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Point de vue de Mickaël :

Son petit sourire en coin. Ultime provocation.
Je ne sais pas ce qui m'a pris, je voulais faire disparaître cet air narquois à tout jamais.
La jalousie, ce n'est pas une excuse, j'aurais du me contrôler. Mes parents m'ont fait un petit serment, mais j'ai bien vue que par dessus tout les mots, je les avaient déçu.
Dire que je regrette est un euphémisme, je suis bien trop en colère contre Harold pour que ma conscience se manifeste.
J'y suis allé un peu fort, quand je l'ai vu s'écrouler sur le sol inconscient, le visage maculé de sang, j'ai vraiment cru qu'il était mort.
Mais non il s'en est tiré, d'après ce qu'on m'a dit il est dans un sale état, mais pas prêt de passer de l'autre côté à mon plus grand regret.

Je sais, je sais, quel altruisme pour un futur médecin... Vous avez raison. Je me suis finalement peut être trompé de voie, car en ce moment mes études ne me servent qu'à chercher le moyen le plus rapide et discret de me débarrasser de lui.

Il faut que je me raisonne, je n'ai jamais été violent, encore moins méchant, mais il fait ressortir tout ce qu'il y a de plus primitif en moi. Et le primate que je suis refuse qu'il approche sa femelle.

Oh! J'ai vraiment pensé à Prune comme étant ma femelle ? Merde c'est donc vrai ce qu'on dit, j'ai perdu sacrément de neurone en mettant ce coup de boule à l'autre connard.

Pourquoi je rigole? Je commence vraiment à me faire peur.
Je ne me reconnais plus, allongé dans ce lit à discuter avec moi même, et voilà que maintenant je ris tout seul.

Je ferais mieux de réfléchir à comment me sortir de ce merdier. Je ne sais toujours pas où est Prune. Lazlo est passé me voir rapidement, juste pour m'informer que la mission dont il était chargé à présent prenait la priorité sur notre collaboration.
Je ne sais pas trop ce qui ça signifie, mais ça m'est égal je n'aime pas trop ce mec. Je me souviens que Prune rougissait à chaque fois qu'elle le croisait, et déjà à l'époque je pouvais pas le blairer, alors maintenant qu'il ressemble à un soldat doppé aux poulet aux hormones ( je souris encore de mon humour débile) je le préfère loin de moi...de nous.

En gros quand j'y pense la situation est plutôt à mon avantage, trois points de suture à l'arcade, une belle petite blessure de guerre, l'œil encore violacé mais preuve que je sais encaisser, quelques cotes cassées, je m'en sors pas mal. Bon je reste en observation à cause de saignements internes mais ça s'est résorbé donc c'était surement rien.
Et surtout maintenant que Lazlo est parti, Harold semi comateux, personne ne se mettra en travers de ma route pour reconquérir la femme de ma vie.

Je souris bêtement content de l'avenir qui se dessine sous mes yeux. Mais quelqu'un frappe à la porte interrompant cette délicieuse rêverie.

-"Entrez."

Mon sourire s'évanouit, ma bouche s'ouvre prête à gober les mouches, mes yeux ronds doivent sortir de leur orbite, il ne manque plus que ma langue pende pour que je ressemble au loup de tex avery.

Putain qu'elle est belle.

J'en perd tout sens commun, je reste figé, bavant, alors qu'elle s'approche prudemment, elle me parle mais rien n'atteint mon cerveau.

Oh que cette robe est belle sur elle, ses jambes si fines, avec ces talons il suffirait d'un rien pour la pencher à ma hauteur et ...

Quoi ??? Que vient elle de dire ??? Je la regarde cette fois dans les yeux, ils me jettent des éclairs, comment n'ai je pas remarqué avant son hostilité avant.
Je l'ai rarement vu aussi tendue, mais je suis toujours trop occupé à la contempler pour assimiler ce qu'elle me dit ... Ou plutôt me cri.

