L'odyssée de la fille de la forêt

Chapitre 31 : L'Héritier D'Isildur

Des cris de joie s'élevèrent d'une pièce voisine alors que Tauriel, Legolas, Gimli et Aragorn étaient dans la salle du trône, planifiant déjà la reconstruction des éléments nécessaires de la cité et la distribution de provisions pour les habitants les plus touchés par la guerre. L'héritier d'Isildur releva les yeux de la missive qu'il lisait attentivement, et un sourire soulagé étira ses traits fatigués.

Plusieurs jours s'étaient écoulés depuis la défaite de Sauron. Leur ennemi de toujours était vaincu pour de bon, l'anneau de pouvoir détruit dans les flammes qui l'avaient créé. Sauron le Grand n'était plus.

Le monde des Hommes allait enfin pouvoir reprendre son cours d'antan, sans nuages noirs au-dessus de leurs têtes cachant les étoiles dans le ciel sombre de la nuit.

Les visages étaient plus épanouis, plus souriants qu'avant. Un poids semblait s'être soulevé des épaules des hommes. Tauriel aussi se sentait plus légère.

D'autant plus que l'explosion de la Montagne du Destin n'avait pas touché les hobbits : Gandalf s'était aussitôt envolé avec les aigles, et, à peine quelques minutes plus tard, ils avaient réapparus, portant Frodon et Sam dans leurs serres. Les deux petits hommes semblaient bien mal en point, mais ils étaient en vie. Le magicien, avec l'aide de ses amis ailés les avait ramenés à Minas Tirith, où il les
avait installés dans une chambre sans perdre de temps. En quelques heures, Sam avait été sur pieds. Frodon dormait toujours.

Enfin, plus maintenant, visiblement. Les cris de joie semblaient appartenir à Pippin et Merry, sans doute heureux de voir que leur cousin allait bien.

Gimli se leva du trône sur lequel il était assis -bientôt le roi du Gondor prendrait sa place – et s'en alla d'un pas guilleret en direction du bruit, sautillant gaiement. Tauriel jeta un regard amusé à Legolas et à Aragorn avant de le suivre, plus calmement. Ses longs cheveux roux coulèrent le long de son dos, libres comme l'air, se balançant lentement au rythme de ses pas. Leur longueur lui avait toujours donné cette impression de sécurité, de confiance, et les avoir détachés renforçait cette sensation.

Devant elle, Gimli s'arrêta au pas de la porte, ouvrant les bras en rigolant, laissant sa joie de vivre naturelle éclater au grand jour. Dans la pièce, une voix lui répondit :

-Gimli !

Frodon semblait lui aussi content de le voir. Le nain s'élança dans la pièce, applaudissant des mains avec ardeur, riant de manière gutturale comme à son habitude. Les cris des hobbits lui répondirent, et Tauriel sourit en les imaginant enfin réunis, après toutes les épreuves qu'ils venaient de traverser. Qui aurait-pu penser que quatre hobbits, des êtres de nature calme, qui ne cherchent qu'à vivre dans la paix et la simplicité, se retrouveraient dans une quête plus dangereuse que toutes les précédentes, pour sauver la Terre du Milieu ? Et qui aurait pu penser que leur quête réussirait ?

A son tour, Tauriel franchit la porte, et elle put enfin voir ce qu'elle entendait déjà depuis la salle du trône. Frodon s'était réveillé, et était assis dans le grand lit au centre de la pièce, entouré de ses deux cousins, qui lui racontaient déjà leurs aventures en riant, mimant ici et là des scènes amusantes de leur périple, leurs cheveux bruns en bataille. Gimli était debout devant eux, rigolant aussi, tandis que Gandalf était assis sur une chaise en face du lit.

Frodon leva les yeux vers elle, et ses lèvres se courbèrent en un sourire, que Tauriel sentit soulagé, mais également nostalgique. Peut-être pensait-il au conseil à propos de l'anneau, à Fondcombe, des mois auparavant, où la quête pour le détruire avait été décidée, et qu'il s'était courageusement levé, au milieu de toutes ces grandes personnes de haute importance, alors que lui, petit hobbit de la Comté, n'était presque rien sinon un être heureux de sa vie simple. Le semi-homme qu'il était alors avait pratiquement disparu. Tauriel le voyait bien. Son innocence avait été dépassé, et il avait vu de ses propres yeux des horreurs qu'il n'aurait pu imaginer de lui-même.