LES LETTRES DE L'ALPHABET **

VOYAGE

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Deux hommes sur un sofa recouvert d'un plaid regardent la télévision, l'un est assis, l'autre est collé à lui et ses mois sont comptés.

Le plus jeune des deux, caresse les cheveux du plus vieux et les embrasse, une ombre traverse son visage angélique, ses yeux s'assombrissent, une larme furtive perle sur sa joue.

Le plus vieux s'est endormi sur l'épaule de son mari, celui-ci le pousse délicatement, le prend dans ses bras puis l'emmène jusque dans le lit, il le pose doucement pour ne pas le réveiller et lui faire mal, ensuite il le déshabille avec une infime prudence, puis il lui enfile un pyjama en pilou, car il a de plus en plus froid à cause de sa maudite maladie et pour finir il rabat les couvertures sur lui.

Ehren l'embrasse tendrement sur ses lèvres puis il se dirige vers le salon pour éteindre la télé, il se dirige vers la cuisine, il se sert un verre d'eau, il le boit lentement en regardant par la fenêtre, ce soir le ciel est étoilé.

Ses deux mains posées sur le plan de travail se resserrent sur le rebord au point de se faire saigner les doigts, il se mord la lèvre inférieure, des sanglots s'échappent de sa bouche, des larmes glissent sur ses joues, Ehren a mal, mal de ne pouvoir rien faire, mal d'être impuissant devant la maladie de son époux. Il se sent si mal...

Après s'être calmé le jeune homme se dirige d'un pas las vers la salle de bain de l'étage pour éviter de réveiller son mari.

Une fois à l'intérieur, il se déshabille petit à petit, il se glisse dans le bac à douche, ouvre le robinet d'eau chaude, cette dernière coule sur sa peau halée, il rejette la tête en arrière, il repense à son enfance, à son adolescence à sa rencontre avec son homme, à sa première fois, à son mariage, à la naissance de leur fils il y a tout juste huit mois, un petit garçon qui ne connaîtra jamais son papa, que vont-ils devenir sans lui ?

Ehren se laisse glisser lentement le long de la paroi carrelée puis il remonte ses jambes contre son torse et pleure doucement laissant le désarroi et la peine s'évacuer de son âme meurtrie.

Au bout de trente minutes il se relève, il s'essuie minutieusement, ensuite il enfile un survêtement en laissant son torse nu puis descend vers la chambre parentale, il s'allonge dans le lit, il prend son époux dans ses bras, cette nuit Ehren n'arrive pas à dormir, ses larmes ne cessent de couler, combien de temps restera-t-il encore près de lui ?

Personne ne le sait !

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Livaï est allongé dans un lit d'hôpital des perfusions dans les bras et de l'oxygène pour l'aider à respirer.

Ehren est près de lui, hier soir, il est arrivé en urgence après une très grosse crise.

Le châtain le veille depuis cette nuit, son mari ne s'est pas encore réveillé, le jeune homme lui tient la main, épuisé, il finit par s'endormir sur le bord du lit.

Son mari se réveille quelque temps plus tard, d'un air triste, il regarde son mari endormi, sa main libre caresse ses cheveux en bataille, ses yeux se relèvent vers la porte qui vient de s'ouvrir.

Un médecin et une infirmière entrent dans la pièce, d'un pas rapide, ils s'approchent du lit, le regard du toubib fuit celui de Livaï, il a compris, c'est bientôt la fin, il ne les verra plus.