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LÉNAÏC

L'été laissait doucement place à l'automne, saison synonyme du début du déclin de l'éclat de la nature.
Si tout le monde regrettait la fin de l'été, il en allait différemment pour moi qui accueillait ce changement de saison comme un renouveau.

Les travaux que j'avais entrepris avaient quelque peu été mis en pause, m'étant concentré sur l'aménagement d'un studio. Le livreur d'amazon était même devenu la personne que j'avais le plus vu ces dernières semaines quand je n'étais pas enfermé dans le studio à monter mes nouvelles acquisitions ou à les tester.

Medhi était passé deux jours pour ajuster quelques réglages et ça m'avait fait un bien fou de le voir, les autres étant en prépa de tournée, c'était aussi pour ça qu'il n'était pas resté plus longtemps.
On avait beaucoup discuté, ce qui m'avait fait culpabiliser lorsque je m'étais rendu compte que cela faisait bien plus longtemps qu'avant mon départ en Bretagne que ça n'était pas arrivé.
On était même remontés jusqu'à l'époque où il voyait ma sœur et sans me dévoiler les détails de leur histoire, il m'avait exposé pourquoi ils n'auraient jamais pu se mettre véritablement ensemble.

Ma grand mère était devenue ma plus grande fan, passant au moins une fois tous les deux jours pour m'apporter à manger, comme si j'étais incapable de me nourrir tout seul à trente trois ans. On profitait toujours de ce moment tous les deux pour bavarder autour d'une tasse de thé, ma Street cred en prenait un sacré coup, avant que je lui fasse écouter des anciens sons ou les nouvelles choses sur lesquelles je travaillais.

De sa grande expérience d'écoute de rap, qui se limitait à ma première chanson qu'elle avait trouvé trop vulgaire, ma grand mère m'avait fait une analyse poussée sur mon style et les choses que j'avais à améliorer.
Et comme un gentil petit fils, et accessoirement vieux garçon célibataire paumé, j'avais pris ses conseils en compte et les avais appliqués.

Je n'étais pour le moment satisfait d'aucune démo. Je trouvais le changement trop brutal, trop soudain et me retrouvais même incapable de prononcer à voix haute les lignes que j'avais griffonné sur une feuille.
Mister BN était en pleine transformation.
Il me semblait parfois que je retombais sur la case départ à me poser des questions connes que j'aurais éludé en deux secondes quelques mois plus tôt.

Sauf qu'il était difficile d'oublier l'énorme fiasco de l'ep qui avait résulté de ces réponses.

Je n'avais plus de mal à écrire, mais composer était une tannée. Il aurait été si simple de rejoindre les garçons sur la tournée et de me laisser porter par Medhi qui avait toujours su avant moi ce qu'il me fallait.

Mais rien que d'y penser, j'étais tétanisé à l'idée de replonger.

Ma grand-mère m'avait bien évidemment glissé que je ne pourrais pas vivre terrer dans la maison toute ma vie mais j'y avais sincèrement songé, surtout que ce n'était pas mon mode de vie actuel qui pomperait mon compte en banque.

Je commençais à m'habituer à la solitude, ce n'était plus d'être entouré qui me manquait, mais des gens spécifiques. Les garçons bien sûr, ma sœur, Juliette.

Juliette surtout.
Le manque d'alcool s'étant estompé et ayant décidé de changer de stratégie en se transformant en un manque physique. Je passais des journées entières concentré sur un morceau avant de tourner en rond au moment de me coucher pour me réveiller en plein milieu de la nuit, brûlant d'images très peu catholiques.
La première fois, ça m'avait prit de court mais j'y étais maintenant habitué et après une douche, je me traînais jusqu'au canapé pour lancer n'importe quel dessin animé histoire de me distraire avant de me rendormir. Le plus efficace semblait être la Pat' Patrouille dont je commençais à connaître les épisodes par cœur.

Coup de FoudreWhere stories live. Discover now