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Je suis maintenant devant la gare et il ne m'a toujours pas répondu, j'hésite sur la marche à suivre mais je ne vois pas d'autre issue.
J'achète donc un billet, le prochain train étant dans 45minutes cela me laisse de la marge pour espérer des nouvelles avant l'embarquement.
Je sors mon iPhone et commence á pianoter, je regarde le plan de la ville où il habite, heureusement pour moi il y a une gare, mais je n'ai pas son adresse précise, c'est bien la première fois que je pars sans un minimum de préparation.

Mon coeur bat la chamade, je suis toujours sous l'emprise de la colère, dire que je pensais connaître ces deux hommes, je me sens trahie, je ne sais pas de quelle manière mais je suis convaincu qu'ils sont liés. Mes sentiments à leur encontre me font perdre toute relativité, j'ai envie de frapper dans quelque chose, et c'est d'un coup de pied rageur que j'envoie valdinguer une canette de soda contre un mur.

Droite comme un i, les bras le long du corps et les poings serrés, je rumine, je sens que les gens me regardent, comme toujours.
Je me détend en pensant à Tonio, j'espère qu'il ne va pas s'inquiéter, il est le seul en qui j'ai encore confiance ici. Je décide donc de lui envoyer un message.

- Bonjour, désolé pour aujourd'hui un imprévu de dernière minute, je prend quelques jours de vacances, je serais rentrée mercredi matin afin de tout mettre en place pour les portes ouvertes. Ne t'inquiète pas, et pas la peine de dire à Terek que je suis partie, laisse le mariner stp. Á bientôt. Ev -

Je sais que Tonio apprécie Terek mais j'espère qu'il ne lui dira rien, la seule chose qui pourrait le pousser à faire ça serait de trouver la raison de mon subite départ un 25 décembre.

J'observe plus attentivement le quai, une famille avec 2 enfants, ils sont chargés et ont encore un sac rempli de paquets non ouverts. Je m'imagine qu'ils prennent le train pour rejoindre une partie de leur famille.
Et si lui aussi était en famille? Je n'ai même pas envisagé qu'il avait pu s'absenter pour les fêtes!
Je commence à vraiment trouver que c'est une mauvaise idée ce départ quand l'alerte de réception d'un email se déclenche.

- Ma chérie! Bien-sûr que tu peux passer, j'espère que tu tiens le coup, je te prépare ma chambre, et met des cookies au four, le temps que tu sois là j'aurais télécharger une comédie romantique, un film d'action, et un truc hilarant! Ne t'inquiète pas je vais te remettre en forme en un rien de temps, je suis l'efficacité incarné contre les chagrins d'amour!-

Un sourire se dessine enfin sur mon visage, après Tonio Tim était vraiment mon deuxième ange gardien, on se parlait pratiquement tout les jours, se racontant nos vies, il était mon confident.
Et pour la première fois j'allais vraiment le voir !!!

Après la colère se fut l'excitation! Je ne pouvais être que positive ce garçon était la gentillesse incarnée, il n'avait pas beaucoup d'amie fille, et ses amis garçons passés leur temps à le taquiner. Il était un peu efféminé, mais s'affirmait pourtant à 100% hétéro, du coup il vivait assez mal les insinuations à son sujet et n'osait même plus aborder les filles.

Je lui renvoyait un mail une fois dans le train pour lui signifier mon heure d'arrivée et lui demander son adresse. Quasi instantanément il me répondis qu'il était chez ses parents mais serait de retour en même temps que moi, et par chance il habitait à 25minutes à pieds de la gare.

Tout se déroulait finalement pour le mieux, assise confortablement je programmais une alarme et me laissais aller à une petite sieste.
J'eue l'impression d'avoir clignée des yeux quand ma sonnerie retentit, pourtant après vérification nous arrivions bien à destination. Le wagon était désert peu de monde voyageaient un dimanche de noël en pleine après midi.

Quand je sortie je fut surprise du froid, il y avait un vent fort et de gros nuages noirs passaient au dessus de ma tête à toute vitesse. Rien à voir avec le temps couvert mais doux qu'il régnait à mon départ. Il faut dire qu'on était proche des montagnes, le Jura est une région où l'hiver n'est pas aussi clément que dans le centre.

J'enclenchais la navigation GPS de mon téléphone, et me diriger vers l'adresse que Tim m'avait indiqué, le quartier de la gare était assez sombre, je restais sur la grande avenue mais les petites routes perpendiculaires me donnaient la chaire de poule. Des immeubles délabrés ça est là, des squatteurs accompagnés de molosses gardés l'entrée, des tags partout. J'accélérais le pas, mais plus je suivais la direction que mon iPhone indiquait plus je me sentais en danger.

Au lieu de s'améliorer le décor devenait complètement flippant, je gardais mon sac contre moi et mes phalanges blanchissaient tellement je serrais fort mon téléphone, de vieilles usines fermées s'étendaient devant moi, avec de hauts grillages surmontés de barbelés en interdisaient l'entrée.
Je respirais profondément et décidais de rentrer à nouveau l'adresse dans ma barre de recherche, il devait forcément y avoir erreur, j'étais loin de toutes habitations après 15 minutes de marche et je ne voyais pas où cela me menait.

Mais le téléphone s'obstinait á me faire continuer tout droit dans cette direction. Cédant à la panique je rebroussais chemin, la nuit tombée rapidement et je ne voulais pas rester ici une minute de plus. J'étais seule mais je savais qu'une certaine partie de la population se livrée à des trafics dans les endroits comme ceux ci et je ne voulais pas me retrouver au milieux d'un échange.

Il fallait que je me calme, j'avais regardé trop de film, surtout ne pas attirer l'attention, regarder ses pieds, marcher vite sans toute fois courir, ne pas avoir l'air désorientée, ne pas laisser penser qu'on à des objets de valeurs.
Je rangeais donc mon téléphone dans ma poche et gardais les mains dans celles ci.
La gare n'était pas encore en vue, j'entendais un véhicule arriver derrière moi, et une envie irrépressible de courir m'envahie.

Je détalais sans me retourner, terrorisée!

Après seulement quelques secondes le véhicule me dépassa sans ralentir, et tourna dans une ruelle un peu plus loin. Je m'arrêtais brusquement, il ne m'avait prêter aucune attention! Je devais me calmer je n'étais pas dans un film!

Pourquoi n'avais je pas simplement appelé Tim pour lui demander de venir me chercher?

Quand je composais le numéro qu'il m'avait indiqué dans son dernier mail, je me maudissais à haute voix de ne pas l'avoir fait avant. Il faisait désormais nuit et le vent s'engouffrant dans les bâtiments vides créait toutes sortes de bruits.

Lorsque la première sonnerie retentit, je n'eue pas le temps de comprendre ce qu'il se passait, 2 bras m'attrapèrent et un sac s'abattit sur ma tête, je tentais de crier mais une douleur remonta dans mon épaule. Ce fut le noir complet et un silence de plomb je sombrais pour la deuxième fois de ma vie.

ApparencesWhere stories live. Discover now