Prologue

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Les ombres des arbres qui l'entouraient semblaient la protéger, comme depuis six cents ans. Elle avait grandit dans ces bois toute sa vie et désormais, il était de son devoir de le faire. Les menaces pleuvaient sur cette forêt, de plus en plus nombreuses et dangereuses. Ainsi, le nom de Greenwood avait été oublié, et on l’avait remplacé par celui de Mirkwood, qui reflétait bien mieux la triste réalité.

La forêt s’était assombrie lentement, pour paraître désormais malade, comme empoisonnée par un vil maléfice. Des araignées gigantesques étaient arrivées de Dol Guldur, et hantaient ces bois, surgissant à n‘importe quel moment du jour et de la nuit, en effrayant plus d’un. Les animaux disparaissaient peu à peu. Elle avait vu une fois, une seule fois un grand cerf blanc, mais c’était tout. Les orcs se faisaient également plus nombreux, plus agressifs à mesure que le temps passait. Et même si le temps passait lentement pour les elfes, ils savaient bien que leurs terres étaient en grand péril.

Le seigneur Elrond lui-même craignait ce qu’il s’y passait. Les elfes de Mirkwood avaient été lui demander son avis à Fondcombe, mais il n’avait pas répondu précisément. Il avait laissé planer le doute du retour du mal en Terre du Milieu. Mais il rien n’était trop sûr, il fallait mieux attendre. Le seigneur d’Imladris avait été d’une grande bonté avec eux, tout comme ses fils et sa fille. C’était une elfe courageuse, qui ressemblait fortement par son caractère à l’elfe rousse. Sans était-ce ce qui les avait rapproché. Les jumeaux étaient toujours de bonne humeur, et semblaient proches du prince de Mirkwood. Et même s’il les avait battus plusieurs fois chacun, ils avaient gardé le sourire. Elle-même avait battu Arwen, en utilisant un coup que le prince lui avait appris. Mais tous les elfes n’étaient pas heureux de leur vie en terre du Milieu.

Ils étaient de plus en plus nombreux à quitter cette terre. Ils prenaient le bateau aux Havres Gris, sans se retourner, et voguaient en direction des terres de leurs ancêtres. Elle se souvenait parfaitement du jour où Feriel lui avait annoncé qu’elle quittait la Terre du Milieu. L’elfe brune, qui l’avait élevée comme une mère à la mort de ses parents dans une attaque d’orcs, et pendant près de trois siècles, avait entendu l’appel de la mer, et n’avait pas pu y résister bien longtemps. Laissant Tauriel à Mirkwood, et après lui avoir donner les dagues appartenant à son père, elle avait prit le bateau à Valinor, un beau matin de printemps. Elle s’était retournée une dernière fois et lui avait souri de manière maternelle, ses cheveux bruns volant au vent doux qui s’était levé, ses yeux brillant. Elle avait hâte de la rejoindre, mais elle savait qu’il lui restait encore de longs siècles à vivre en Terre du Milieu avant d’entendre l’appel de la mer à son tour.

Devenue capitaine de la garde, elle devait protéger ses terres des envahisseurs. Elle avait succédé à Aramil en tant que lieutenant, puis Eridan en tant que capitaine. Écouter les ordres de Thranduil l’agaçait par moment, mais elle évitait de le montrer. Elle voulait repousser les araignée d’où elles venaient, mais il l’en empêchait à chaque fois. Il ne voulait pas perdre de vies inutilement. Il l’avait déjà montré plusieurs fois dans le passé.

Quand un dragon cracheur de feu était arrivé du nord et avait attaqué les nains de la montagne solitaire, il avait lâchement fait demi-tour en haut de la colline surplombant le lac. Les nains étaient sortis en courant sous leurs yeux ébahis, mais Thranduil n’avait rien fait. Un grand nombre de personnes étaient mortes ce jour-là. Des hommes et de nombreux nains, mais aucun elfe. La haine du roi pour le peuple nain était connue de tout le monde.

N’écoutant que son cœur, à peine revenue à Mirkwood, qu’elle avait commencé à sortir de nuit pour attaquer les nids d’araignées que le roi lui interdisait de détruire le jour. Elle avait continué pendant de longues semaines, qui s’étaient transformées en mois, jusqu’à ce que Legolas ne l’interrompe un soir d’automne particulièrement sombre. Peut-être était-il mieux ainsi, avant que le roi ne s’en rende compte. Même si elle l’avait fait pour sa terre natale, il lui en voudrait énormément. Et elle ne pouvait certainement pas continuer, car elle savait que l’elfe blond la surprendrait encore. Elle savait qu’il veillait sur elle du coin de l’œil.

Il lui avait appris à se battre encore mieux qu’elle le faisait à l’époque, et elle lui en était grandement reconnaissante. Impossible pour elle de le trahir.

Chassant ses lointaines pensées, elle revint dans le monde réel. Ses pas légers effleuraient le sol feuillu sans faire de bruit en direction de l’entrée de la forêt. À peine était-elle revenue de patrouille avec son amie Merilin et d’autres gardes, qu’un elfe avait accouru dans sa direction pour lui dire que des étrangers avaient pénétré dans la forêt par l’ouest. Hochant la tête, pensive, elle avait entamé sa course sous les arbres, ses poignards attachés à sa taille et son arc avec son carquois dans le dos. La plupart des étrangers ne s’aventuraient plus dans la foret de Mirkwood, déjà au courant de son déclin. Quels étaient donc ces fous qui osaient y entrer ?

L'odyssée de la fille de la forêt Where stories live. Discover now