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Ma première fois ,

je m'en souvient comme si c'était hier , un 13 novembre.
Déjà l'hiver se faisait sentir , le froid de plus en plus rude ,le vent glacial qui s'infiltrait partout .
Dans ma parka bleue ciel j'arpentais les pavés devant le lycée Gabriel Fahrenheit , la sentence était tombée il y a 30minutes . Mr Fabregue notre professeur de chimie était absent pour les 72 heures à venir , et moi je me retrouvais donc avec exactement 8 heures de cours en moins , dont 4 cet après-midi.

Dans ma tête tout se bousculait.
Les autres avaient sauté de joie a cette nouvelle , ils allaient probablement rentrer chez eux au chaud. Regarder un film profiter de leur famille , sortir avec leurs amis , retrouver la copine ou le mec du moment .
Mais moi , personne ne m'attendait , personne ne s'inquiétait de savoir si il faisait froid , si j'avais faim ou soif , non personne .
Oui vous allez me dire qu'il y a bien quelqu'un qui s'occupe de moi , alors effectivement j'habite un foyer un peu plus loin sur l'avenue Foch .
Mais là bas je ne suis personne, un nom sur une enveloppe chaque début de semaine avec de quoi vivre 7 jours . Une chambre de 6m2 , une pièce tout en longueur sans charme , des meubles marqués par les nombreux locataires précédents , des graffitis ça et là , un "je t'aime pour la vie Sandra" , d'autre plus suggestif " ici , notre première fois " .

Voilà où je vis , où je survis plutôt .

La petite fenêtre au bout de ce large couloir donne directement sur l'avenue , on y entend le trafic , le bipbip des camions qui reculent pour se stationner au plus près des petits commerces qu'ils approvisionnent .
Il y a aussi les autres locataires qui discutent en fumant devant la petite porte d'entrée , j'ai beau être au 3ème étage , j'entend et sens toute cette vie à mes pieds .

Cette vie dont je ne fait pas partie .

Alors vous comprendrez que l'idée de rester 4 heures de plus enfermée dans cet espace exiguë , à sentir l'air chargé de tabac s'infiltrer dans la pièce , avec une température qui baisse de jour en jour n'a pas généré en moi autant d'allégresse que pour mes camarades de classe .

Je fais donc les 100 pas devant le lycée , attendant un signe , une idée de génie qui me permettrais de passer cette après-midi au chaud . Le temps s'assombrit encore , les nuages s'amassent au dessus de ma tête , la pluie n'est pas loin .
Je ne suis pourtant pas stupide mais je ne trouve rien aucun plan B pour passer le temps .
Je suis désormais seule sur le parvis , tout les autres ont trouvés de quoi s'occuper , et moi je suis plantée là . Il me reste exactement 30 euros et nous sommes jeudi , je dois avec ça manger et mettre de côté pour les imprévus .

Je reçois tout les mois 200e , me permettant d'avoir de petits plaisir , et chaque semaine une enveloppe de 70e , 10e par jour pour vivre .
Étant donné que je suis logée , que j'ai accès a une salle de bain et une cuisine commune cela est suffisant .
Néanmoins je ne peux pas me permettre de passer mon après-midi au cinéma , à faire les boutiques ou encore à siroter un chocolat dans un bistro de la ville .
Je passe déjà toutes mes soirées à la bibliothèque , l'atmosphère y est chaude , les gens pris dans leur lecture ne me prête aucune attention , et la bibliothécaire qui à pris l'habitude de me voir tout les jours me permet certains privilèges .
Mais cet aprèm midi c'est le créneau des écoles et la bibliothèque est fermée au public .

Mes orteils commencent donc à s'engourdir , et mes doigts et mes oreilles a me faire mal pendant que je réfléchi, il est temps de prendre une décision , au diable l'avarice je décide d'aller en ville chercher un endroit accueillant .

Marcher me réchauffera , alors j'évite le bus qui s'approche, me frictionne les mains et d'un pas sur je me dirige vers le centre ville .
Plus j'avance et plus je me dis que j'aurais du rentrer au foyer me mettre sous la couverture et attendre que le sommeil m'emporte vers un monde meilleur . Ma cadence est soutenue les gens que je croise peineraient à croire que je ne sais pas où je vais , pourtant me voilà dans le centre et je n'ai pas la moindre idée d'où aller maintenant.
Je tourne à droite , puis a gauche dans un dédale de routes toutes similaires . Une boulangerie , un bar , un tabac , une épicerie , rien qui m'offre un toit pour quelques heures .

Quand tout à coup j'aperçois une petite enseigne clignotante rouge verte et bleu , cyber café .

Sur le mur une affichette ou est inscrit le règlement et les tarifs du lieu . Celui-ci me semble au bord de la fermeture , par la vitrine j'aperçois une dizaine d'ordinateurs dont seulement 2 ont leur écran allumé , un homme au fond de la pièce semble absorbé dans la contemplation du fond de sa tasse .

Le prospectus placardé sur la porte explique que pour la première visite , un forfait de 4euros permet un accès à un poste informatique ainsi qu'à une connexion internet accompagné d'une boisson au choix pour une durée maximale de 4 heures .
Après un rapide calcul , j'estime qu'un divertissement à 1 euro l'heure , me permettant d'être au chaud de consommer un chocolat , sans devoir tenir une conversation avec de parfaits étrangers est un cadeau tombé du ciel .

Je pousse donc la petite porte et pénètre au milieu de cet espace jonché de tables de chaises , où une multitude de câbles parcours le sol .

ApparencesWhere stories live. Discover now