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LÉNAÏC

Je venais peut être de claquer la porte un peu fort.
C'est ce qui me traversa l'esprit en voyant quatre têtes sortir du studio.

-Ça va gros ? Tu rentres bien tôt.

-J'allais pas vous laisser faire tout le boulot à ma place. Répliquais-je en retirant ma veste de costume et en attaquant les boutons de ma chemise.

Je passais par ma chambre pour troquer ma tenue de soirée contre un jogging et un tee-shirt. En enfilant ce dernier, je marquais un moment d'hésitation, est-ce que c'était son parfum qu'il sentait ?
Impossible ça faisait des mois qu'elle n'était pas venue ici.

Une bouteille d'eau traînait à côté de ma table de nuit et je l'attrapais avant de rejoindre les gars dans le studio.

-T'as une de ces têtes. Ré attaqua Medhi.

-Ils t'ont viré parce que tu faisais peur aux jolies mannequins ? Railla Julien.

-C'est vrai que ça a pas l'air d'aller. Rajouta Raph.

Je me tournais vers Enzo en attente de son grain de sel à lui.

-Quoi ? Me demanda t-il.

-Tu ne vas rien rajouter toi ?

-Ah, euh, non. Enfin, si. Ils ont raison t'as pas bonne mine.

Je m'affalais dans le canapé en soupirant.

-Je l'ai quitté. Soufflais-je en me passant une main sur le visage.

-Qui ? Osa demander Medhi.

-T'es con ou quoi ?

-Bah quoi ?

-Juliette. Je l'ai quitté.

-Ce soir ?

-Oui.

-Pourquoi ?

-C'est pas le sujet là on a un EP à torcher.

-Tu veux pas en parler un peu avant ? On a encore du temps.

-Non c'est bon. Ça nous pendait au nez de toute manière. On commence par quoi ? Ré enregistrer tout ce qui était merdique ?

Je passais directement en cabine.
Tout se passa à peu près bien le temps des trois premières prises puis ma gorge se serra inexpliquablement, empêchant les mots de sortir clairement de ma bouche.

-Putain !

Concentre toi merde t'as pas le temps !

Mais je la revoyais.
Plus belle que jamais face à moi alors que je la quittais.
Ses cheveux, sa bouche, ses yeux. C'était surtout ses yeux, je ne les avais jamais vu si vides. Enfin si, il y a neuf ans quand je ramassais les pots cassés.
Je lui avais fais cette putain de promesse. J'avais promis de ne jamais lui faire de mal mais je ne l'avais pas tenue. Ses yeux en étaient la preuve.

Et les miens, semblant réaliser ce qu'il s'était vraiment passé quelques heures plus tôt, décidèrent qu'il était temps d'ouvrir les vannes.
Voilà que je pleurais comme un connard.

-Len...

-J'ai juste besoin d'une clope. Reniflais-je.

Je sentis tous les regards dériver vers Raph qui semblait avoir été désigné d'office.

-Et foutez moi la paix. Tous.

Deux clopes ne suffirent ni à calmer les larmes qui dévalaient mes joues, ni à appaiser le tremblement de mes mains.
Quand l'idée de me servir un verre me traversa, ce que Juliette m'avait dit me revint comme un flash : "tu empestes l'alcool"
Une autre clope ferait peut être l'affaire alors.

Coup de FoudreWhere stories live. Discover now