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Point de vue d'Eva/Prune :

Je m'adosse contre la porte, mon coeur bat la chamade, mon corps tremble encore.
Je cherche mon air, mes poumons se compriment avec violence, ma cage thoracique et tout ce qu'elle contient est comprimé par la douleur.

Je repense à noël, à ses cadeaux, à ce moment là je l'imaginais, il reprenait doucement forme dans mon esprit.
Mais rien ne me préparait à ça! Il a tellement changé, pourtant ses yeux reflètent cet éclat, ce petit truc enfantin, déjà à l'époque il avait cette petite étincelle, ce grain de folie, et je ne pouvais rien lui refuser.

J'ai tenue bon, je ne me suis pas laissée amadouer, pourtant mon corps tout entier espérait son contact, après toutes ses années je voulais retrouver mon meilleur ami.
Ce garçon c'était mon havre de paix, ma bouée de sauvetage. Et aujourd'hui je l'avais repoussé, je lui avais dit adieu.
Je devais être claire, ferme, il devait comprendre ce que je ressentais.

Mais maintenant que j'ai vidé mon sac, que j'ai été cruelle, je me sens mal.
Je le revois sur ce lit, son œil abîmé, j'ai envi de prendre soins de lui, de le faire rire. Comme lorsqu'on était gamin, je lui faisais des chatouilles pour qu'il arrête de geindre au moindre petit rhume.
Mon coeur bat pour lui, je sais aujourd'hui qu'il ne s'arrêtera jamais, je ne suis pas amoureuse, non, mais il est ma famille.

Je pense à ma mère, je vais devoir l'affronter dans peu de temps. Elle n'a même pas daignée faire le trajet, preuve que je ne suis rien pour elle. J'ai toujours su qu'elle ne me désirait pas, mais au point de me préférer hors de sa vie ça fait mal.

Je me redresse, mes jambes bien que légèrement cotonneuse me porte à travers le couloir.

Round 2!

J'essuie mes mains le long de mes cuisses, l'infirmière m'a prévenue, je dois être forte et ne pas le faire paniquer.
Je ne me sens pas prête pour cette seconde bataille, mais je dois le faire.

Je frappe à la porte, attendant une réponse, avant de me souvenir qu'il ne lui ait pas possible de m'en fournir une.
Je me recompose un visage neutre, je repense à mon discours, puis j'entre.

Terek est allongé sur son lit il semble endormi.
Je m'approche et vois le dossier posé sur le bureau... "Harold", je souffle le nom comme s'il me brûlait les lèvres.
J'ai du mal à me dire que depuis le début il sait que nous allions devenir demi frère et sœur. Enfin en théorie car il comptait peut être me faire disparaître avant.

Je chasse rapidement cette idée, il a beau être un menteur manipulateur , je sais au fond de moi qu'il ne m'aurait pas fait de mal physiquement.
Je l'observe, ses traits sont fins, son visage est légèrement tuméfié mais moins que celui de Mickael. Sa poitrine se soulève à un rythme régulier, accompagnée par le bruit des machines. Un tuyaux relié à ce qui me semble être un respirateur, ronronne. Á voir cet appareillage s'enfoncer dans sa bouche j'ai l'impression que la machine est entrain de lui aspirer le peu de vie qu'il lui reste.

Je tente de me raisonner, l'infirmière m'a expliqué qu'il était hors de danger, qu'ils le maintenaient dans cet état pour garantir une parfaite immobilité, en assurant une bonne oxygénation.
Le coup de tête qu'il a reçu a entraîné une hémorragie intracrânienne, celle ci a été drainée, et il n'a probablement aucune séquelle.
Ça en reste tout de même très impressionnant, je reconnais à peine l'homme charmant qui a passé la nuit à regarder des films à mes côtés.
Sa tête est enveloppée dans une bande, s'il n'y avais pas tout ses fils on croirait à un œuf de Pâques.
J'essaye de sourire de la situation, mais je sens mes joues baignées de larmes.
Je ne dois pas oublier le but de ma visite, je lui dois l'honnêteté, celle là même dont il n'a pas été capable à mon égard.

ApparencesWhere stories live. Discover now