Finalement je lève la main vers elle, je veux la toucher réduire cet espace entre nous, je me fiche complètement qu'elle
soit en colère. C'est en la voyant frapper ma main pour m'empêcher de la toucher que je redescends de mon petit nuage.

-"Non mais ça va pas! Tu écoutes ce que je te dis? "

-"Euh..."

-" Comment as tu osé? Tu m'as tourné le dos, ça je te l'ai pardonné. J'ai passé des années à te trouver des excuses, à me dire que tu avais été manipulé par l'opinion public, mais que tu avais du te rendre compte de ton erreur. J'ai imaginé qu'un jour tu me retrouverais, que nous deux ça redeviendrait comme avant. Mais aujourd'hui je me rend bien compte que nous avons changés, tu n'es plus celui que j'admirais, celui sur qui je pouvais compter, celui qui était toujours à mes côtés. Aujourd'hui tu es un inconnu, un homme qui m'épie et reste dans l'ombre, un homme qui en laisse un autre me manipuler, un homme violent, immature. Tu veux le pouvoir? Tu veux la reconnaissance? Eh bien sache que tu n'auras rien, je ne te laisserais rien, je ne te pardonnerais plus. J'y ai tellement crue que maintenant c'est fini, celui que tu es devenu n'est pas celui que je veux dans ma vie."

Je la dévisage, complètement désarçonné, elle tout de rose vêtu, incarnant la grâce et la douceur vient d'exploser mon coeur, je suis balayé, KO, il ne reste plus rien de mon être. Je me sens vide.

-"Ce n'est pas"

-"Stop! Je ne suis pas venue pour t'entendre pleurnicher, ni te justifier, je voulais simplement te dire en face ce que je ressens, et ce que tes actes ont entraîné."

D'où tire telle une force si dévastatrice? Je suis au coeur d'un cyclone, happé par les vents violents, mon coeur et chacun de mes organes est secoués en tout sens, broyé par le chagrin. Je suis emporté par cette spirale infernale. Je prend conscience de ce que j'ai fait, je peux me voir à travers ses yeux, je suis horrifié de l'image qu'elle a de moi.

Je pensais me battre pour elle, j'ai tout fait de travers, je me voyais comme son sauveur, celui qui la sortirais de la misère, celui qui lui rendrait sa place de princesse.
Au lieu de ça j'ai accumulé les erreurs, je ne l'ai pas crue, je l'ai abandonné, puis je l'ai retrouvé et au lieu d'être enfin honnête je me suis caché.
Quel homme je suis pour l'avoir laissé alors que j'étais si proche. Trop absorbé par mon projet d'avenir idyllique je n'ai pensé qu'à moi, à nous, mais pas à elle. Je ne voulais pas qu'elle me repousse, et trop égoïste pour prendre ce risque j'ai tout gâché.

Elle ne me pardonnera jamais, moi même je ne pourrais pas oublié la lâcheté dont j'ai fait preuve.

Je crois qu'il est temps pour moi de penser à son bonheur.

-"Je te comprend. Je ne me reconnais pas moi même. J'espère que tu seras heureuse. Je n'interviendrais plus dans ta vie. Si tu as besoin d'un ami je serais là, sans rien te demander en retour. Je crois qu'il est temps pour moi aussi de faire le deuil de ce qu'on était avant, et de te laisser vivre ta vie. Merci de m'avoir ouvert les yeux, j'espère qu'un jour j'arriverais à changer l'image que tu as de moi en ce moment."

Mes phrases sont hachées, mon ton est sec, je bloque les sanglots qui s'accumulent, je la regarde mais mon regard la transperce et va se poser sur le mur blanc derrière elle. Impossible de la voir, elle, maintenant, je ne suis qu'à quelques secondes de m'effondrer, il faut qu'elle parte maintenant.

Comme si elle lisait dans mes pensées, elle prononce sa dernière phrase et s'en va.

-"Il te faudra au moins une vie pour racheter ta conduite à mes yeux. Adieu."

Les mots tournent en boucle dans ma tête, détruisant jusqu'à mon âme.

ApparencesWhere stories live. Discover now