L'odyssée de la fille de la forêt

Chapitre 3 : La Désolation de Smaug

Tauriel coupait les feuilles d'athelas avec ses mains dans le petit bol que la petite fille lui tendait. Pendant ce temps là, les quelques nains portèrent Kili et le posèrent délicatement sur la table. Elle s'approcha ensuite à son tour.

-Tenez-le bien, ordonna-t-elle.

Les nains tentaient de tenir Kili de manière à ce qu'il ne bouge pas mais ce dernier souffrait tellement qu'il gesticulait dans tous les sens, hurlant de douleur. Tauriel agrippa sa jambe pour l'empêcher de se mouvoir. Ce qu'elle vit lui glaça le sang. Toute la zone autour de l'entaille créée par la flèche de morgul était noire. Elle essaya tant bien que mal de ne pas montrer son inquiétude face aux nains, en particulier au jeune aux cheveux blonds qui se tenait près de la tête du blessé et qui la regardait, attendant sans doute son verdict, qu'elle ne prononça pourtant pas à haute voix. Elle devait faire vite si elle souhaitait avoir une chance de le guérir. Tauriel commença donc à réciter les paroles que Feriel avait prononcé tant de fois devant elle, lorsqu'elle n'était qu'une enfant, tout en pressant dans ses mains les précieuses feuilles.

-Que la grâce qui m'a été donnée lui soit accordée. Qu'il soit épargné.

L'elfe appliqua par la suite la pulpe verte sur la blessure, tandis que le nain se tortillait plus fort encore. La jeune fille leur vint en aide et elle demanda à sa petite sœur d'en faire de même.

-Tilda !

Tauriel répéta une nouvelle fois sa prière aux Valar, avec plus de force cette fois.

-Que la grâce qui m'a été donnée lui soit accordée. Qu'il soit épargné.

Elle répéta la phrase encore et encore. Elle ne cessa pas de presser les feuilles contre la blessure. Lorsqu'elle tourna la tête vers Kili, elle vit qu'il la regardait comme une Valar elle-même et qu'il semblait délirer dans de lointaines pensées. Il avait le visage blême et ruisselant de sueur.

Quand Tauriel eut fini ses prières, elle attrapa un long morceau de tissu et enroula la jambe du jeune nain brun avec.

-Tauriel..., elle entendit dans son dos.

Elle se retourna, inquiète pour le nain.

- Restez calme, elle lui conseilla.

-Vous ne pouvez pas être elle. Elle est loin. Elle est très, très loin de moi. Elle marche sous la lumière des étoiles, dans un autre monde. C'était juste un rêve.

Elle commença à se demander si le nain avait vraiment ses pensées claires lorsqu'elle sentit les doigts du nain essayaient d'agripper les siens dans un mouvement désespéré.

-Pensez-vous qu'elle aurait pu m'aimer ? il lui demanda.

Sa question l'a pris en dépourvu. L'aimait-elle ? Pouvait-elle ? En réalité, elle ne l'aimait pas. Pas en amour. Elle le considérait certes comme un ami, quelqu'un qu'elle se devait de protéger. Les paroles de son roi lui revinrent alors en mémoire. Et Legolas ? L'aimait-il ? Oui. Elle l'avait vu dans ses yeux quand il avait prononcé son nom avant de partir à la poursuite des ors. Et elle, l'aimait-elle ? Elle l'avait toujours considéré comme un ami. Mais, peut-être aujourd'hui était-il plus. Bien plus...

Son cœur s'emballait, tentant de démêler les vrais sentiments des faux. Tentant de démêler l'amitié de l'amour. Elle essaya toutefois de trouver les mots justes pour fournir une réponse au nain.

Elle était sur le point de lui répondre lorsqu'un tremblement ébranla la maison. Tous semblaient effrayés, ne comprenant pas d'où venait ce bruit. Certains habitants étaient sortis de leur logis, regardant la montagne solitaire. Tauriel se rua à son tour à l'extérieur pour voir de quoi il en retournait. Tout autour d'elle, les gens fuyaient dans des petites embarcations, criant et hurlant de peur. Ce qu'elle vit par la suite confirma ses doutes. Une forme sombre, dans les airs, se rapprochait dangereusement de Lacville. Smaug était sorti de la montagne.