46

136 17 1
                                    

JULIETTE

La maison était plongée dans le silence le plus total.
J'étais déjà réveillée depuis presque une heure, n'osant pas me lever pour ne pas le déranger.
Mais je n'arrivais plus à me retenir et il fallait absolument que j'aille aux toilettes.

Traversant le pallier sur la pointe des pieds, je m'arrêtais devant une porte entre ouverte après avoir fait pipi. Selon mes souvenirs, c'était la chambre de ses parents.
Un petit sourire m'échappa en découvrant qu'il l'avait transformé en studio. 
L'ancien canapé du salon était sous la fenêtre, le cuir creusé d'avoir accueilli son corps de nombreuses nuits supposais-je.

L'écran du grand ordinateur était en veille et je ne pu m'empêcher de faire bouger légèrement la souris pour voir ce sur quoi il travaillait. Après dix ans, je ne comprenais toujours rien aux logiciels en tout genre mais il semblait en plein travail sur un nouveau morceau, ce dont je ne me souciais pas par peur d'appuyer sur un mauvais bouton et de faire une bêtise.

Le second écran était une page de l'explorateur de fichiers. Dans le dossier "maquettes en cours BN", plusieurs pistes étaient déjà enregistrées, numérotées de 1 à 13.
J'aurais dû partir, ne pas fourrer le nez dans ses affaires, surtout dans le contexte actuel, mais mon doigt cliqua sur la première piste. Surprise de ne rien entendre, je tentais de monter le son avant de voir le casque posé juste devant moi et de le mettre.

"J'ai un problème avec l'alcool, Je me sens détraqué. Quand je lui ai dis, Ma mère m'a regardé comme si elle avait fait un demeuré. Elle en a beaucoup pleuré, Comme si un fils alcoolique était pire qu'un enfant mort né. Mais ne t'inquiète pas maman, Je suis en train de me soigner. Je fais des trucs de mec healthy que j'ai jamais tenté. L'autre jour je me suis retrouvé dans un aquarium pour éloigner les pulsions et tout ce à quoi je pensais c'était : ça boit quoi un poisson ?"

Retirant le casque avant d'en entendre plus, je stoppais la piste alors que mon cœur semblait battre dans mes oreilles. C'était une intrusion totale dans son intimité, ce n'est pas parce qu'il avait enregistré ça qu'il le sortirait un jour, ça pouvait être plus thérapeutique qu'autre chose.
Mais la curiosité malsaine l'emportant, j'appuyais sur une autre piste avant de remettre le casque.

"Je sais déjà que mon album de rupture ne sera pas aussi réussi que celui de Raph. Le brouillard semble encore trop léger pour décrire le cercle vicieux dans lequel je me suis enfoncé.

Spleen, déprime, ruine.

J'aurais du apprendre une dizaine de langues pour te susurrer des mots doux du monde entier. Aurait-ce été suffisant ?

Spleen, déprime, ruine.

Maintenant il ne reste que moi et les draps sont froids. Comment tu fais pour supporter qu'elle ne soit plus là? La réponse c'est que je bois. A chaque gorgée qui brûle ma trachée, je tente de te noyer un peu plus dans mes pensées.

Spleen, déprime, ruine.

Etant sûr d'avoir tout gâché, Toute chaleur humaine était bonne à prendre maintenant que mon corps préféré ne m'étreindrait plus jamais.

Spleen, déprime, ruine.

Confiance brisée comme mon cœur, Baiser tout le mannequinât ne te ramènera pas. J't'avais fais des promesses d'amour. Maintenant tu me vois juste comme un gros lourd."

Coup de FoudreWhere stories live. Discover now