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J'ai encore du mal à réaliser que c'est moi qu'il attend là sur le trottoir, je prend 2 secondes pour l'observer avant de le rejoindre.
Bien qu'il fasse soleil la température doit être proche de 0, ça et là des fenêtres recouvertes de givre témoignent de la rudesse de la nuit.
Je suis bien contente d'être toujours très organisée , si je n'avais pas pris la peine de planifier mon avenir dans ma fuite je me serais retrouvée à la rue.

Terek enfonce les mains dans sa veste kaki, il porte un jean troué au genou droit, et il a mis une casquette ou un béret, ça me rappel les photos des militaires sur mon livre d'histoire. Il porte de lourdes Rangers au pieds, on dirait vraiment qu'il est dans son élément dans mon foyer.
C'est seulement à ce moment que me traverse l'idée que lui aussi peut habiter ici.
Pourtant si on y regarde bien sa peau est lisse, ses cheveux ont été coupés récemment, ce matin j'ai observé ses mains, grandes, fines, propres, et ses ongles sont nets.
Il a tout les signes d'un homme qui fait attention à lui, je peux sentir les délicates effluves de son parfum quand je marche à ses côtés. Il doit avoir 1 ou 2 ans de plus que moi, peut être plus mais il fait jeune, ses yeux clairs ont quelque chose d'innocent.
J'inspire profondément, son parfum ne m'est pas inconnu, mais cela fait bien longtemps que je ne l'ai pas senti, une fragrance masculine, musquée.
Je me revois petite fille avec mon père, lui aussi mettait ce parfum quand il m'embrassait avant de partir au travail il avait cette odeur.
Ce détail éveille ma curiosité, c'est un parfum qui coûte une fortune, comment Terek peut il en posséder un, il ne semble pas rouler sur l'or.

Cela fait maintenant 5 minutes que nous marchons en silence, plusieurs fois je l'ai senti sur le point de dire quelque chose puis il s'est ravisé, il va donc falloir que je me lance.

-" Tu veux aller dans un endroit précis?"

-"Non, pas vraiment, je pensais aller vers le parc sur les berges du fleuve."

C'est donc LUI !!! J'en suis maintenant certaine, il ne ferait pas ce choix sinon, ce parc n'est pas très connu. Il faut que j'en ai le cœur net.

-" C'est toi qui a laissé un mot sous ma porte il y a une dizaine de jours?"

-"Oui."

J'attend la suite mais rien, décidément il n'est pas loquace aujourd'hui, il semble bien plus bavard avec ses amis du lycée. C'est peu être moi qui le met mal à l'aise, pourtant jusqu'à présent il a toujours eu le dessus et s'est amusé de ma timidité. Que lui arrive t'il?

-" Tu sembles différent, tu n'es pas très bavard, il s'est passé quelque chose?"

Je sais que je ne devrais peut être pas le brusquer. C'est pas nouveau les garçon n'aime pas trop parler de leurs problèmes, mais j'ai un pincement au coeur en le voyant comme ça.

-" Ne t'inquiète pas j'ai juste eu des problèmes dans ma famille, mais j'ai pu revenir. Rien de grave, des papiers."

-"Ok. Il y a une raison particulière á cette sortie? Pourquoi moi?"

-" Je ne sais pas, j'aime bien le fait que tu sois un peu à l'écart, et puis quand tu fais un effort tu es assez jolie."

-"Oh!"

Il sourie ( enfin) .

- " Je n'ai pas toujours été comme ça... "

Il s'arrête et me regarde droit dans les yeux, j'en ai un frisson, j'ai l'impression qu'il peut lire toutes mes pensées. Il grimace et me demande pourquoi j'ai changée. J'aimerais vraiment me confier, lui révéler la vérité, mais ce n'est pas possible ça mettrait en péril ma couverture et il pourrait s'imaginer des choses.

-"C'est une supposition, mais je pense qu'avant l'accident j'étais une fille normale avec une famille, des amies, parfois j'imagine que je vivais dans un autre pays et que c'est pour cette raison que personne ne m'a recherché."

