CALLIE

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Elle était impatiente... Impatiente de recevoir cette lettre provenant de la Californie. Ca ne pouvait être qu'elle. Elle priait pour que ce soit elle. Minuit passé et Callie ne dormait pas encore, elle était trop nerveuse. Elle ne savait pas ce que cette lettre allait contenir, peut-être qu'elle saurait enfin où elle se trouvait... C'était long, trop long. Le temps ne passait pas. Elle alla se chercher une bouteille et vida la moitié avant de tomber de sommeil bien que l'alcool avait surtout pas mal aidé.

La musique dans sa voiture résonnait dans un écho qui semblait lointain. Callie était debout, derrière sa portière ouverte, des lumières bleues l'aveuglant par à coup. Un corps était emballé dans un sac mortuaire avant d'être emporté par les services de police, certainement vers la morgue.

-Je suis tellement désolée, entendit-elle avant de tourner les yeux vers une voisine qui la regardait les larmes aux yeux.

Callie fronça les sourcils avant de tourner la tête vers le bâtiment. Elle leva les yeux vers son étage et elle put voir un policier faire un geste pour signaler quelque chose à l'un de ses collègues qui se trouvait dehors. Son coeur s'arrêta une seconde de battre avant de cogner dans sa cage thoracique. Elle se mit à courir, passant les banderoles avant de se faire attrapée par un policier.

-C'est chez moi ! C'est... c'est chez moi... dit-elle avant d'éclater en sanglot.
-Vous êtes Callie Logan ? fit-il, recevant un hochement de tête comme réponse. Oh... Toutes mes condoléances... 
-Qui... Qui c'est ?
-C'est votre femme.
-Est-ce que... Est-ce qu'il y avait quelqu'un d'autre ?
-Non, malheureusement, nous ne savons pas qui est le tireur. Il aurait dû y avoir quelqu'un d'autre ?
-J'héberge une patiente...
-Il n'y a aucune trace d'une quelconque autre personne chez vous... Nous n'avons rien retrouvé qui indique que quelqu'un vivait là avec vous. Est-ce que ça pourrait être elle ?
-Je... Je ne sais pas, peut-être, dit-elle en entendant que Lisa s'était enfuie, soulagée et triste à la fois.
-Est-ce que vous vous sentez capable de nous dire si il vous manque quelque chose ?

Callie hocha légèrement la tête avant de soupirer. Elle accompagna le policier chez elle et tout semblait normal. Elle fit quelques pas et pu voir des traces de bagarre et une marre de sang du côté de la cuisine. Callie posa sa main sur sa bouche pour étouffer un léger cri de stupeur, elle n'avait jamais vu ça de sa vie, seulement dans des films ou des séries.

-Est-ce que ça va ?
-Mhmh... fit-elle en prenant une grande inspiration, détournant le regard de la scène.

Premier réflexe, elle alla voir dans la chambre d'amis et en effet, c'était comme si il n'y avait jamais eu personne. Tout était vide et rangé, même le lit était propre et refait. Elle soupira doucement avant d'aller voir dans le salon. Elle ouvrit le tiroir et sans grande surprise, l'enveloppe n'était plus là. 

-Non... Il ne manque rien, fit Callie avant de serrer légèrement la mâchoire. 

Avec une telle somme, Lisa pouvait disparaître n'importe où, elle pouvait même changer de continent. Ce qui l'attristait le plus, c'était de se dire qu'elle n'avait même pas eu l'occasion de lui dire au revoir. Evidemment, elle était triste pour Megan, c'était totalement normal mais elle ne voulait pas croire que Lisa était responsable de tout ça. Elle avait beau avoir ses mauvais côtés, elle n'aurait pas été jusqu'à presser la détente. 
Les flics terminèrent leur boulot et Callie, épuisée moralement, alla se coucher, laissant tout comme ça. Elle n'aurait plus qu'à faire appelle à une équipe de nettoyage. Profondément endormie, elle fut réveillée en sursaut par une main qui se plaqua sur sa bouche. Il lui fallut une seconde pour réaliser, voyant le visage de Lisa apparaître et sa vision se focalisa sur un canon de fusil pointé sur sa tête. Un flash aveuglant accompagné d'une détonation sourde...


-Putain... Encore, fit Callie après s'être réveillée en sursaut, regardant autour d'elle et ne voyant personne.

Elle faisait ce cauchemar à répétition, un peu moins qu'au début mais elle le faisait encore régulièrement. Elle passa sa main sur son front en sueur et soupira avant de plisser les yeux en les tournant vers la fenêtre. Il faisait jour dehors, elle sortit de son lit d'un bon avant d'enfiler des vêtements. Elle sortit et se dirigea vers l'accueil.

