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LÉNAÏC

120 appels manqués.
800 messages non lus.

J'avais arrêté de compter le nombre de fois où les garçons avaient tenté de venir chez moi.
Prévoyant qu'ils allaient vouloir bosser au studio, j'avais fermé les deux verrous dont ils n'avaient pas les clés.

Ça faisait donc une semaine que je vivais en ermite seulement accompagné du silence et d'une bouteille. Enfin pas une seule mais j'avais arrêté de compter depuis un bail me contentant de laisser les cadavres s'empiler.

Réveillé depuis quelques minutes d'une nouvelle courte nuit sans rêve, je me frottais le front pour tenter de diminuer la sensation permanente de martèlement dans mon crâne avant de me rendre compte que mes mains tremblaient.

Une douche bien chaude me calmerait peut être.

Ça n'avait rien changé.

Peut être un café ?
En allumant la machine à café, mon regard se posa sur le fond d'une bouteille de Jack.
Après l'avoir terminé et avoir enchaîné avec un expresso, le tremblement avait cessé.

Mais ce n'était pas assez.

Et je n'avais plus rien à boire.

En désespoir de cause j'ouvris le congélateur mais une autre pulsion de désespoir m'avait déjà poussé à vider la vodka que j'y gardais.

Après avoir enfilé des chaussures et un sweat, je passais devant le grand miroir dans l'entrée et m'arrêtais net en voyant ma gueule.
Je venais de prendre une douche mais je ressemblais quand même à un clochard ambulant. Mes cheveux, encore humides étaient tout hirsutes tout comme ma barbe qui en plus me démangeait.

Je n'étais jamais sorti avec cette gueule. Si quelqu'un me reconnaissait avec cette dégaine ça ferait vite le tour des réseaux sociaux qui me prendraient pour....pour quoi ? Un clochard ? Un pauvre type désespéré ? Un alcoolo ?

Des tréfonds de ma conscience une petite voix ricana qu'ils auraient raison et je la détestais parce que l'alcool n'était plus suffisant pour la couvrir.

Quelqu'un dans mon répertoire pourrait bien me filer une adresse pour acheter de la coke. Ça aurait en plus l'avantage de me sortir de ma léthargie.

Un nouveau coup d'œil à mes yeux injectés de sang me fit un électrochoc qui me laissa en larmes, planté comme un con au milieu de mon appartement.

-Pauvre type.

Après une heure affalé dans le canapé à pleurer sur la loque pathétique que j'étais, le tremblement de mes mains avait atteint son apogée. En prenant mon portable pour regarder l'heure, j'attrapais une tentative en cours d'appel de Baptiste.

-Ouais ?

-Oh Len putain t'es vivant !

-Vous êtes où?

-Chez Raph. On pensait que....

Ne le laissant pas terminer sa phrase, je raccrochais avant d'attraper mes clefs et de sortir.
Heureusement que Raph n'habitait pas trop loin, les secousses du métro m'auraient fait vomir à coup sûr.

Gardant bien la tête baissée pour éviter tout moment gênant avec quelqu'un qui me reconnaîtrait, je m'empressais d'entrer dans le hall de Raph qui m'ouvrit à peine j'avais posé le doigt sur la sonnette.

Son regard trouva tout de suite le mien et au lieu de me demander stupidement "ça va ?" ou de me faire une tonne de reproches comme ne manqueraient pas de le faire Enzo et Julien, il écarta les bras pour que je m'y blotisse comme un gamin.

Coup de FoudreWhere stories live. Discover now