La cavale des sentiments (TOME 2) [TERMINE - A CORRIGER]

JANSSEN - CLARA

Il leur restait une grosse vingtaine de minutes avant d'arriver à la frontière avec le Nevada. Janssen n'avait pas vraiment pris le temps de s'arrêter, ne voulant pas rater cette chance de les coincer. Clara dormit contre son épaule durant un long moment avant de se tourner. Il avait juste pris une boisson et mis sa veste sur sa coéquipière. Il fixait la route, prenant sa canette de boisson énergisante pour en boire une gorgée avant de la reposer. Il observa brièvement Clara, un fin sourire aux lèvres. C'était compliqué avec elle... Pas à cause d'elle ceci dit. Il l'aimait, ce n'était pas la question mais il y avait sa femme. Il hésita à ralentir un peu. Il n'avait pas plus envie que sa collègue que cette aventure s'arrête. En même temps, ils avaient deux corps bien que dans deux états différents et personne n'avait été arrêté. Il fallait qu'il l'attrape et la jette en prison. Cette "Lisa" était une meurtrière... Il y avait même peut-être d'autres meurtres dont ils ignoraient l'existence. Elle faisait peut-être parti des meurtriers en série qui composaient l'histoire de ce pays. Il soupira doucement, fixant la route.

-A quoi est-ce que tu penses ? chuchota Clara qui s'éveillait.
-Je me dis que j'ai pas envie que l'enquête s'arrête mais qu'on a peut-être une meurtrière en série sur les bras...
-C'est plus rare chez les femmes et les scènes ne l'indiquent pas. C'est pas méthodique, il n'y a pas de plaisir, aucune torture, aucune mise en scène, aucun signe de désir malsain ou de déviance sexuelle... Ce sont des bagarres qui tournent mal, affirma la jeune femme.
-Et si c'était ce qu'elle attendait ? Ou sa mise en scène ? Je veux dire... Peut-être qu'elle retient ses pulsions jusqu'à ce que quelqu'un tente de s'en prendre à elle et là, elle tue en se disant que la légitime défense pourrait le faire... fit Henri, commençant à rentrer dans des théories.
-Si elle se retenait, ce serait plus violent. Imagine ne pas pouvoir faire ce dont tu meurs d'envie, quand tu pourras, tu le feras avec plus d'intensité, rétorqua Clara.
-Mh... Peut-être. On saura quand on l'aura choppée... D'ailleurs, on est plus très loin, affirma-t-il.

Clara ne put s'empêcher de laisser un soupir lui échapper. Elle ne voulait pas que ça se termine et en même temps, elle savait que cette psychiatre était peut-être en danger ou n'importe qui qui pourrait croiser leur route. Son téléphone se mit à sonner et la jeune femme le sortit pour décrocher.

-Allô ? Mhmh... Qu... Quoi ?! Oh putain. Merci, fit-elle avant de raccrocher, passant une main sur son visage.
-Qu'est-ce qu'il se passe ? demanda-t-il en haussant un sourcil.
-On est entourés d'abrutis ! grogna-t-elle. La voiture... Elle est à l'arrêt.
-C'est une bonne nouvelle, non ? dit-il intrigué.
-Non... Ca fait quatre heures. Le gars qui m'a donné les infos, il s'est foiré. Elles avaient déjà passé la frontière ! dit-elle, commençant à s'énerver.
-Merde... souffla Henri.
-Sans la voiture, on va avoir du mal à les retrouver. Elles peuvent aller n'importe où... affirma la policière, mécontente.
-Hey... fit l'homme en posant sa main sur son genou. Ca nous fait un peu plus de temps ensemble... ajouta-t-il ensuite, avec un fin sourire.
-Mh, j'espère qu'on aura pas un peu plus de cadavres au passage, soupira la femme.

Janssen n'ajouta rien, se reconcentrant sur la route. Clara ruminait dans son coin. L'appel venait de la police du Nevada. Ils avaient trouvé une voiture abandonnée et en cherchant sa provenance, ils avaient eut un échange avec l'entreprise de location. De là, ils avaient appris que cela faisait quatre heures qu'elle était à l'arrêt. Elles avaient filé avant même que le barrage ne soit mis en place. Elles avaient quatre heures d'avance. C'était peu et en même temps, elles avaient pu fuir n'importe où. Elles avaient pu se rendre à l'aéroport, faire du stop vers un autre état ou la ville, voler une autre voiture... Elles avaient peut-être une planque. Elle grogna de frustration alors qu'elle était dans ses pensées. Elle sentit la main tiède d'Henri sur sa joue et elle eut un léger sourire en voyant le sien. Il ne fallait pas qu'elle s'énerve. La voiture allait peut-être leur fournir des indices importants. Ca allait peut-être les mener à elles. Elles devaient commettre des erreurs si elles n'étaient pas préparées à tout ça. Mais peut-être que son coéquipier avait raison et qu'elle attendait de tomber sur les bonnes victimes et qu'il y en avait bien plus que deux... Elle ne pouvait que ruminer jusqu'à ce qu'ils arrivent au barrage. Janssen ralentit avant de s'arrêter, discutant avec un policier. Ils suivirent ensuite l'homme jusque dans le désert où une voiture était laissée à l'abandon sous un soleil de plomb. Elle se pencha et observa l'intérieur du véhicule. Il n'y avait rien à première vue. Elles n'avaient rien laissé. Elle demanda à ouvrir le coffre et rien. Elles avaient tout emporté. Il fallait que le labo relève des traces mais ça allait prendre un petit moment. La technologie accélérait les choses mais ça restait toujours long. Il leur fallait l'appel d'un témoin pour les localiser. Mais étaient-elles seulement encore au Nevada ? Où fallait-il lancer l'info ? Partout... Ils allaient recevoir des centaines d'appels par jour au début... Tellement de pistes. 

-On va les trouver, souffla-t-il en posant sa main sur son épaule.
-Elles sont plus organisées qu'il n'y paraît. Elles sont parties en panique mais plus le temps passe et plus elles nous distancent... On a pas la moindre idée d'où elles peuvent être maintenant, affirma Clara avant de sentir sa poche vibrer. Quoi ? grogna-t-elle, s'attendant encore à une mauvaise nouvelle. 

Son visage se décomposa au fur et à mesure de la conversation et Janssen n'entendait rien de la conversation mais cette nouvelle semblait être une bombe. Quelque chose qu'elle ne s'attendait pas à apprendre. Il fronça les sourcils, penchant la tête, comme pour lui demander de cracher le morceau. Clara raccrocha, la bouche légèrement ouverte.

-Quoi ?! s'excita Henri qui voulait savoir.
-La psy... souffla-t-elle.
-Quoi la psy ? Clara, qu'est-ce qu'il y a ? Elle est morte ?! dit-il, se disant qu'ils avaient raté l'occasion de la sauver.
-Elle a tué son père, fini-t-elle par lâcher.
-Hein ? On a deux meurtrières en cavale ?! fit-il avant de taper sur le capot de la voiture. Merde... Si elles entrent dans une folie meurtrière à deux...
-On va avoir un paquet de morts, souffla-t-elle doucement, n'en revenant toujours pas.
-Elle a pourtant pas le profil. Autant notre suspecte dans les meurtres mais la psychiatre ? dit-il, ne comprenant cette information. C'est arrivé quand ?
-Elle avait treize ans... répondit Clara.
-Oh... Ca fait un bail. J'ai cru que c'était récent pendant un instant, fit-il, un peu soulagé malgré lui, espérant que ça n'avait rien à voir avec un comportement dangereux.
-C'est surtout jeune... souffla la jeune femme.
-Certes mais on sait pourquoi ? 
-Non. Juste qu'elle a purgé une peine pour le meurtre de son père. Elle a fait une peine dans une prison pour mineure jusqu'à ses dix-huit ans et le casier a été effacé.
-C'est déjà ça ! dit-il, essayant d'être positif.
-Ou alors, elle est intelligente et elle sait qu'être en prison, c'est pas terrible quand t'as envie de commettre des meurtres dehors. Regarde... Plus on avance, plus leurs mouvements sont imprévisibles.
-Clara... On a surtout eu une info erronée. Elles pouvaient pas savoir qu'on pensait qu'elles arrivaient seulement alors qu'elles s'étaient déjà arrêtée. Qu'on nous envoie le dossier de la psy et qu'on creuse un peu plus cette histoire. Il y a peut-être de bonnes raisons...
-A un meurtre ? fit Clara en levant les yeux au ciel.
-Légitime défense... Ne vois pas le mal partout...
-C'est toi qui dis ça ? pouffa-t-elle ironiquement.
-Arrête un peu, fit-il en souriant, caressant sa joue. Allez. Viens. On va se trouver une chambre et on va se reposer. On a aucune info et tant que le labo aura pas examiné la voiture, on en aura pas plus. Autant voir si la psy est une nouvelle suspecte ou si on peut espérer qu'il n'y aura pas plus de meurtres.
-Très bien, soupira Clara qui ne savait plus quoi penser de tout ça.

Etaient-elles un danger pour les citoyens ?