-Bonjour... Est-ce que...
-Le facteur est pas encore passé.
-Oh, d'accord... Merci, dit-elle avant de soupirer. 

Elle tourna en rond dans la cour du motel, allant finalement à un distributeur pour se prendre une boisson et un petit truc à grignoter. Après une bonne heure et demie à tourner comme un animal en cage, elle vit le facteur arriver. Elle s'approcha de l'accueil et l'homme soupira en lui donnant directement l'enveloppe. Elle retourna à sa chambre et elle s'installa sur le lit, fixant le papier dans ses mains. Maintenant qu'elle l'avait en sa possession, elle flippait. Et si Lisa lui disait qu'elle allait la retrouvée et la tuée ? Ou pire, si elle lui disait qu'elle la haissait..? Mais peut-être qu'elle lui indiquait où la retrouver ? Elle la fit tourner dans ses mains, regardant l'enveloppe sous toutes ses coutures avant de commencer à l'ouvrir. Elle secoua la tête et la posa à côté d'elle. Elle voulait savoir mais elle avait peur de ce qu'elle allait découvrir.

Callie attrapa sa veste et elle sortit, laissant le papier sur le lit. Elle passa devant l'accueil pour sortir du complexe avant d'être interpellée par l'homme qui tenait l'endroit.

-Alors ? Bonne nouvelle ?
-Je... Je sais pas, dit-elle en reprenant sa route vers le diner où elle avait été quelques jours plus tôt. 

Le ventre rempli et les idées plus claires, ça ne pourrait que lui faire du bien. Elle devait savoir mais elle n'était pas prête. Tout était beaucoup plus réel maintenant qu'elle l'avait. Elle se commanda des oeufs brouillés et du bacon avec un café. Elle prenait son temps pour manger, comme si elle avait peur de rentrer chez elle, attendue par quelqu'un qui ne lui voulait pas du bien.

-Tout va bien ? fit la serveuse avec qui elle avait brièvement discuter la dernière fois.
-Mh ? Oui, oui...
-Sûre ? Vous êtes toute pâle.
-Ca va... J'ai, hum... j'ai juste reçu une nouvelle plutôt troublante.
-Oh... Je vois. J'espère que ce n'est rien de grave, dit-elle avec un sourire chaleureux.

Callie hocha simplement la tête avant de reprendre lentement son repas. La serveuse jetait des regards en sa direction et lorsqu'il y eut moins de monde, elle revint près d'elle pour lui servir un autre café en lui offrant un sourire.

-Merci... Mh, dites...
-Oui ?
-Je peux vous demander un truc qui vous semblera sûrement très bizarre..?
-Hum... Oui ?
-J'ai juste besoin d'un regard extérieur... Hmhm, donc... Si vous aviez une femme et que celle-ci se fait tuée par une autre femme. Genre votre maîtresse, en quelques sortes, et que celle-ci, après des mois de silence, recherchée par la police, vous envoie une lettre... Vous l'ouvririez ?
-Mmh, question difficile. C'est vraiment elle qui l'a tuée ?
-Quatre-vingt dix-neuf pour cents sûr...
-Et est-ce que je l'aime vraiment ma maîtresse ou je la déteste ?
-Hm... Vous l'aimez...
-Alors j'imagine que oui. Je voudrais savoir ce qu'elle veut me dire, peut-être qu'elle a rien fait et qu'elle a fuit parce que malgré tout, les preuves l'accablaient..? Et puis, par amour, on peut faire des trucs fous... Si elle l'a vraiment fait, c'était peut-être par amour, qui sait ?
-Et vous pensez que rationnellement, on peut accepter un tel acte juste au nom de l'amour ?
-Tout est permis en amour... dit-elle avec un clin d'oeil avant de devoir aller s'occuper d'un client qui venait d'entrer.

Callie soupira doucement en la regardant faire. Elle termina enfin son repas et sa boisson. Elle laissa un billet sur le comptoir avant de sortir du restaurant. Elle marcha jusqu'au motel et elle le regarda avant de passer son chemin, allant se balader sans trop savoir où elle allait.

-Vraiment bizarre cette gamine, fit l'homme de l'accueil en voyant qu'elle repartait sans entrer après être restée plantée là un instant.

La nuit tombée, elle revint et passa devant l'homme, comme d'habitude. Elle était fatiguée, elle n'avait pas cessé de marcher et elle alla directement à sa chambre. Elle s'installa sur le lit et prit la lettre avant de prendre une grande inspiration. Elle l'ouvrit et sortit le papier et elle relâcha son souffle en lisant les premiers mots, des larmes coulant sur ses joues.

La cavale des sentiments (TOME 2) [TERMINE - A CORRIGER]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant