Chapitre 14

334 46 206
                                    

Il y eut un instant de flottement, un long moment où les deux garçons se dévisagèrent sans être certains de bien comprendre, ou réaliser, ce qu'il se passait. Chan se recula de quelques pas, comme assommé, et en lâcha ce qu'il tenait entre les bras.

— Hyun-Hyunjin ? bégaya-t-il alors que l'elfe se précipitait en sa direction.

Ses yeux s'emplirent de larmes à la seconde où il se rendit compte qu'il ne rêvait pas. C'était ses bras qui venaient s'enrouler autour de sa nuque, sa taille qu'il tenait entre ses doigts tremblants... C'était son odeur qui lui baignait le nez et sa chair qu'il écrasait contre la sienne.

Hyunjin s'était élancé comme un boulet de canon, le choc avait été violent, mais ils en avaient besoin. C'était une nécessité, il fallait qu'ils sentent leurs muscles se presser et leurs corps se fondre pour comprendre qu'ils s'étaient enfin retrouvés. Chan le serra contre lui aussi fort qu'il put. Il pleurait tant qu'il ne voyait plus rien du joli visage de son bien-aimé. L'étreinte était si étroite qu'on aurait pu croire qu'ils allaient s'étouffer.  

Les deux perdirent l'équilibre et Chan s'écrasa au sol, rattrapant Hyunjin comme il put pour éviter que celui-ci se fasse mal. Un petit rire s'échappa des lèvres du rosé tandis qu'il se réceptionnait à quelques centimètres du visage de la fée. L'ancien soldat ne le quittait pas des yeux. Il pleurait silencieusement, le coeur lentement apaisé.

Un énorme poids venait de s'enlever de ses épaules, il avait l'impression qu'on lui ôtait des siècles de souffrance.

— Tu es vivant ! Chan ! chuchota l'elfe contre sa nuque, du soulagement s'entendait dans sa voix.

Le brun entoura de ses bras les épaules du plus grand. Les deux garçons restèrent longtemps allongés. Les doigts de Hyunjin ne quittaient pas le visage de la fée, il repassait soigneusement sur les traits de son amoureux, touché de retrouver ces sensations qui lui avaient tant manqué. Le menton de Chan tremblait violemment tandis qu'il hoquetait douloureusement, ses yeux ne quittant pas le ciel dégagé.

Il avait l'impression de rêver, pourtant le corps de Hyunjin était clairement en train de l'écraser. Son long périple avait enfin abouti, il n'aurait plus jamais à le quitter.

— Oh, Hyunjin... souffla-t-il tout en se redressant pour enfoncer sa tête dans la nuque libre du rosé.

Front contre sa clavicule, il s'accrocha au t-shirt de l'elfe et laissa toutes ses peines couler contre la peau de son bien-aimé. Le rosé fut surpris de retrouver sa fée tant perturbée, lui aussi pleurait mais les larmes de Chan n'avaient rien à voir avec celles qui coulaient sur ses joues. Sur ses diamants roulaient soulagement, joie, apaisement tandis que sur le visage du soldat, se trouvait un torrent de douleur, de peur et de désespoir.

Sans hésitation, il attira Chan plus étroitement contre lui et le laissa étancher ses peines. Il répondait à chaque sanglot avec plusieurs baisers contre son cuire-chevelu, le brunet avait besoin d'être consolé. C'est d'ailleurs à cet instant qu'il réalisa l'état dans lequel se trouvait la fée. Il avait les cheveux emmêlés, des cernes terrifiantes, son visage et ses vêtements étaient couverts de terre, comme s'il avait été tiré au sol. Il se leva sans hésitation, récupéra d'une main les documents que Chan avait fait tomber au sol et l'attrapa de son autre main pour le tirer à sa suite.

Il poussa la porte d'entrée d'un pied, jeta les feuilles sur la table de leur petit salon et tira la fée à l'étage. Chan titubait mais ne lui lâcha pas la main, au contraire, il serra encore plus fort leurs doigts, prêt à leur casser les phalanges. Il ne voulait plus qu'on le sépare de l'elfe.

Cette soudaine course dans la maisonnette qu'il ne connaissait pas avait calmé ses larmes. Il avait désormais les yeux rouges et gonflés, Hyunjin n'avait pas meilleure allure. Ils débarquèrent dans ce que Chan compris être la salle de bain. Il y avait une baignoire de taille raisonnable et une douche, un miroir devant lequel se trouvait un lavabo. C'était une pièce de taille tout à fait raisonnable, on pouvait y rentrer à quatre sans problèmes.

LUNAR WINGSOù les histoires vivent. Découvrez maintenant