Chapitre 21 : Les Loups De L'Isengard

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Le lendemain, à l’aube, tous reprirent leur route en direction du Gouffre de Helm. Le ciel était gris, comme dénué de tout espoir. Mais les hommes continuaient leur chemin. Tauriel, Legolas et Gimli s’étaient reculés pour être derrière le roi, et avaient laissé Aragorn et Éowyn côte à côte. Tous marchaient à pied, pour soulager leur monture.

Mais bien vite, l’elfe blond avait été appelé pour aller à l’avant, pour guetter le moindre danger de ses yeux perçants. Tauriel était restée en compagnie de Gimli, qui s'amusait à lui raconter ses souvenirs d’enfance.

Néanmoins, cet échange pour le moins amusant prit rapidement fin. Un cri retentit derrière la colline en face d’eux, et Legolas disparut de son champ de vision. Malgré la distance, l'elfe rousse entendit ce qu’il se passait, et en particulier la voix de l’elfe qui annonçait un éclaireur. Aussi n’eut-elle pas besoin d’atteindre le retour d’Aragorn, parti voir la cause de ce bruit, pour savoir qu’ils étaient attaqués par une bande d’orcs et de wargs. Elle se rapprocha immédiatement de sa monture et s’empara de ses rênes.

-Nous sommes attaqués ! Cria Aragorn en dévalant la pente à toute vitesse.

Aussitôt cette nouvelle annoncée, la panique se dispersa dans les rangs. Les femmes et les enfants se serrèrent les uns contre les autres, en criant de terreur. Ils fixaient avec appréhension la colline, craignant ce qui allait y apparaître.

-Cavaliers à la tête de la colonne ! Ordonna le roi.

Elle tourna la tête vers Gimli, qui peinait à tenir Arod pour monter sur son dos. Avec un soupir amusé, Tauriel s’approcha et lui tint les rênes tandis qu’un soldat l’aidait à monter sur sa monture.

-C’est moi, c’est moi, je suis en cavalier ! S’écria-t-il en se hissant avec difficulté.

Mais il manqua de tomber de l’autre côté, et Tauriel eut bien du mal à le remonter. Finalement, après quelques secondes d’effort, le nain tenait sur sa selle. Soulagée, elle put s’écarter pour monter sur le dos de Fengel, qui piaffait d’impatience.

-Emmènes ces gens au Gouffre de Helm ! Dit le roi à Éowyn, à quelques mètres de l’elfe rousse.

-Je sais me battre ! Répondit la jeune femme.

-Non ! Tu dois faire cela, pour moi, supplia le roi.

Tandis que sa nièce se retournait, déçue, le roi talonnait son cheval et prit la tête de la colonne au galop. Éowyn encouragea les gens à rester proche, et les guida pour les éloigner. Tauriel suivit le roi, devant Gimli, qui avait finalement réussi à faire avancer Arod.

Les cavaliers gravirent la pente au grand galop et ils purent enfin tous voir ce que Tauriel avait entendu : un groupe d’orcs, perchés sur leurs wargs, s’avançaient vers eux en hurlant. Le roi, guidant les autres sur son cheval blanc, dégaina son épée et la pointa vers l’avant, suivi bientôt de tous ses soldats. L’elfe rousse noua les rênes de Fengel sur son garrot, et attrapa son arc et une flèche. En face d’eux, les orcs avançaient de plus en plus vite. Quand ils furent à quelques dizaines de mètres seulement, Tauriel tua le warg arrivant sur elle, avant d’en prendre une autre pour son cavalier. Mais le reste de leurs ennemis continua de charger. Le choc fut rude.

Des hommes lancèrent des lances, certains décapitèrent à l’aide de leur épée, tandis que d’autres étaient jetés violemment à bas de leur monture. Tauriel reprit une flèche dans son carquois et tua un nouvel arrivant juste en face d’elle. Derrière, elle entendit Gimli grogner suivit d’un grand bruit, signe qu’il était tombé au sol. Jetant rapidement un coup d’œil derrière son épaule, elle vit le nain sur ses deux jambes, sa hache fermement tenue dans ses mains gantées. Il y avait un warg devant lui, qui le fixait, la bouche dégoulinante de bave. N'hésitant pas une seconde, Tauriel fit faire demi-tour à Fengel et le lança au grand galop sur le warg. D’une flèche dans la gorge elle le tua, et le monstre s’écoula aux pieds du nain, mécontent qu’on lui ait volé sa proie.

-Celui-ci compte quand même pour moi !

Tauriel continua sa route, ne se préoccupant pas des ronchonnements du nain dans son dos. Il y avait bien trop d’ennemis devant elle pour qu’elle prenne part à sa discussion. Ce qui n’empêcha pas un petit sourire d’étirer ses lèvres tandis qu’elle se battait.

Elle tuait le plus d’orcs et de wargs avec son arc, et en priorité ceux qui s’approchaient dans le dos des Rohirrims. Le nombre de leurs ennemis diminuait peu à peu, mais certains cavaliers de leur côté était resté aussi à terre.

Une de ses flèches abattit un énorme warg dans sa course, éjectant son cavalier. Sans ralentir Fengel, elle lança un poignard, qui vint couper la gorge de l’orc instantanément.