Il expire bruyamment, décidément à chaque regard qu'il pose sur moi j'ai l'impression de découvrir une nouvelle facette de sa personnalité, je pourrais parier que ma réponse l'a mis en colère. Mais je ne comprend pas pourquoi, ses mains se tordent dans tout les sens, il réfléchit et semble indécis quant à la suite de notre conversation. Ce garçon est si mystérieux!

Il fini par répondre, et je suis encore plus surprise quand il s'excuse. Oui il s'excuse de m'avoir dit que c'était cool comme situation d'être amnésique, il me confit qu'il a été pris au dépourvu et qu'il s'en ai voulu après coup d'avoir réagit comme un idiot.
Je me sens littéralement fondre, même si je culpabilise un peu qu'il me présente ses excuses pour sa réaction alors qu'en réalité je me souviens très bien, trop bien même, de mon passé.

Je lui demande d'oublier ça, et commence à le questionner sur lui.
Il à 19 ans, ses parents sont divorcés, sa mère vit pas très loin, elle a refait sa vie. Son père est un homme d'affaire assez riche, il a eu beaucoup d'aventures, d'où le divorce. Il a été toute sa jeunesse en pension. Son père voulait qu'il reçoive une bonne éducation et sûrement le tenir à l'écart de ses frasques.

Quand il a eu 18ans, il a tout plaqué, pendant un an il a voyagé dans toute l'Europe.
Une vie de bohème, mais son père à menacer de lui couper les vivres et de le déshérité s'il ne reprenait pas sa scolarité pour trouver un boulot.
Sa mère habitant à une trentaine de kilomètre il a choisi mon lycée pour y passer son BAC.

Sans que je m'en sois aperçue la matinée est passée, nous avons marché presque 2 heures et nous sommes maintenant de retour devant mon immeuble.
Mon coeur se serre, je n'ai pas envie de le quitter, mais je ne sais pas vraiment comment prolonger ce moment.

-"Tu as prévue quelque chose pendant les vacances?"

-"Non, je compte réviser les épreuves anticipées du baccalauréat, et sûrement prospecter pour me trouver un petit boulot. Et toi?"

-" Je vais m'absenter quelques jours, mais j'aimerais qu'on se revoit si tu es d'accord?"

-"Évidemment!"

Mon ton est un peu trop enjoué mais c'est déjà un petit miracle que je ne sois pas entrain de sautiller de joie devant lui.

-"Super, je passerais te voir en fin de semaine, il me semble que tu n'as pas de numéro où je pourrais te contacter?"

Effectivement je n'ai pas de téléphone portable contrairement aux autres adolescents, et ici personne ne prend la peine de répondre au téléphone.

-"J'ai un ami qui tient un cyber café, j'y passe tout les jours, attend moi là je vais t'écrire mon adresse mail, tu pourras me contacter de cette manière."

Il acquiesce et je m'empresse de monter les marches trois par trois, j'arrive à bout de souffle à mon étage, sans regarder autour de moi je file dans ma chambre.
Une fois l'adresse écrite sur un post-it je redescend en quatrième vitesse manquant à deux reprise de me rompre le cou en tombant, mais peu importe je me sens pousser des ailes.
Je lui tend le petit bout de papier qu'il saisit. En se penchant sur moi il me dépose un rapide baiser sur la joue et me murmure un au revoir.

Je le regarde s'éloigner, j'ai beau avoir les doigts, orteils, nez et oreilles complètement gelés je sens une douce chaleur se propager dans l'ensemble de mon corps.
Je souris en gardant bien la bouche fermée, ça peut paraître bizarre mais j'ai peur que les papillons qui volent dans mon ventre s'échappent et viennent former un jolie coeur au dessus de ma tête.
Je me sens vraiment nunuche mais pour une fois j'aime ça.

En regagnant ma chambre je suis tellement absorbée dans mes pensées que je ne prête aucune attention au garçon assis sur le canapé.
Il me suis pourtant des yeux avec insistance, si seulement je le voyais je pourrais voir à quel point il a l'air triste.

ApparencesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant