'empêche pas de ressentir la douleur.

-Pourquoi? répète Charles avec plus d'ardeur dans la voix. Pourquoi tu m'as sauvé la vie tout à l'heure?

Il s'assoit sur la marche d'escalier près de moi.

-Après ce que je t'ai fait subir, tu m'as quand même aidé avec l'Immortel.

-Ouais, j'ai fait ça, marmonné-je.

Mes yeux se baladent sur les corps étalés sur le sol devant nous. Beaucoup de soldats sont morts cette nuit.

Six!

Je viens de remarquer la dépouille d'un sixième soldat. Il est juste devant nous et il n'a pas l'air d'être plus âgé que nous. Un grand brun au teint olive. On n'a pas besoin de s'entretuer entre nous. Les Immortels se chargent de ça déjà à notre place.

-Pourquoi? insiste-t-il.

-Parce que tu n'es pas mon ennemie, Charles et je ne suis pas la tienne, soufflé-je.

Je pointe les charognes du menton.

-Ce sont eux, les véritables ennemis.

Il me regarde avec de grands yeux. D'un coup, je me rappelle des mots qu'avait prononcés le Capitaine, après la bagarre à la cafétéria. Ces paroles ont beaucoup plus de sens, désormais.

-Peu importe le Territoire d'où on vient. Peu importe la couleur de notre peau. Peu importe notre sexe. Ces monstres, ils n'en ont rien à faire. Ils te bouffent, c'est tout. La seule chose qui compte, c'est que c'est nous contre eux maintenant.

J'inspire profondément et lui tends la main.

-Je suis prête à me battre à tes côtés Charles et toi?

Il fixe ma main quelques secondes, comme un animal qui regarde si sa proie est bien comestible. Il lève les yeux sur les miens et sourit avant d'empoigner à main.

-Ensemble nous vaincrons.

La devise des Soldats Blancs.

-Ensemble nous vaincrons, répété-je.

-Merci, de m'avoir sauvé la vie, conclut-il.

Je hoche la tête en guise de réponse.

D'un coup, il se relève d'un bond et adopte une posture bien droite, mains croisées derrière le dos. Je jette un coup d'œil derrière mes épaules et me redresse à mon tour sur mes jambes en adoptant la même posture.

-Capitaine, lance-t-on d'une seule et même voix.

-Repos, dit Daniel en s'arrêtant devant nous.