LES LETTRES DE L'ALPHABET **

LEMON

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Deux hommes coincés dans un ascenseur au dixième étage depuis trente minutes, se regardent en chien de faïence. Ils travaillent ensemble, mais ils se détestent profondément.

L'un d'eux prend son téléphone et consulte ses messages puis il met ses écouteurs, ferme les yeux et écoute de la musique.

L'autre le plus vieux prend une chemise cartonnée dans sa sacoche et lit un des dossiers.

Le plus jeune est bi, le plus vieux est homo.

L'un est toujours gai comme un pinson et parle à tout le monde.

L'autre est froid et distant avec tout son entourage.

L'un est communicatif et à beaucoup d'amis.

L'autre est un loup solitaire et n'a aucun ami.

L'un à toutes les femmes et les hommes qu'il veut.

L'autre est un frustré du sexe, il n'a jamais eu quelqu'un dans son lit ce qui lui vaut une profonde jalousie pour le plus jeune.

L'un malgré ses chamailleries incessantes avec le plus vieux est attiré par celui-ci, mais ne lui avouera jamais.

L'autre malgré son sale caractère à toujours houspiller le plus jeune, il est tombé amoureux de lui, mais sa fierté mal placée lui interdit de lui dire.

Ces deux là sont de parfaits imbéciles aussi bornés l'un comme l'autre.

Les heures défilent, l'hautparleur de l'ascenseur grésille et une voix se fait entendre.

- Il y a quelqu'un là-dedans ? (Mécanicien)

- Oui on est deux. (Ehren)

- Vous n'êtes pas blessé ? Pas de problèmes de santé particuliers ? (Mécanicien)

- Une seconde. Et toi le vieux, tu vas bien ? (Ehren)

- Qu'est-ce que cela peut te foutre le puceau ! (Livaï)

- Toujours aussi aimable celui-là. Ok rien à signaler. (Ehren)

- Très bien je vais dans ce cas vous annoncer une mauvaise nouvelle. Je n'ai personne sous la main pour le moment, vous devez encore patienter plusieurs heures avant que nous vous sortions de là. (Mécanicien)

- Très bien, nous attendrons, c'est possible d'avoir un peu d'eau et de la nourriture. (Ehren)

- Pas de problèmes je vais vous glisser tout çà par l'ouverture de la trappe, vous la relever et je vous passe le tout avec une corde, cela vous convient, vous y arriverez ? (Mécanicien)

- Je vais me débrouiller, merci. (Ehren)

- Dans dix minutes, je serai là.

- Ok à tout de suite.

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Ehren retire sa veste, relève les manches de sa chemise blanche, retire sa cravate car il a trop chaud et déboutonne les trois premiers boutons de son col. Livaï l'air de rien est très attiré par ce qu'il voit, mais reste stoïque et continue de lire toujours son foutu dossier.