Chapitre 26 : L'œil De L'Ennemi

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Même profondément endormie, elle pouvait sentir la chaleur des braises au centre de la grande salle, où elle s'était couchée sur un grand divan la veille. Eowyn le lui avait proposé, et elle avait accepté, plutôt que de dormir dans une grande pièce où dormaient tous les hommes. Elle n'aurait pas réussi à fermer l'il avec autant de gens inconnus près d'elle. Surtout après une telle fête, où l'alcool avait été bien versé. L'elfe avait donc dormi dans la salle du trône, déserte à cette heure, en compagnie de la jeune rohirrim, qui dormait encore sur un divan de l'autre côté du feu.

Elle se retourna, et la couverture en fourrure qui la recouvrait glissa un peu, mais elle ne la remonta pas, parce qu'elle ne la sentit presque pas. Elle n'était même pas tout à fait consciente. L'elfe était encore prisonnière du sommeil. Et elle n'allait pas s'en plaindre : les nuits blanches qu'elle avait passées depuis le début de leur quête étaient bien trop nombreuses pour ne pas profiter d'une vraie nuit, sans être perturbée. Car cette fois, Gimli n'était pas de l'autre côté du feu, à briser le silence avec ses ronflements bruyants.

Quelqu'un entra dans la pièce, quelqu'un de très léger, ou d'extrêmement discret. Ou les deux. Il s'avança au milieu de la salle, et Tauriel l'entendit raviver les braises. Puis, la personne s'approcha de l'elfe rousse et remonta la couverture sur ses épaules, avant d'y laisser une caresse fantôme. La main s'en allait lorsque Tauriel la rattrapa dans un mouvement vif. Cette main était chaude et douce, et un pouce effleura sa paume.

-Rendors-toi, Tauriel, murmura une voix qu'elle reconnaîtrait entre mille. Il fait encore nuit. Dors...

Peu à peu, elle relâcha la main, et enfouit la sienne sous la couverture de velours. Pourtant, Legolas ne partit pas tout de suite. Il se pencha vers elle et déposa un baiser aussi léger qu'une plume sur le sommet de son front, en remplaçant une mèche de ses cheveux roux détachés derrière son oreille. Croyait-il qu'elle s'était rendormie ? Sans doute.

Il finit par s'éloigner d'elle, et marcha en direction de la grande porte menant vers le balcon au fond de la salle. Tandis que la porte s'ouvrait, l'elfe rousse ouvrit les yeux, et vit la silhouette élancée de l'elfe blond quitter la salle en silence, telle une ombre. Pourtant, pour elle, ce n'était pas une ombre, mais bien une lumière brillant dans la nuit noire.

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Quand elle se réveilla la deuxième fois, elle sut immédiatement qu'elle ne pourrait pas se rendormir. Alors, jetant un regard rapide à Eowyn qui dormait encore de l'autre côté du foyer, l'elfe rejeta la couverture qui la couvrait, et s'assit. Elle entreprit de se tresser les cheveux, puis se leva, s'étirant en silence. L'elfe chaussa ensuite ses hautes bottes, prit sa cape, et se dirigea vers la porte qui menait vers l'extérieur. Sans faire de bruit, elle la franchit, avant de la fermer derrière elle. Elle ne prit même pas la peine d'emmener ses armes.

Le vent rencontra instantanément sa peau alors qu'elle s'adossait contre le bois de la porte, observant le paysage devant elle. Les plaines du Rohan s'étalaient devant elle, dans l'obscurité de la nuit, le soleil ne se levant pas avant encore quelques heures. Cette vue lui rappelait celles qu'elle avait vues, une dizaines d'années auparavant, lorsqu'elle voyageait jusqu'aux moindres recoins de la Terre du Milieu. Un sourire nostalgique étira ses lèvres.

Soupirant de bien-être, elle laissa son regard dériver sur sa gauche, et là, elle le vit. Drapé lui-aussi d'une des capes qui leur avaient été offertes en Lothlorien, il observait les terres du Rohan devant ses yeux, immobile dans la nuit.

L'odyssée de la fille de la forêt Where stories live. Discover now