Le combat se poursuivit ainsi pendant plusieurs minutes, jusqu’à ce qu’il n’y ait plus aucun orc debout. Alors, enfin, Tauriel se détendit et baissa sa garde. Elle balaya le lieu du regard, pour trouver ses compagnons de route. Gimli achevait les derniers orcs et wargs au sol de coups de hache, et Legolas regardait tout comme elle autour de lui. Mais elle ne vit pas Aragorn. Immédiatement, elle sentit une panique soudaine monter en elle. Elle vérifia à nouveau s’il n’était pas là, cependant, elle ne le trouva pas non plus. Elle croisa le regard bleu de Legolas quelques instants, qui semblait tout aussi inquiet.

-Où est Aragorn ? Souffla-t-elle si faiblement qu’il n’avait aucune chance de l’entende.

Néanmoins, elle sut qu’il avait lu sur ses lèvres, car il secoua la tête négativement. L’angoisse d’avoir perdu le rôdeur se fit plus grande encore. Et elle vit dans les yeux de l’elfe blond le même sentiment. Elle se détacha de son regard hypnotisant, et fit quelques pas incertains. Elle commence à appeler le nom de l’héritier d’Isildur, mais elle n’obtint aucune réponse. La voix de Legolas se joignit à la sienne, bientôt suivi par Gimli, qui venait de les rejoindre. Même le roi semblait être inquiet, et cherchait du regard le rôdeur.

-Aragorn ! Appela-t-elle une nouvelle fois, et une nouvelle fois, elle n'eut aucune réponse.

Elle continua d’avancer, et se rapprocha de Legolas, qui marchait vers le promontoire surplombant la rivière. Il s’agenouilla un instant, cherchant sans doute des traces sur le sol et elle le suivit. Un rire rauque les fit se retourner. Un orc encore en vie- néanmoins mal au point- était allongé sur le sol et posait sur eux ses yeux sombres en rigolant. Gimli s’avança vers lui, et lui mit sa hache sous la gorge. Théoden s’approcha également, en gardant cependant une distance convenable.

-Dis-moi ce qu’il s’est passé, et j’abrègerai tes souffrances, proposa de manière menaçante le nain.

Mais le mourant continua de rire sans faire attention à sa menace, jusqu’à ce qu’une toux violente ne le secoue.

-Il est…mort, cracha l’orc entre deux quintes.

Sentant une vague de colère déferler en elle, elle s’approcha de l’orc en deux grandes enjambées, et appuya sa botte contre sa cage thoracique, lui faisant cracher un peu de sang.

-Tu mens, siffla-t-elle.

-Il a dégringolé de la falaise, ajouta l’orc, souriant presque de la voir ainsi touchée.

Relâchant la pression sur la poitrine de l’immonde bête, elle s’éloigna en direction de la falaise. Jetant un regard en contrebas, elle se rendit bien compte que personne ne pouvait survivre à une telle chute. Elle déglutit sèchement en imaginant Aragorn tomber du haut de la falaise, où elle se tenait, pour atterrir violemment dans l’eau agitée à ses pieds.

-Dis la vérité, exigea Legolas derrière elle d’une voix emplie de rage.

Elle se retourna à temps pour voir l’orc rendre son dernier soupir. Legolas attrapa quelques choses dans les mains sales du monstre, avec un bruit métallique. L’elfe blond ouvrit la main et elle vit le collier d’Arwen, que cette dernière avait donné à Aragorn. Lentement, il releva les yeux vers elle et rencontra son regard. Il était tout aussi déstabilisé qu’elle. Il se releva vivement et la rejoignit sur le bord de la falaise, Gimli et le roi sur ses talons. Tous les quatre fixèrent les eaux agitées en contrebas en silence, en espérant y voir une quelconque trace, ou un indice. Il n’en fut rien.

Des pas résonnèrent derrière eux et Tauriel vit du coin de l’œil un soldat s’approcher. Le roi se tourna vers lui.

-Mettez les blessés sur les chevaux. Les loups d’Isengard vont revenir. Laissez les morts, ordonna-t-il à l’homme.

Aussitôt, elle sentit que Legolas à côté d’elle se tournait brusquement vers le roi. Elle non plus n’aimait pas l’idée d’abandonner les morts, c’était contre-nature, mais ils n’avaient pas le temps de leur offrir des funérailles décentes. Théoden posa sa main sur l’épaule du prince elfique, après quelques instants d’hésitation. Les elfes n’étaient pas réputés pour être très tactiles.

-Venez, leur dit-il avant de s’éloigner en les laissant tous trois au bord de la falaise.

Ils restèrent ainsi un certain moment encore. Puis, Gimli se détourna, et Legolas commença à en faire de même. Elle n’arrivait pas à détourner le regard de la rivière. Seule la voix de l’elfe blond l’arracha à ses pensées.

-Tauriel, viens, murmura-t-il d’une voix enrouée.

Il y avait une once d’inquiétude dans sa voix, comme s’il avait peur qu’elle saute de la falaise. Elle se détourna finalement du précipice et suivit l’elfe blond et le nain jusqu’aux chevaux. Ils devaient se dépêcher d’atteindre le Gouffre de Helm.

L'odyssée de la fille de la forêt Where stories live. Discover now