WAGONS

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Montpellier dix-huit heures trente, quai dix-sept, train en partance pour Strasbourg.

Un homme brun, grand, âgé de vingt-quatre ans, monte dans le wagon A12, il se dirige vers la cabine portant le numéro quinze où se trouvent deux couchettes.

Il marche un peu dans le couloir puis entre dans celle-ci, ensuite il dépose sa valise sur son lit l'ouvre et range quelques effets dans la petite armoire.

Il ressort, ouvre la fenêtre et regarde le quai, l'hautparleur annonce le départ imminent du train. Il aperçoit un jeune homme qui court pour arriver à son wagon, il s'arrête, regarde son billet puis reprend sa course effrénée.

L'homme le voit s'arrêter à son wagon, le jeune homme regarde une nouvelle fois son billet puis le numéro ensuite il monte à l'intérieur.

L'homme le voit s'avancer tout essoufflé vers lui, le gamin regarde toutes les cabines, regarde encore une fois son billet et se stoppe à celle qu'occupe l'homme, le châtain le regarde et lui fait son plus beau sourire, l'homme ressent comme une chaleur l'envahir, comment est-ce possible, lui si insensible au charme de ses semblables ?

Le jeune homme entre à l'intérieur de la cabine, il s'assoit quelques secondes pour reprendre son souffle, l'homme le regarde du coin de l'œil, de la tête aux pieds, il doit bien s'avouer que ce jeune homme est magnifique et tout à fait à son goût.

Ehren relève la tête, prend un crayon et un petit calepin qu'il retire de sa poche ensuite il inscrit quelque chose dessus.

[- Bonjour Monsieur, je m'appelle Ehren et je suis muet.]

Il regarde une nouvelle fois l'inconnu en lui faisant un sourire puis il lui tend son petit carnet.

Livaï le prend et lit ce que le gamin y a inscrit.

[- Bonjour je m'appelle Livaï Ackerman, désolé, mais tu ne devrais pas t'adresser comme cela à des inconnus.]

Livaï lui rend le petit carnet et le jeune homme tapote la place à côté de lui, le brun hésite un peu puis s'assoit en esquissant un léger sourire.

[- Vous n'avez pas l'air méchant ?]

Le brun écarquille les yeux et hausse un sourcil.

[- Ne te fit pas à l'eau qui dort Gamin, je peux devenir un torrent tumultueux.]

[- Je ne crois pas, c'est juste votre façon pour éloigner les gêneurs.]

[- Comment tu vois cela toi ? Tu es devin ?]

[- Simple intuition Monsieur.]

[- Bon le devin tu peux me tutoyer et arrêter de m'appeler Monsieur, je ne crois pas être aussi vieux que tu le crois !]

[- Très bien, dans ce cas tu as quel âge ?]

[- Vingt-quatre ans et toi ?]

[- Dix-huit ans, on est proche.]

[- C'est bien ce que j'ai dit, tu es un Gamin.]

[- Eh je ne suis plus un gamin, je suis à l'université et j'ai deux ans d'avance, l'année prochaine je serai Professeur.]

[- Prof et de quoi ?]

[- Histoire et toi tu fais quoi ?]

[- Tu ne vas pas me croire Gamin, je suis moi-même Prof d'histoire.]

[- Cool.]

[- Bon j'ai un petit creux, tu viens manger, je t'invite !]

[- Merci beaucoup, j'accepte volontiers.]


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Ellipse du repas.

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Les deux hommes après avoir bien mangé et discuté à l'aide du petit carnet, regagnent leur cabine.

Ehren se déshabille devant Livaï tout en gardant son caleçon, mais il enfile tout de même un vieux survêtement et un tee-shirt sous le regard plus qu'intéressé du brun qui n'en perd pas une miette, ses joues rougissent légèrement.

Ehren s'allonge puis il éteint sa petite lampe. Livaï fait de même tout en enfilant un pyjama, il salue de la main le jeune homme et se couche à son tour tout en éteignant la lumière.

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Deux heures du matin l'alarme du téléphone d'Ehren se met en marche, sa main sort de sa couverture puis elle éteint l'appareil sous les grognements de Livaï.

Le jeune homme s'assoit sur le bord de sa couchette, s'étire et bâille, ensuite il tape sur l'épaule de son voisin et lui montre l'heure de son portable, celui-ci se retourne en râlant puis s'assoit à son tour sur la couchette. Ehren lui sourit, le brun pas très heureux de se faire réveiller à cette heure lui fait tout de même un petit signe de main.

Les deux hommes s'habillent, rangent leurs affaires dans leur sac puis quittent leur cabine.

Ehren regarde son voisin, il lui tapote l'épaule, il griffonne un numéro sur un bout de papier et le tend timidement à Livaï qui l'accepte avec un sourire en coin.

Le professeur d'histoire arrache un morceau de papier dans le petit carnet du châtain et lui inscrit le sien. Le brun s'approche de lui et lui dépose un baiser sur ses lèvres, le jeune Ehren le regarde puis le prend par le cou et se jette sur les siennes en y faisant entrer son muscle rose sous le regard étonné du plus vieux, mais qui se sent tout de même flatté par la décision du plus jeune.

Les deux hommes sont un peu bousculés lorsque le train s'arrête en gare, ils descendent, se saluent de la main puis ils disparaissent dans la marée humaine.


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Deux mois plus tard le jeune Ehren et le professeur Ackerman sortent ensemble.

Quelques mois plus tard le jeune homme a réussi tous ses examens avec mention très bien et sera professeur d'histoire à la rentrée dans un établissement scolaire pour malentendants.

Livaï est fier de lui et pour fêter cela il l'a invité chez lui où les deux jeunes hommes ont dîné en tête-à-tête, regardé la télé blottis l'un contre l'autre puis ils ont fini dans le lit du professeur où le jeune Ehren lui a fait l'amour pendant toute la nuit.

Aux aurores les deux hommes complètement épuisés, se sont enfin endormis et ne se sont réveillés que l'après-midi vers quinze heures pour refaire encore et encore l'acte du péché interdit.

Et c'est ainsi que ces deux hommes qui se sont rencontrés par hasard dans un train ont fini par se marier, adopté un petit garçon et ont vieilli ensemble jusqu'à la fin de leur vie.

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À suivre...

LES LETTRES DE L'ALPHABET **Where stories live. Discover now