LUNAR WINGS

Chapitre 10

Dès lors qu'ils avaient quitté la tente, Sana ne lui avait pas laissé une seconde de répit. Le plan de Minhyuk était tout à fait respectable et tenait la route. Mais pour qu'il soit mené à bien, il fallait que Chan soit capable de correctement contrôler sa magie. Etant donné qu'une fée vagabonde était à l'origine de toute cette situation, il était fort possible qu'il soit le seul à pouvoir interagir avec elle, puisqu'il était comme elle.

Les deux fées avaient dégoté un terrain reculé afin d'y faire plusieurs séances d'entraînement. Et contre toute attente, Chan découvrit une toute nouvelle façon d'apprendre.

Dans ses plus vieux souvenirs, l'école de son village lui avait appris les bases et quelques tours utiles mais elle était restée très scolaire et n'avait jamais vraiment poussé les capacités de chaque élève. En même temps, il avait à peine dix ans à l'époque, rien ne servait de leur apprendre à avoir pleine possession de leurs pouvoirs à cet âge.

La conclusion fut donc rapide et Sana ne mâchait pas ses mots.

— T'es vraiment la pire fée que j'ai jamais rencontré !

Il tiqua, agacé, ça faisait maintenant plusieurs heures qu'ils faisaient tous deux une séance de méditation. Chan devait réveiller le pouvoir qui dormait en lui, pleinement l'embrasser et accepter cette puissance que ses congénères lui avaient offert. Malgré les directives de la fée du feu, il mettait du temps et Sana était peu patiente.

Il avait pensé que ses entrainements se résumeraient à plusieurs affrontements acharnés avec la fée mais ce n'était rien de cela, bien au contraire, elle tenait dans un premier temps à libérer toute la puissance que Changbin avait étouffé en lui.

— Cet elfe est vraiment agaçant, il t'a bien dressé pour que porter des gants et cacher tes ailes soit suffisant pour éteindre tes pouvoirs. J'ai l'impression de faire face à un nourrisson. T'es incapable de gérer ta poudre de fée, quel gaspillage d'énergie ! T'es nul, nul, nul !

Il la fusilla du regard et elle lui offrit un sourire carnassier. Il savait qu'elle faisait exprès de jouer avec ses nerfs. Il était toujours plus compliqué de contrôler ses pouvoirs sous la colère, peut être que le faire exploser de rage libèrerait sa magie.

Il poussa un long soupir, regardant ses mains couvertes de poudre dorée. S'il n'avait pas été tant frustré, peut-être aurait-il trouvé cela beau.

— Pourquoi vouloir m'aider si c'est pour constamment rouspéter ? il la défia du regard. Je veux dire, vous ne faites que de râler et ça m'empêche de me concentrer.

La rousse le toisa de haut en bas, comme s'il venait d'insulter sa famille. Outrée, elle se laissa tomber assise à ses côtés, admirant ses pieds toucher l'herbe fraîche.

— Tu m'as sauvé, je te dois bien ça. Après trois ans enfermé dans un corps qui ne m'écoutait plus, ne pas pouvoir directement retrouver ma vie paisible m'agace un peu. J'aurai aimé pouvoir vous abandonner directement pour retrouver les miens.

Elle plia les genoux et les entoura de ses bras, le regard lointain fixant un point invisible.

— Mais ils sont tous sous le sortilège de cette fée des glaces, je n'ai personne à retrouver. Je ne sais pas si tu t'en rends compte, mais absolument tout dépend de toi. Les autres continents sont en train de mourir, il n'y a plus aucune fée pour réguler la vie et tous les habitants sont soit morts soit transformés en soldats de glace. C'est une situation dramatique.

Elle fit reposer sa tête sur ses genoux, le regard attristé.

— Quand je regarde cette forêt, je me dis que vous avez beaucoup de chance ici. On dirait que la guerre n'est pas là, tout est beau et plein de vie. Personne ne peut se douter du chaos qui se passe au-delà de la mer.