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PDV Eva:

Un bruit de porte qui se referme me tire des limbes dans lesquelles je me sens profondément engluée.
J'essaye d'ordonner mes pensées, où suis-je, que s'est il passé?
Se contrôler, ne pas paniquer, je sens que je ne suis pas seule et pourtant je refuse de bouger, il faut que je me souvienne avant d'ouvrir les yeux.
Peu à peu je me rappelle de la soirée, j'ai décidé de sortir pour voir si Terek était présent. Rien qu'en pensant à lui mon coeur s'accélère, mais impossible de me souvenir comment la soirée a terminée. Je ne pense pas avoir bu, cela me ressemble peu, pourtant quand je tente de déglutir ma bouche est pâteuse, et ma tête semble dans un épais brouillard, je ne serais pas surprise qu'une violente migraine se fasse sentir très bientôt.

Inspirer, expirer, ouvrir les yeux, inspirer, expirer, ça va aller.

Je commence par bouger les doigts, puis ouvre les yeux, toujours allongé je tourne la tête vers mon bureau.
Il est là, il me regarde en souriant, un mug fumant à la main. Mais qu'à t'il bien pu se passer hier, je constate que nous sommes tout les 2 habillés, c'est déjà ça.
Il semble fatigué, ses yeux sont soulignés par d'importantes cernes, et il a une barbe naissante, ses traits sont tirés comme si malgré son sourire une forte tension l'habitée.

Je me redresse et me racle la gorge, je ne sais même pas quoi lui dire, et il semble attendre un commentaire de ma part.

-" bonjour la belle aux bois dormant, pas trop mal à la tête?"

Bon visiblement il en sait plus que moi, je dois me résoudre au fait qu'il était bien là cette nuit, et que j'ai due boire plus que de raison.

-" Ça va merci. Tu es là depuis longtemps?"

Il incline la tête en signe d'approbation .

-" Café?"

Il me tend la tasse fumante, je ne peux m'empêcher de sourire bêtement, qui aurait pu imaginer que je le retrouverais ce matin au pied de mon lit avec ce dont j'ai le plus besoin pour remettre mes idées en place.
Apportant la tasse à mes lèvres le dévisage pas très discrètement, il est vraiment beau, et cet air torturé lui donne un charme supplémentaire. Contrairement au garçon suffisant, dragueur, et sur de lui, il semble aujourd'hui abordable.

-" Alors tu te souviens de quelque chose?"

-" Euh ... À vrai dire non pas grand chose, il me semble m'être sentie mal et que quelqu'un s'est occupé de moi, après le reste est totalement floue. J'espère n'avoir rien fait de ... douteux?"

Il éclate de rire alors que je rougis et me cache sous la couette.

-" Non ne t'inquiète pas tu n'as rien fait de mal, tu as juste pris un verre et vu comme l'air était chargé de fumée et autres substances, tu as été un peu stone. Quand je t'ai trouvé tu m'as demandé de te raccompagner ici que tu ne te sentais pas bien. Je suis repassé ce matin vérifier que ça allais mieux."

-"Oh.."

Il se remet à rire devant ma gêne. Je ne sais pas ce que je m'étais imaginé mais je suis en quelque sorte déçue d'apprendre la vérité, plus j'y pense et plus j'ai une vague de chaleur et de sécurité qui m'enveloppe en repensant à cette nuit.
Prenant conscience qu'il me dévisage je tente de me recomposer un visage impassible sans grand succès.

-"tu aurais préféré une autre version?"

Il me dit ça d'un air clairement moqueur, incapable de supporter le sous entendu je replonge sous ma couette. Je dois ressembler à une gamine de 2ans qui joue à cache cache, mais tampis j'ai besoin de cette couche de protection pour assumer mes pensées.

-"Non, c'est juste que c'est perturbant de ne pas avoir de souvenir, et j'ai la sensation qu'il y a autre chose, mais je ne sais pas quoi."

-"Allé fini ton café, ça te dirais de faire une petite ballade ce matin. Il fait beau , et sortir de cet endroit te ferais du bien."

-"Tu...Tu veux passer du temps avec moi?"

-"oui."

-"Tu es sûre? Et puis d'ailleurs tu avais disparu où ces derniers jours?"

-" Habilles toi et rejoint moi en bas, on discutera après."

Sur ce il se leva et sorti de la pièce, il me fallu me pincer pour être sur de ne pas rêver.
Whaou! Terek s'intéressait à moi, il a probablement eu un empêchement mais maintenant je suis certaine que c'était bien lui mon mystérieux inconnu du parc.
Quand j'ouvre mon petit placard je suis pour la première fois complètement abattu devant son contenu. Tout est usés, trop grand, troué... Au milieu de ces vieilles guenilles je trouve tout de même un jean en pas trop mauvais état, un col roulé et par dessus un pull rouge presque neuf ( je ne met que du jean ou du noir ce qui explique son meilleur état).
Une fois habillé j'attrape ma trousse de toilette et fonce dans les salles de bains commune, arrivée devant le miroir, je me demande soudain qu'est ce qu'il peut bien me trouver. Je ne suis pas moche, mais je ne ressemble qu'à l'ombre de moi même, je me trouve beaucoup trop maigre, mes pommettes sont saillantes et j'en viens à regretter mes joues bien pleines et toujours rosies d'autrefois.
Bon ce n'est pas le moment de s'apitoyer sur son sors, je me nettoie la figure, l'eau froide me fait le plus grand bien, brossage de dent, je fini en me brossant les cheveux que je décide d'attacher en une queue de cheval haute. C'est un détail mais je trouve que de cette manière mes yeux sont mis en valeur.
Je jette un œil dans la petite armoire et y trouve une trousse à maquillage, je ne me risque pas à utiliser le rouge à lèvre d'une inconnue mais un petit trait de noir sous les yeux me ferait sûrement meilleure mine.
Une fois apprêter je jette un dernier regard au miroir, le résultat n'est pas si mal, je parais presque "normale".

Je regagne ma chambre en courant. C'est seulement en arrivant dans celle ci que je suis prise d'un vertige, je ne me souviens pas avoir mangé hier soir.
Fouillant dans mon sac de cours je sors le petit sachet de viennoiserie de Tonio, et en mange 2. Je passe ma veste, prend mon porte monnaie.
Je devrais allée me relaver les dents mais j'ai déjà beaucoup traîné et puis je doute que cette promenade se termine par un baiser. Rien qu'à cette pensée j'ai des papillons dans le ventre, mais je dois me contrôler, un garçon si beau et populaire ne doit pas s'intéresser de cette manière à une pauvre fille comme moi.

En descendant les escaliers de la résidence je suis nerveuse, pour la première fois en 3ans j'ai rendez vous avec un garçon. Je me sens à nouveau vivante et j'ai bien l'intention de saisir ma chance sans trop me poser de question. On ne dit pas qu après la pluie vient le beau temps, que la roue tourne, je pense que j'ai eu mon lot de malheur, il est temps pour moi d'être un peu heureuse.

ApparencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant