chapitre onze

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Ambre n'entend qu'un bruit de verre brisé dans ce silence glacial

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Ambre n'entend qu'un bruit de verre brisé dans ce silence glacial. Elle tressaille et elle ne peut quitter le regard de sa grande sœur, alors que des entailles se forment sur son cœur et le lacèrent.

- L'assiette m'a échappée des mains... je suis désolé...

Les balbutiements de Charles raisonnent et il ne parvient même pas à terminer sa phrase, probablement aussi brisé qu'Ambre par ces aveux. Les lèvres tremblantes, Ambre ne parvient pas à lâcher les yeux meurtris de son aînée.

Et elle sait qu'Améthyste n'a jamais rien dit pour la protéger. Ambre a ce goût amer de voir son innocence partir en fumée, celle qu'elle avait gardé avec tant de facilité à cause d'une défaillance de sa mémoire.

Son visage se tord en un rictus douloureux tandis qu'elle retient difficilement ses larmes face à l'inconnu frappant de pleine face, et Ambre n'est pas sûre de s'en relever cette fois-ci.

Elle a bien trop de questions.

Des milliers d'interrogations.

Pourtant aucun mot ne s'échappe de ses lèvres pincées. Elle les contient derrière une muraille de molaires serrées, ça lui fait mal aux dents qu'elle serre avec brutalité jusqu'à les entendre grincer.

- J'ai jamais rien dit à personne parce que je savais pas. Je savais pas que c'était anormal, avoue Améthyste. Je pensais que tous les papas faisaient ça, je pensais que c'était sa façon de me montrer qu'il m'aimait et quand il est parti...

Ame toussote pour empêcher à sa voix de ne pas partir de traviole. Ambre l'écoute, suspendue à ses lèvres, n'étant qu'une simple spectatrice de la scène.

- J'ai voulu qu'il revienne en centre, j'avais ma valise prête, Ambre. Je voulais qu'il revienne durant tout ce temps. C'est le premier soir où on a dormi ici que j'ai compris que c'était pas normal. J'ai vu Ludo nous souhaiter bonne nuit dans l'encadrement de la porte et j'ai attendu que tu rentres dans la pièce, t'es jamais rentré pour faire comme mon père, finit-elle en écorchant le dernier mot. Et j'ai compris et j'ai plus jamais voulu le revoir depuis cet instant-là.

Ambre n'entend que les sanglots déchirants de ses parents impuissants face à ses révélations brutales. Et la jeune métisse ne se sent plus bien, elle craint de flancher.

Peut-être a-t-elle vu ?

Peut-être a-t-elle entendu ?

Peut-être que son enfance ne se résume qu'à des doutes, des questionnements sans fin.

Et si. Si, il avait fait la même chose.

Et qu'Ambre ne s'en souvienne pas.

Sa main se resserre sur ce maudit papier et Ambre ne ressent que de l'amertume pour cette illusion qu'elle s'était forgée, montée de toute pièce à propos de son père. Elle l'idolâtre depuis tout ce temps, plongée dans l'ignorance de la vérité, de sa propre existence.

- Je t'ai jamais rien dit parce que c'était ton héros, Ambre. Mais je pensais que t'avais respecté mon choix, celui de ne plus jamais le revoir.

Un coup de couteau s'enfonce quelque part dans sa potrine. Elle agonise lentement sous l'effet de la culpabilité d'imaginer ce que sa sœur a pu subir sous ses yeux. Et ce qu'elle a du éprouver en le revoyant. Ces simples pensées l'achevent un peu plus, un autre coup sous son plexus.

- Ma chérie...

- Vous avez fait ce qu'il fallait, les rendez-vous chez la psy mais j'ai jamais rien dit parce que j'avais honte, maman.

Ambre bloque sous ce dernier mot prononcé par sa sœur. Elle ne l'a jamais entendu auparavant et elle comprend désormais que ce mot était dépourvu de sens aux yeux de son aînée, alors qu'elle n'a été que négligée dans son enfance.

Ambre ne saurait se souvenir de la sienne, c'est comme si qu'elle n'en avait jamais eu une. Voilà pourquoi, elle a pu si facilement prononcer ces mots et leur donner du sens et de l'importance.

Ambre observe sa sœur partir de la pièce pour s'absenter. Et pour la première fois, Ambre ne lui en veut pas de tourner les talons.

Ses yeux se reposent sur le monégasque, son visage est peiné quand il observe la jeune métisse comme s'il savait ce qu'il se passe dans sa tête.

Les milliers d'interrogations.

Et il s'éclipse à son tour pour rejoindre Améthyste, ne laissant qu'Ambre et ses parents dévastés, qui ne peuvent parler par la triste réalité qu'ils viennent déprendre sur leur fille aînée.

Ambre déglutit difficilement en leur jetant un dernier coup d'œil. Elle ne sait pas quoi ajouter, devrait-elle s'excuser de n'avoir rien vu ? de n'avoir rien su ? Elle est perdue.

Et elle quitte la maison aussitôt, son regard s'arrête sur sa sœur et Charles. Ils sont appuyés contre la carrosserie d'une Ferrari et seuls les sanglots du monégasque parviennent aux oreilles de la métisse qui s'empresse de s'engouffrer dans sa voiture.

Elle ne veut pas les voir.

Elle ne veut pas savoir.

Ses yeux sont embués de larmes et troublent sa vision tandis qu'elle conduit jusqu'à son appartement. Ses jambes tremblent quand elle monte les escaliers. Elle s'avance aussitôt vers la cuisine, attrapant une bière qu'elle s'empresse de dégoupiller alors que le pilote se tient dans l'encadrement de la chambre, l'observant de ses yeux bleus consternés.

Ambre se sent acculée face à la vérité quand elle sort ce bout de papier corné qu'elle s'empresse de poser sur le comptoir, avant de s'effondrer au sol, brisée. Les premiers sanglots s'échappent de sa gorge et elle boit immédiatement une gorgée d'alcool, s'étouffant presque à moitié puisque celle-ci passe de travers dans sa trachée.

- Il... Il l'a... tou...

Ambre ne parvient même plus à articuler devant Pierre désormais accroupi face à elle. La jeune métisse se perd dans son regard bleu à la même hauteur que le sien.

Un naufrage.

Et ses bras se resserrent instinctivement autour de ses épaules musclées, comme pour s'empêcher de se noyer lorsque ses émotions l'envahissant brutalement lors de son aveux :

- Il l'a touchée... ma sœur... j'ai oublié...

Pierre comprend aussitôt. Il attire simplement la métisse contre son torse et il regrette d'avoir plaisanté quand il a dit qu'elle aurait des choses à raconter plus tôt dans la matinée.

Il ne pouvait imaginer.

Personne ne le peut.

Personne ne le peut

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DÉPENDANCE » Pierre Gasly ✓Wo Geschichten leben. Entdecke jetzt