LUNAR WINGS

Chapitre Bonus II : Ils s'étaient promis de tout recommencer

Il avait marché plus d'un mois, avait traversé les monts du nord de son ancien territoire, les rivières et forêts du royaume voisin, avait vaincu la faim et l'insomnie avec un unique but en tête : repentir ses péchés.

Son vieil ami était au courant de sa présence sur ses terres mais n'avait pas envoyé d'escorte pour le protéger s'il on s'en prenait à lui. Il en était reconnaissant, il devait payer, laver la crasse qu'il avait accumulé sur ses vieilles épaules.

Un long soupir lui échappa lorsqu'il arriva devant le plus haut mont des terres de Lamagnac. Il espéra que son ami n'en soit pas offensé, mais vivre dans la plus haute grotte de la plus haute montagne du royaume était une idée bien agaçante. Il comprenait pourquoi personne n'attaquait le royaume des sorcières.

La monté fut longue et douloureuse, ses jambes tremblèrent après les premières heures. Mais il ne lâcha rien et continua sa route, s'il y avait bien une personne qui allait savoir le guider dans ses prochains choix c'était bien ce bon vieux Roi de Lamagnac. Sur le chemin, il put ressasser plusieurs fois l'entièreté de sa vie, les remords s'enroulaient toujours plus autour de sa gorge.

Un jour, il s'arrêta d'épuisement. Il n'était pas à la moitié du chemin mais il sentait son corps atteindre ses limites. Il commençait à se faire vieux, ou se cherchait-il des excuses pour ne pas faire d'efforts ? Les neiges éternelles commençaient à se dresser tout autour de lui, il avait terriblement froid. Peut être était-ce finalement son dû : mourir seul dans le froid de la montagne.

Ce jour-là, les regrets qui enserrèrent sa gorge furent plus vils que les précédents. C'était avec une vive amertume que le visage de sa fille, de son fils et de celui qu'il aimait plus que tout, lui revinrent à l'esprit. Toutes ces personnes qu'il avait été incapable de correctement protéger.

Il poussa alors sur ses pieds et se releva. S'accrochant à la paroi rocheuse de la montagne et il continua son chemin, plein de détermination.

Peu importe combien il le détestait, Hyunjin n'aurait pas aimé qu'il baisse les bras, Yeji n'aurait pas accepté qu'il meure si bêtement et Felix lui aurait très certainement offert de bons gros coups de pieds aux fesses.

Il continua alors son chemin et finit par atteindre la grotte royale avant la nuit. Ses genoux cédèrent à l'entrée de la galerie de pierres, une multitude de torches en bois s'allumèrent en écho à sa chute. Il observa silencieusement les flammes danser le long du couloir. De la chaleur, enfin.

— Key, Taemin, amenez le dans sa suite et aidez le à se préparer. Il est frigorifié.

L'elfe releva la tête et plissa des yeux, trois silhouettes se tenaient devant lui. Il fronça un sourcil, il n'avait rien entendu. Était-ce la fatigue qui le faisait délirer ? Il se frotta les yeux, dans l'espoir de voir plus clair. Mais rien à faire, il perdait connaissance.

— Bienvenue à Lamagnac Changbin, nous t'avons attendu.

Une main lui tapota l'épaule et un grand sourire illumina le visage de l'ancien roi. Il pouvait désormais céder à la fatigue sans soucis, il était arrivé.

— Byun Baekhyun, mon ami.

⥁

Il lui fallut plusieurs jours au lit pour se remettre de ce trajet. Il n'était plus le jeune elfe d'antan, une part de lui grognait avec frustration. Il n'était pas censé être fatigué, les elfes vivaient en moyenne un millier d'années, il en avait à peine une cinquantaine.

Si l'on prenait d'ailleurs le temps de tout reprendre en considération, l'ensemble de la famille royale était très jeune. Les trahisons et massacres passés avaient démantelé la crédibilité de leur famille. Il ne restait plus un sage. La lignée Hwang ne comptait que quelques novices souches. Avec son règne d'une quarantaine d'années, Changbin était désormais la risée des dirigeants de Kurthorn. Il espérait que Yeji puisse garder la couronne aussi longtemps que possible et que Jeongin ferait de même. Il fallait rebâtir une crédibilité familiale mais aussi offrir un gouvernement stable à ces pauvres habitants qui subissaient les drames familiaux.