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JULIETTE

Ça faisait une éternité que je n'étais pas revenue ici.
Presque onze ans précisément.
Pourtant le hall de l'hôtel n'avait pas changé d'un poil.

On m'avait prévenu que la chambre non plus, pourtant ce ne fut pas suffisant pour me préparer à entrer dans la chambre où j'avais cru mourir.
Un immense malaise me prit pourtant quand j'en passais le pas.

-Vous vous sentez bien Mlle Blanchard ? On n'est pas obligés de faire ça maintenant.

Les faits de mon agression n'étant finalement pas prescris, le juge avait demandé une sorte de reconstitution dans la chambre d'hôtel. Ce n'en était qu'une "sorte" puisqu'Alexander n'étant inculpé d'aucune charge pour le moment, ses avocats avaient bien évidemment crié au scandales et refusé cette mascarade.
Mais pas moi.
Même s'il n'était pas là et que je ne pouvais pas le confronter, je me sentais écoutée et soutenue par les inspecteurs chargés de l'enquête et je n'allais pas me priver de leur donner ma version.

-Je suis juste un peu perturbée mais ça va passer, merci.

Claire suivait aussi avec l'air inquiet d'une maman poule.
On ne se connaissait pas à l'époque des faits mais elle avait été l'une des seules, voir même la seule avec Len a avoir su les détails de l'enfer que j'avais traversé.

Le deuxième inspecteur referma la porte de la suite derrière eux et j'avançais un peu plus dans le salon, avant de m'arrêter net.

-Ce n'est plus le même tapis.

Ça ne semblait être qu'un détail mais tout le reste du mobilier et de la décoration était resté en l'état. Tout, sauf le tapis.

-Il était vert quand...

Je ne terminais pas ma phrase, trop perdue pour faire autre chose que de fixer l'immense tapis pourpre qui était par terre.

-Hormis le tapis, tout le reste vous semble dans le même état ?

-Oui. Le tapis était vert quand je suis entrée dans la suite pour la dernière fois.

-Pourquoi précisez-vous "quand je suis entrée ?"

-Parce qu'il était tâché de sang quand j'en suis sortie. C'est sur le tapis qu'il...qu'il a...qu'il m'a...

-Prenez votre temps Mlle Blanchard. Peut être que si l'on reprenait au début de la soirée ? Je sais que mes collègues ont déjà prit votre déposition mais peut être que de nouveaux éléments vous reviendront maintenant que vous êtes ici ?

-J'étais venue à Londres pour le voir jouer. On ne s'était pas vu depuis quelques semaines parce que je travaillais alors je suis venue. Je ne me souviens pas des détails, juste que je n'en avais pas très envie. Je revenais de New York et j'aurais préféré aller me faire dorloter chez mes parents et me reposer mais je suis venue ici. Souvent quand on n'était pas ensemble, il m'envoyait énormément de messages et m'appelait à n'importe quelle heure du jour ou de la nuit en me laissant des messages horribles si je ne décrochais pas. Alors peut être que ce jour là je l'ai rejoins pour au moins faire cesser ce harcèlement incessant. Ça ne se passait généralement pas mieux quand on était ensemble mais au moins je n'avais pas ce nœud dans le ventre chaque fois que je regardais mon téléphone ou chaque fois qu'il sonnait. Je ne me souviens même plus de s'il avait gagné ou pas. Juste qu'on était déjà venu dans cette suite. On s'y était déjà disputé, de toute manière on se disputait souvent. Il trouvait toujours un reproche à me faire. Soit sur la manière dont j'étais habillée, soit sur la manière dont j'avais regardé un autre homme. Ce soir là, dans l'ascenseur, il m'a accusé d'avoir flirté avec l'un de ses coéquipiers. J'ai bien sûr nié. Il aurait fallu que je sois folle pour flirter avec un autre, surtout alors qu'il était dans les parages. Et j'étais tellement amoureuse de lui que jamais je n'en aurais regardé un autre. Il était tellement beau, tellement parfait, tellement... Je ne saurais même pas l'expliquer. Il était parfait et moi j'étais trop bête, trop gauche, trop....pas assez tout pour le mériter. Et j'en étais pertinemment convaincue. Moi, petite française de 20 ans , remarquée par lui dont tout le monde parlait. C'était trop beau, bien trop beau alors si je voulais le garder et bah je pouvais bien supporter qu'il soit un peu jaloux. Quand on est entrés dans la chambre, je lui ai dis qu'il était parano et que si j'étais venue c'est parce que je voulais le voir lui et que je l'aimais. Quand on est arrivés ici, à l'endroit précis où je me tiens là, il m'a prit les deux bras et à balayé mes jambes avec la sienne. Je suis tombée sur le tapis et il est parti dans la chambre.

Coup de FoudreWhere stories live. Discover now